Une fois encore, la longue durée, et le cas présent, la très longue durée, permet de remettre les faits en perspective afin de prendre du recul par rapport aux réactions contemporaines. La paléoclimatologie, la climatologie tropicaliste, l’archéologie et l’histoire reconnaissent ainsi toutes quatre que, par le passé, et depuis des centaines de milliers d’années, le climat africain a profondément changé, avec parfois des variations considérables. Ainsi:
1- grâce aux «carottes» obtenues lors de forages continentaux et marins, les paléoclimatologues, ont montré que durant tout le Quaternaire, c’est-à-dire depuis 2,5 millions d’années, l’Afrique a connu des alternances de périodes froides et chaudes, sèches et humides… Il serait «étonnant» que les australopithèques, puis les premiers hominiens en aient été les responsables.
2-Les climatologues tropicalistes ont démontré que l’actuel réchauffement est un phénomène à la fois naturel –même si la suicidaire démographie sahélienne aggrave dramatiquement la désertification–, et de longue durée qui s’inscrit dans un cycle ayant débuté il y a 5 000 ans. Là encore sans responsabilité humaine.
3-Les archéologues nous apprennent que sur les quinze derniers millénaires, ce furent ces changements climatiques qui, du nord au sud et de l’est à l’ouest, conditionnèrent la mise en place des populations africaines.
4-Les historiens ont, à travers ces mêmes changements climatiques, identifié les grandes séquences de l’histoire du continent, chacune d’entre elles étant liée à une variation du climat, comme l’illustrent avec force les exemples de l’Egypte et de l’Afrique australe.
L’actuel processus de réchauffement saharo-sahélien a débuté il y a environ 5 000 ans, un cycle qui se prolonge aujourd’hui, entrecoupé de rémissions et de sécheresses.
Durant la période moderne, les principaux pics d’aridité dont nous avons connaissance se produisirent au XVIIe siècle, avec un sommet entre 1730 et 1750. De son côté, le XXe siècle a connu quatre grandes sécheresses entre 1909-1913, 1940-1944, 1969-1973 et 1983-1985. Puis, au cours des années soixante, une brève pluviométrie en augmentation fit remonter la zone sahélienne vers le nord, faisant ainsi reculer le désert.
Ensuite, à partir de 1972, la pluviométrie a recommencé à décroître et, par conséquent, le désert s’est étendu aux dépens du Sahel qui a peu à peu, et une nouvelle fois, glissé vers le sud, les isohyètes moyennes descendant de 100 à 150 kilomètres vers les zones soudaniennes. Voilà qui explique les sécheresses les plus récentes dont les conséquences sont naturellement aggravées par la pression démographique. La surcharge des pâturages, l’ébranchage, la destruction des boisements de tamaris transformés en bois de feu destiné à alimenter les fours des boulangers afin de nourrir une population à la démographie suicidaire, l’abandon des rotations trisannuelles traditionnelles. Tout cela entraîne un épuisement des sols, phénomène qui va aujourd’hui en s’accélérant. Mais l’actuel massacre du milieu africain par l’homme n’est pas en lui-même la cause du réchauffement de l’Afrique.
Le problème est que les observateurs confondent origine et influence, deux notions pourtant scientifiquement différentes.
L’homme n’étant à l’évidence pour rien dans ces changements climatiques anciens, quelles sont alors leurs causes? Nous allons le voir dans ma prochaine chronique.