Le président Macron, bien naïf, découvre depuis quelques jours qu’il n’y aura jamais de paix entre la France et l’Algérie. Il a cru bon de soutenir le nouveau président, M. Tebboune, élu avec 60% d’abstention, mais les bonnes paroles ont glissé sur le dos d’un chef d’Etat qui n’est que l’alibi civil d’une armée qui tient le pouvoir sans discontinuer depuis 1962. Tous les présidents qui l’avaient précédé, ont cru pouvoir réussir des relations normales avec l’Algérie. Ils ont tous déchanté. Aucun n’a pu faire baisser une tension permanente et contre-productive. L’Algérie officielle ne veut pas de relations normalisées. Elle tient au conflit, au ressentiment et à la culpabilisation.
Quelques jours avant la visite d’Etat du premier ministre français accompagné de plusieurs ministres, M. El Hachemi Djaaboub, ministre du travail, n’a rien trouvé de mieux que de déclarer que «la France est l’ennemi traditionnel et éternel de l’Algérie». Une façon de signifier à Jean Castex et à la délégation qui l’accompagne qu’ils sont indésirables.
Rancœur et haine sont à l’œuvre au sein de l’armée qui accuse «la France d’avoir massacré plus de la moitié de la population algérienne». (Voir Le Monde du 16-17 avril 2021).
Ainsi la France de Macron découvre avec stupeur ce dont sont capables les généraux qui tirent les ficelles du pouvoir derrière M. Tebboune. Elle a une petite idée de ce que le Maroc subit depuis presque un demi-siècle, tout en gardant son calme.
Rien n’est possible avec ces généraux. Ni la diplomatie, ni les intérêts financiers. Ils cultivent une haine rance contre une France qui fait tout pour apaiser les mémoires, comme ils provoquent quotidiennement le Maroc parce qu’il a réussi à damer le pion à une diplomatie faite de mauvaise foi et de mensonge.
Non, les généraux algériens, très majoritairement âgés entre 75 et 90 ans, ne renoncent pas à exploiter un passé douloureux tout en culpabilisant la France malgré sa bonne volonté d’apaisement.
Ainsi le rapport de Benjamin Stora sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie, remis le 20 janvier 2021 à Macron, a été considéré par le pouvoir algérien comme un «rapport franco-français». C’est à désespérer.
Le Maroc pourrait raconter à la France toutes les diverses manigances que ce pouvoir haï par le peuple entreprend sur la scène internationale afin d’empêcher la consolidation de son intégrité territoriale. Aucune négociation n’a été possible. Aucune main tendue n’a été accueillie. Aucune volonté d’ouvrir les frontières n’a été acceptée. Refus systématique. Insultes et diffamations en tous genres contre le Maroc et son peuple.
Tous les compromis avancés par le Maroc pour une solution politique et juste dans l’affaire du Sahara n’ont pu aboutir. Le lobby pro-algérien est dynamique. Il a essayé, en vain, de faire annuler par le nouveau président américain Joe Biden les accords d’Abraham où l’Amérique reconnaît la marocanité du Sahara. Des préparatifs à la guerre sont connus. Le Maroc a toujours tout fait pour éviter un affrontement avec soi-disant «un pays frère». Mais les généraux n’ont que faire de cette fraternité et d’un passé où le Maroc a tant fait pour le FLN et sa guerre de libération.
A mon humble avis, il est temps que la France réalise que l’Algérie s’érigera toujours en ennemi de sa politique. Le mieux à faire est qu’elle se libère de ce conflit permanent, un fardeau qui pèsera toujours très lourd et qu’elle suive l’exemple américain et reconnaisse la marocanité du Sahara. De toute façon, la France ne sera jamais considérée par le pouvoir des militaires comme une nation amie. Il a besoin d’un ennemi «traditionnel et éternel» –un véritable fonds de commerce– pour masquer ses magouilles que le courageux peuple algérien ne cesse de dénoncer dans des manifestations dignes et disciplinées, depuis plus de deux ans.