Le Maroc et la géopolitique sahélienne

L’Afrique réelle

ChroniqueDans toute la région, la religion a encore renforcé le poids du Maroc. N’oublions pas que durant des décennies, à Gao et à Tombouctou, la prière du vendredi était dite au nom du sultan du Maroc. De plus, l’islamisation ouest sahélienne, du Sénégal au Niger, s’est faite depuis le Maroc.

Le 09/03/2021 à 11h00

De l'Afrique du Nord au monde sahélien, l'espace apparaît comme découpé en bandes nord-sud. L'histoire de la région s'est écrite le long de ces grands axes dans des phénomènes de longue durée qui constituent l'arrière-plan des actuelles crises régionales. En effet, le Sahara ne fut jamais une barrière, ses deux rives étant directement reliées par deux grands espaces de contact à savoir l’axe Maroc-Sahel occidental (Fès-Tombouctou), et l’axe Libye-Tchad (Tripoli-Abéché et Tripoli-Zinder-Kano).

Dans la partie nord-ouest de l'Afrique, les relations à travers le Sahara étaient traditionnellement axées sur le Maroc en raison de la profondeur historique et de la permanence de cet Etat. De fait, et nous l’avons déjà vu dans une précédente chronique, les liens entre le Maroc et l’Afrique sud saharienne remontent à la dynastie des Almoravides, qui, au XIe siècle, créèrent le Grand Maroc, lequel s'étendait du fleuve Sénégal jusqu'au centre de l’Espagne. Plus tard, sous la dynastie des Saadiens (1554-1650), le Maroc domina toute la région, boucle du Niger incluse.

Il est important de noter que l’axe central reliant Tombouctou à la Méditerranée fut irrégulièrement utilisé par les caravanes en raison de la présence des Touareg qui les rançonnaient. Les relations entre Tombouctou et le Maroc passaient donc de préférence plus à l’ouest, par Taoudeni, afin d’éviter le bloc touareg s’étendant du Hoggar aux Iforas. Sur cet axe, l’itinéraire le plus commode courait le long de la côte du Sahara marocain. Ici, sur quelques kilomètres vers l’intérieur, nous ne sommes en effet pas en présence d’un vrai désert car existent des cuvettes naturelles, les «grara», qui reçoivent un minimum d’humidité marine, offrant donc à longueur d’année un minimum de pâturages.

Avant les partages coloniaux, l’influence marocaine se manifestait dans toute la région s’étendant de Tanger à la vallée du fleuve Sénégal par la circulation d'une monnaie unique et par un même système de poids et de mesures. Economiquement, ces immensités étaient alors tournées vers le Maroc avec lequel elles constituaient un même monde tourné vers les marchés de Sijilmassa et de Marrakech au nord et ceux de la vallée du fleuve Sénégal et de la région de Tombouctou au sud.

Dans toute la région, la religion a encore renforcé le poids du Maroc. N’oublions pas que durant des décennies, à Gao et à Tombouctou, la prière du vendredi était dite au nom du sultan du Maroc. De plus, l’islamisation ouest sahélienne, du Sénégal au Niger, s’est faite depuis le Maroc et le long des axes du commerce qui viennent d’être mis en évidence. Cette islamisation s’est lentement développée, d’une part à travers les marabouts, spécialistes de l’enseignement et de la diffusion de l’islam, figures charismatiques porteuses de la baraka (bénédiction divine) et d’autre part à travers des soufis, érudits adeptes de la méditation et des pratiques mystiques (tassawuf).

Quant à la confrérie Tijani, la Tarika Tijania, qui rayonne sur tout le Sahel occidental, elle a ses racines à Fès où est enterré Ahmad Tijani, mort dans la ville le 19 septembre 1815. Dès ses origines, cette confrérie s’est mise sous la protection de la dynastie alaouite. Fès forme ainsi un pôle religieux essentiel pour des millions de Sénégalais et de Maliens pour lesquels le pèlerinage au mausolée du fondateur est au moins aussi important que celui de La Mecque.

Aujourd'hui, les liens religieux entre le Maroc et la région sont illustrés par la grande mosquée de Dakar construite par le Maroc, ainsi que par le programme de formation des imams maliens et guinéens. Le Maroc participe également à la rénovation de plusieurs dizaines de mosquées dans toute la région sahélo-soudanienne. Sans oublier naturellement que le roi du Maroc est Commandeur des Croyants, statut qui lui est reconnu bien au-delà des frontières du Maroc.

L’histoire explique donc pourquoi le Maroc, vecteur d'un islam enraciné dans les traditions locales, est un pôle de stabilité et un modèle face aux intrusions du jihadisme terroriste. Au point de vue sécuritaire, le jusqu’au-boutisme des dirigeants algériens au sujet du Sahara marocain interdit une politique régionale commune. D’où des conséquences sur l’ensemble du Sahel où les GAT (Groupes armés terroristes), dont certains issus du Polisario, s'engouffrent dans cette faille.

