Etres vivants, les arbres nous regardent. Ils sont divers et semblables, debout et fiers, ils résistent. Il est des pays où abattre un arbre est puni par plusieurs années de prison.
Les pays qui n’ont pas su prendre soin de leurs forêts, l’ont amèrement regretté. Voyez Haïti, un pays où peu d’arbres ont survécu. Ils n’étaient pas malades, mais les hommes les abattaient pour en faire du bois servant à cuire la nourriture.
Une ville comme Jacmel qui a été belle, fleurie, florissante, est aujourd’hui d’une immense tristesse. Plus aucun arbre sur son sol. Elle ressemble à une tête ravagée par la teigne. Il en est ainsi dans le reste du pays.
Par un curieux hasard, le pays n’a pas été épargné par des catastrophes naturelles (tremblement de terre, ouragans) ajoutées à des régimes dictatoriaux, corrompus, pourris et sans espoir.
Il faut voir ce pays qui est devenu le bidonville du monde. Plus aucune sécurité, pas trace de civilisation.
Si j’évoque Haïti, c’est pour attirer votre attention sur l’immense respect que nous devons à nos forêts. Si nous continuons à ne pas protéger nos arbres, à ne pas les aimer, à ne pas les nourrir et à les célébrer, nous irons directement vers le chaos. Car il en va de l’arbre comme du reste des valeurs qui sont la base d’une société.
Chaque été, des forêts flambent, parfois à cause de la canicule, parfois, hélas à cause de la négligence des hommes ou pire à cause de certains malades de pyromanie.
Je me souviens de l’époque où, au début de l’année scolaire, on nous emmenait en dehors de la ville pour planter chacun un arbre. Geste symbolique, leçon d’écologie avant que ce thème ne devienne une préoccupation politique, initiative pédagogique pleine d’enseignement et de sagesse.
Pourquoi ne pas reprendre ce genre d’activité une fois par an? Je suis sûr que les élèves du primaire seront heureux de planter avec leurs mains un arbre qui pourra vivre plus de cent ans.
Etres vivants, les arbres ne se laissent pas faire. Ainsi, des arbustes à la portée de brebis, se font manger leurs bourgeons, ce qui coupe leur développement.
Intelligents, les arbustes ont commencé à secréter un liquide tellement amer que la brebis qui l’avale ne revient plus. Ce fut ainsi que ces petits arbres se sont défendus contre des animaux mal éduqués.
Etres vivants, ils communiquent entre eux. Ils résistent contre les tempêtes et tiennent à rester debout malgré les rafales de vent violent. Car un arbre doit être debout ou, s’il se penche, il renonce à la station verticale, il se laisse aller à la dérive.
Ils respirent, nous protègent, nous donnent l’oxygène dont nous avons besoin et en plus, par leur majesté et leur prestance, ils composent des forêts qui sont des œuvres d’art qui nous font aimer la nature.
Alors, si l’envie vous prend un jour d’aller pique-niquer dans une clairière, au seuil d’une de nos forêts, sachez que vous êtes en un lieu quasiment sacré. Saluez les arbres en arrivant, penchez-vous en avant et dites-leur que vous les aimez. Ils vous entendent et si quelques branches font trembler leurs feuilles, sachez que c’est leur façon de vous remercier.
Il existe un arbre touffu, dont les branches bougent tout le temps, jour et nuit. On l’appelle «l’arbre Parkinson» du nom de cette maladie neurologique horrible qui attaque le cerveau et fait trembler les mains. Sauf que cet arbre ne mérite pas un nom de maladie. Car il est beau à voir, à contempler. Ses feuilles petites, d’un vert très vif, vibrent. Elles disent le mouvement de la vie.
J’ai rendu visite, dans le désert de Bahreïn, à un arbre au milieu de nulle part, aux feuilles vertes toute l’année. Cet arbre, peut-être un acacia, est un miracle de la nature. Il n’est irrigué que par les très rares pluies, et se maintient là depuis des décennies, tranquille, paisible, ses branches touchant le sable, et son ombre est des plus douces. On lui rend visite comme on le ferait pour un saint. Cet arbre miraculeux est une bénédiction. A lui seul, isolé dans le désert, il témoigne de la beauté de la nature et de son éternité.
Je n’ai pas entendu nos hommes politiques parler du respect de l’environnement. Il me semble que le souci écologique et le sauvetage de la biodiversité ne font pas partie des préoccupations de ceux qui vont exercer le pouvoir. A eux de me démontrer que je me trompe et qu’ils s’engagent à participer à notre niveau à la survie de la planète.