Cette information, par exemple, sur le soutien apporté par un Marocain à la campagne de l’énigmatique Emmanuel Macron. Né en 1977 au sein d’une famille de la bourgeoisie catholique nordiste mais lui-même intellectuellement proche du fameux philosophe existentialiste protestant, Paul Ricoeur (1913-2005), M. Macron, ancien financier de haut niveau à la Banque Rothschild (comme jadis le président Georges Pompidou, successeur à l’Elysée du général de Gaulle) fut aussi ministre du gouvernement hollando-socialiste. Néanmoins, il a déclaré qu’il n’était «pas socialiste» et il est allé jusqu’à regretter la décapitation du roi Louis XVI (1793), avant de condamner en Algérie la colonisation de ce pays par la France (1830-1962)… De quoi désarçonner plus d’un électeur…
Naissance au Maroc
Des responsables politiques de divers bords, de coûteuses «lettres confidentielles», et quelques bonnes langues parisiennes, tiennent que M. Macron, lors de son passage aux affaires financières, s’est lié avec Patrick Drahi, capitaliste international, né à Casablanca en 1963 et désigné récemment, dans un de ces classements universels dont raffolent les Nord-Américains, comme «la 57e fortune mondiale». En France, M. Drahi est surnommé «le champion des câblo-opérateurs» et il passe pour avoir commencé sa fulgurante ascension dans une modeste structure de Cavaillon (Vaucluse).
Lycée Lyautey
Une fortune récente réunie donc par ce fils d’une famille marocaine autochtone de la classe moyenne éduquée, qui ne quitta sa terre natale que lorsque le jeune Patrick eut 15 ans, après avoir été formé au Lycée Lyautey. Comme un certain nombre de lignées israélites du Maroc, les Drahi partirent alors pour la France, puis pour Israël, dont Patrick a le passeport, doublé d’une carte de résident suisse, avec des affaires immatriculées dans l’île anglo-normande de Guernesey, à Amsterdam, au Luxembourg, etc., etc. L’organigramme de «l’empire Drahi», publié par l’indiscret hebdo parisien Le Canard Enchaîné, en octobre 2015, en a impressionné plus d’un à la City londonienne, à Wall Street, à Paris et Casablanca. Le turbulent Arnaud Montebourg, franco-algérien et alors ministre socialiste, s’était publiquement alarmé des tentacules de l’énorme «fortune Drahi». Cela tomba à plat.
Une vingtaine de médias
Bien en vue dans cette prospère corbeille, une vingtaine d’influents titres de presse français qui ont mené sans relâche une fervente campagne pour le candidat Macron, de la chaîne de télévision BFM au quotidien Libération, de Radio Monte-Carlo à l’Express. A l’origine, spécialiste des télécoms, M. Drahi, aussi discret qu’austère ne prend guère la parole que pour dire son admiration du système social états-unien où les salariés n’ont droit qu’à deux semaines de congés payés (contre cinq en France) où bien pour confier qu’il passe tous ses weekends avec sa femme, une Syrienne chrétienne orthodoxe et leurs enfants.
Une France mal en point
Si les Français, le 7 mai, confirment les prévisions des sondages, en portant Emmanuel Macron à l’Elysée, le nouveau chef de l’Etat aura besoin plus que jamais de tout le soutien de la «presse Drahi» pour l’aider à essayer de sortir la France de l’ornière où elle est tombée peu à peu depuis plus de 10 ans, sous les présidences Sarkozy et Hollande: perte de près de 2 millions d’emplois industriels; richesse industrielle tombée à 12% du produit intérieur brut, contre 20% naguère; dette internationale abyssale représentant maintenant une année entière du revenu national; une armée de moins en moins bien équipée et piétinant dans sa lutte contre Daech, du Proche-Orient à l’Afrique noire via la France même; enfin, un peuple politiquement divisé et doutant de plus en plus de lui-même, de son histoire, de son avenir. Des Jeanne d’Arc ou des de Gaulle ne surgissent pas à chaque génération…