Les ruelles animées, les places bondées et les plages fréquentées donnent l’illusion d’une ville en pleine effervescence estivale. Mais derrière cette façade, Agadir vit un été morose. Le tourisme, pourtant vital pour l’économie locale, peine à décoller. Professionnels du secteur et observateurs tirent la sonnette d’alarme: les visiteurs sont là, mais l’impact économique reste invisible. Et le manque d’animation culturelle ou festive accentue le malaise.
«La ville connaît un véritable ralentissement touristique malgré l’affluence visible sur les routes et dans les espaces publics», remarque Mounir Aït Boukdir, guide touristique à Agadir. «Ce flux ne profite pas réellement au secteur, car de nombreux visiteurs finissent par changer de destination, préférant d’autres villes marocaines ou même des pays européens et asiatiques», ajoute-t-il.
Les touristes étrangers présents en juillet, notamment des Portugais, des Polonais, des Britanniques et des Français, seraient également peu dépensiers, selon lui. Leur pouvoir d’achat limité réduit leur contribution à l’économie locale. Et surtout, leur séjour ne s’accompagne d’aucune offre d’animation digne de ce nom. «La ville manque cruellement d’activités parallèles pour occuper ces visiteurs et leur donner envie de rester plus longtemps», insiste Aït Boukdir.
Pour redonner vie à l’été dans la ville, le guide propose des solutions. «Il faut organiser des festivals, des expositions, des événements culturels... Il est temps de captiver les touristes, de leur offrir des moments mémorables pour qu’ils aient envie de revenir. Il faut surtout mettre en valeur notre identité locale, notre culture et notre patrimoine», partage le guide.
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Un avis partagé par Nour-eddine Hmimou, acteur civil, lui aussi engagé dans le secteur touristique. «Il y a certes un engouement certain pour Agadir, mais les efforts des autorités ne suivent pas», déclare-t-il. «On assiste à un démarrage estival fade, peu convaincant», poursuit-il, tout en rappelant que «l’été commence dès le mois de juillet à Agadir, pas seulement en août. Or, les activités programmées par la commune n’interviennent qu’à partir de ce dernier mois, ce qui est une erreur», déplore-t-il.
Pour illustrer ce manque de dynamisme, Hmimou cite plusieurs exemples: des fontaines flambant neuves qui restent inactives dans de nombreux espaces publics, sans qu’aucune explication ne soit fournie par le conseil communal. «C’est incompréhensible. Ces fontaines ajoutaient une touche de beauté à la ville, elles participaient à son attrait touristique», souligne-t-il. Il interroge également le sort des installations lumineuses qui ornaient autrefois le mur du Souk El Had, le mur de la mémoire dédié au séisme de 1960, ainsi que le bâtiment du palais municipal. «Tout cela contribuait à l’ambiance unique de la ville. Leur disparition est regrettable», conclut-il.