Par Bernard Lugan
Le 09/03/2021 à 11h00

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Le monde avance et l'Algérie n'a pas bouger avec sa politiques et ces ambitions militaire, et sa population hirak qui veut un changement, je dirais la bêtise de ce régime qui vas amener le pays faillites voilà de. constater

C'est grâce à ce grand professeur que je découvre l'histoire de notre pays . Hommage à ce grand chercheur qui travaille avec passion.

Maintenant que l'affaire dite "du Sahara" est bouclée, nous devrions organiser une nouvelle marche verte pour récupérer une autre partie de notre territoire dite "l'algérie". Ainsi nous pourrions sauver nos sœurs et frères qui y vivent.

la notion d"état n"a jamais existé dans les têtes des militaires algériens corrompus fascistes,cette absence d"organisation d"état fait que chaque caporal se nomme lui même général et ainsi,les anciens caids disparus sont remplacés par les généraux caids,d"où cette situation,et bien le départ catastrophique des autorités de la maman france ,la longue guerre a fait que les combattants sont devenus des caids prétendant être socialistes pour s"accaparer des richesses du pays pour leurs intérêts propres,ce manque de notion d"état responsable est devenu un complexe devant l"état millénaire du maroc,ces caporaux généraux dépensent des centaines de milliards de dollars pour soutenir leur valetsario,ces caporaux cherchent à affaiblir le maroc hors de leur portée!

magnifique comme d'abitude d'entendre le prof. Lugan. Ca met du bon humeur d'entendre les notre bonne hystoire; comme toujours a l'ouest on a un espace stable et sure et prospere. en revanche comme dans le passè a l'est du Royaum Cherifien s'est la "siba". ca a ete toujours comme ca est le present nous le confirme encore une fois. l'Hystoire "ad continum repetita" (le Grand Royaum Cherifien est en train de revenir; et ca on le vois chaque jour qui passe)

Les routes naturelles halal authentiques reprennent loin des cancers franco-ottomans harki

Ce Bernard Logan, le pied noir d'extrême droite, le nostalgique de la colonisation et antimusulmans

Mes compatriotes ont bien répondu et vos basses manoeuvres nous font bien rire. Qui plus est, au Maroc, JAMAIS le terme pied noir n'est utilisé (car souvent dites de manière insultante), c'est un vocable que l'on trouve en algerie. Gardez donc vos viles paroles pour vous, nous, nous continuons et continuerons d'avancer, fort de notre histoire, de nos identités, de nos amitiés et surtout de notre travail !!

Bonsoir Monsieur Khalil. Monsieur le Professeur Bernard Lugan est un chercheur passionné, compétent et pédagogue. Il a la gentillesse et l'élégance de nous faire profiter de ses travaux sur l'histoire de notre pays. Je voudrais à cette occasion lui faire part de ma profonde reconnaissance. Cordialement.

Pied noir est un lexique Algérien et vous en payez le prix encore aujourd'hui.Nos juifs et nos Chrétiens parlent pour nous, nous respectent comme nous les respectons, nous n'avons aucun complexe avec eux et n'ont aucun complexe avec nous : ils sont autant Marocains que nous le sommes et ce sont des Vrais Patriotes.Vos assertions n'ont aucun fondement si ce n'est la rage car cet Historien internationalement connu pour ses travaux vous connait mieux que vous ne vous connaissez vous-memes.Allez apprendre de Lui, vous commencerez a aller Mieux.Pitoyable !

@Khalil J'imagine que tu es algérien. Ce que présente M. Lugan ce sont das faits. Si tu l'accuses remet en cause ces faits. Sinon passe ton chemin. Lui il ne s'est pas mis en avant.

On te comprend monsieur l'algérien

A dire vrai, ce Bernard Logan est un chevroné defenseur des droits du Royaume du Maroc à travers plus de deux decenies. Le califier de nostalgique de la colonisation et antimusulmans, reviens à mon avis de méconnaissance de cet homme. Plusieurs historiens marocains n'ont pas fouiné profondément dans les anales de l'histoire du Royaume chérifien comme il l'a fait. Lire ses livres sur le Maroc peut éclaircir certaines ambiguités sur sa personne et le respect qu'il entretien envers le Royaume du Maroc. Amicalement.

Bernard Lugan n'est ni nostalgique de la colonisation, ni de l'extrême droite, ni antimusulman, simplement un grand historien passionné par son métier.

Heureusement qu'il y a des français (tabarak allal 3lihoum) qui nous rappelle l'histoire du Maroc et qui défendent ce qui nous appartient. La majorité des intellectuels marocains : costume cravate -villa - grosse berline, qui n'ont rien à foutre de leurs pays tout n'est pas de leurs ressort et tout ne les regarde pas. Ils doivent même se moquer des patriotes et des chauvinistes.

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