Le siècle vandale au Maghreb

L’Afrique réelle

ChroniqueNous ignorons où les Vandales débarquèrent. Peut-être le firent-ils dans la région de Ceuta ou dans celle de Tanger. Aucune trace archéologique de leur éventuel passage n’y a cependant été identifiée.

Le 26/04/2022 à 12h00

En 409, après avoir traversé la Gaule, la tribu germanique des Vandales se fixa dans le sud de l’Espagne où elle donna son nom à la région de l’Andalousie.

En 429, Genséric, le roi des Vandales, né vers 399 dans la région du lac Balaton dans l’actuelle Hongrie, décida de «passer» en Afrique avec pour objectif Carthage.

Nous ignorons où les Vandales débarquèrent. Peut-être le firent-ils dans la région de Ceuta ou dans celle de Tanger. Aucune trace archéologique de leur éventuel passage n’y a cependant été identifiée. Nous ne sommes pas davantage documentés sur la suite de leur progression vers l’Est. Nous commençons à y voir plus clair au printemps 430 quand leur présence est signalée dans la région de Guelma où ils défirent l’armée romaine commandée par le comte d’Afrique, Boniface, qui se retrancha dans les murs d’Hippo Regius (Annaba), avant de s’embarquer pour l’Italie, laissant l’Afrique aux envahisseurs.

En 435, Genséric était le maître d’une région allant de l’actuelle ville de Sétif jusqu’au centre de l’actuelle Tunisie, la Byzacène des Romains. Cette année-là, par le Traité d’Hippone, l’empereur Valentinien III (424-455) lui accorda le statut de fédéré avec le droit de s’installer dans les régions qu’il venait de conquérir en échange de sa promesse de ne pas aller au-delà.

Cependant, dès 439, passant outre ce traité, Genséric s’empara de Carthage, puis, en 442, il débarqua en Sicile. Acculé et impuissant, l’empereur reconnût alors le royaume vandale avec pour capitale Carthage, contre l’abandon de la Sicile. Ce traité partageait donc l’Afrique romaine entre l’Empire, ou du moins ce qui en restait, et Genseric qui voyait son pouvoir reconnu jusqu’à Oea (Tripoli).

En 455, après la mort de Valentinien III, Genséric se lança dans une nouvelle phase de conquêtes, s’emparant de la totalité de la Sitifensis, la région de Sétif, soit l’actuelle Algérie centrale, de la Corse, de la Sardaigne, des îles Baléares et d’une partie de la Sicile.

Dans un premier temps, certaines tribus berbères semblent s’être alliées aux Vandales. En 455, quand Genséric prit Rome, il comptait ainsi parmi ses troupes ceux que les Romains puis les Byzantins nommaient les Maures. Mais les rapports entre les Vandales et les Berbères des Aurès et du djebel Nefusa, changèrent de nature après 477, date de la mort de Genséric puisque Hunéric qui régna de 477 à 484, puis Gunthamund qui lui succéda, durent les combattre à plusieurs reprises.

Sous le règne de Thrasamund (496-523), les Vandales subirent une grave défaite en Tripolitaine, face à Cabaon. Durant les règnes d’Hildéric (523-530) et de Gélimer (530-534), plusieurs tribus berbères se soulevèrent, tant en Byzacène qu’en Tripolitaine.

Ce fut d’ailleurs la Tripolitaine qui fut la région plus fortement touchée par ces révoltes. Lepcis fut même prise par les Laguatan entre 527 et 533. Puis, en 533 et en 535, ce fut le tour de la Byzacène, cœur du royaume vandale, d’être menacée par les chefs berbères Cusina et Iaudas.

Plus généralement, une véritable «reconquête berbère» se produisit durant l’époque vandale et elle s’exerça dans plusieurs directions. Depuis le Sud tout d’abord avec, dès 520, la poussée des nomades chameliers de Tripolitaine, dont les Lawata de Cabaon qui pénétrèrent en Byzacène.

En 530, Gelimer (530-534), petit-fils de Genséric, renversa Hildéric (523-530) qui cherchait à se rapprocher de Byzance et, dès son accession au trône, il rompit avec cette dernière. Or, la déposition d’Hildéric, petit-fils de l’empereur Valentinien III, fut considérée par l’Empereur Justinien comme une déclaration de guerre. Hildéric était en effet le fils du roi Hunéric qui, comme nous l’avons vu, régna de 477 à 484, et d’Eudocia, fille de Valentinien III. Enlevée par Genséric lors de la prise et du pillage de Rome en 455, elle avait été donnée comme épouse à Hunéric. Prisonnier de Gélimer, Hunéric sera exécuté sur ordre de ce dernier à l’approche des troupes byzantines en 533.

Le contexte international de l'époque étant alors favorable à l’empereur Justinien, qui venait de signer un traité de paix avec les Perses, en 533, une armée forte de 16.000 hommes dont 5000 cavaliers et commandée par le général Bélisaire, le récent vainqueur des Perses, débarqua dans la région de Carthage. Le royaume vandale allait rapidement disparaître de l’histoire.

Par Bernard Lugan
Le 26/04/2022 à 12h00