Chute et fin

Famille Ben Jelloun

ChroniqueJ’arrive un peu en retard pour dire ma satisfaction de voir les «islamistes» dégagés par le peuple. Mais je tiens à apporter ma part dans ce constat et avouer que l’espoir renaît pour une meilleure gouvernance du pays, même s’il faut rester vigilant.

Le 13/09/2021 à 11h02

Le peuple marocain est formidable. Même si la moitié des inscrits ne se sont pas déplacés pour voter le 8 septembre, l’autre moitié a fait son devoir démocratiquement et a donné une leçon magistrale à ceux qui ont cru qu’en s’adossant à l’islam, ils pourraient gouverner et tromper la population.

Il faut respecter la religion et ne pas l’utiliser à des fins politiciennes. Le peuple n’est pas dupe. Durant ces années Benkirane puis El Othmani, ceux qu’on appelle «les islamistes» ont montré leur incapacité à gérer un pays, ils ont fait preuve d’incompétence dans plusieurs domaines. Leur discours n’a convaincu personne, surtout celles et ceux qui leur avaient fait confiance et avaient voté pour eux.

Ni la corruption, ni les injustices, ni l’état de la santé et surtout la question de l’éducation n’ont été traités.

Heureusement que le Souverain veille et qu’il donne ses instructions pour que le pays fonctionne de manière objective, scientifique et sans idéologie bavarde et hypocrite.

A présent, la preuve a été largement faite pour que ceux qui prônent l’islam comme idéologie de gouvernance, se trompent et devraient tirer les leçons de leur échec cuisant. L’islam est une source de spiritualité supérieure aux pratiques prétentieuses de ceux qui s’en servent comme une échelle pour parvenir au pouvoir.

La politique et le religieux ne sont pas faits pour être ensemble. Ainsi, l’exemple de la Démocratie chrétienne en Italie durant les années quatre-vingt. Très tôt ce ménage a fait faillite, car les liens entre la DC et la Mafia se sont révélés en plein jour. Des hommes politiques de ce parti ont été abattus par la Mafia parce qu’ils n’avaient pas tenu leur parole face au crime organisé. La Mafia les avait aidés à atteindre le pouvoir. Leur chrétienté avait été souillée par ces pratiques indignes. Depuis, plus aucun parti italien ne s’est servi du catholicisme pour gagner des élections.

Evidemment, les islamistes n’ont rien à voir avec la Mafia, mais leur inefficacité, leur hypocrisie, leurs prétentions, leurs ambitions personnelles ont fini par les mettre hors-jeu.

A présent, ils ont tout le temps pour réfléchir et pour laisser l’islam, ses valeurs, son Esprit, en paix. Par ailleurs, la victoire des Talibans en Afghanistan, a certainement joué dans le fait de se détourner des islamistes.

Cela étant, ceux qui sont appelés à leur succéder devraient eux aussi analyser les raisons de l’échec du PJD. Ne pas faire les mêmes erreurs. Mettre l’intérêt national au-dessus de tout. Ne pas être là pour s’enrichir. Ne pas profiter de sa position pour se servir et donner l’exemple en entamant une lutte sans merci contre toutes les formes de corruption.

La corruption est le mal absolu qui mine la santé de notre pays. C’est l’affaire de tous. Mais les gouvernants doivent, les premiers, tout entreprendre en vue d’éradiquer ce fléau, ce que les précédents gouvernements n’ont pas réussi à faire.

Les futurs ministres, ainsi que les élus, devraient déclarer l’état précis de leurs avoirs. Une fois leur mission achevée, des contrôleurs examineront le nouvel état de leur fortune. Autrement dit, aucun enrichissement personnel ne sera admis.

Ce pays a été assez exploité, ses richesses parfois détournées par des politiciens bien placés et surtout jouissant de protection qui leur permet ce genre de pratiques. Le peuple sait tout cela. Vous n’avez qu’à écouter les commentaires sur les réseaux sociaux sur l’absence d’éthique de la plupart des politiciens. On ne peut plus cacher certaines vérités. Tout se sait et tout est à dénoncer. Une jeunesse dynamique s’est réveillée et a su utiliser les réseaux sociaux pour inciter un maximum de personnes à aller voter et surtout à faire échec à ceux qui ont brillé par leur incompétence.

La probité, l’intégrité morale, la rectitude éthique doivent être les qualités absolues de tout homme devant gérer les affaires de ce pays. C’est ce que les discours du Souverain réclament aux hommes et aux femmes amenés à diriger les affaires du pays. La vigilance doit être de mise. La population n’en peut plus des injustices flagrantes. Elle réclame davantage de justice, de respect et de droits. Elle aspire à être bien soignée et que ses enfants puissent être éduqués dans l’école publique, une école réparée sur des bases saines, sérieuses, efficaces.

Par Tahar Ben Jelloun
Le 13/09/2021 à 11h02