Nichées dans les ruelles paisibles de Bhalil dans la région Fès-Meknès, les grottes du même nom ne se ressemblent pas: certaines sont profondes, d’autres étroites ou étonnamment vastes. Longtemps, elles n’ont pas été de simples cavités oubliées, mais un abri précieux pour les familles aux revenus modestes. Avec le temps, elles sont devenues le reflet d’une mémoire collective, que des initiatives locales tentent aujourd’hui de préserver et de valoriser.
Parmi ces acteurs, Thami Anjam a choisi de réhabiliter deux grottes familiales en maisons d’hôtes atypiques. Dans son projet, il a su marier la rudesse originelle de la pierre avec l’élégance des arts décoratifs marocains. «Mon objectif est de préserver ce patrimoine local et d’en faire une ressource touristique durable», déclare-t-il. «Les visiteurs apprécient le calme et le confort de ces grottes, fraîches en été et naturellement chaudes en hiver, ce qui leur offre une expérience bien différente des hôtels traditionnels», ajoute-t-il.
En pénétrant dans ces espaces, on perçoit immédiatement l’ambiance particulière: une fraîcheur douce en plein mois d’août, une chaleur enveloppante au cœur de l’hiver. Des tapis colorés recouvrent le sol, des lanternes en fer forgé diffusent une lumière tamisée, et chaque objet raconte une part de l’artisanat marocain. Tout concourt à faire oublier les standards froids et impersonnels de l’hôtellerie moderne.
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Mais le charme des grottes de Bhalil ne se limite pas à leur dimension esthétique ou touristique. Elles portent en elles une mémoire plus profonde. «Pendant la période de résistance, ces cavités servaient de refuge aux combattants, de cache pour les armes et de lieu de coordination contre le colonialisme», informe-t-il. Pour les habitants, cette valeur historique est une raison supplémentaire de préserver ce patrimoine fragile.
Aujourd’hui, le regain d’intérêt pour le tourisme des grottes (spéléotourisme) ouvre des perspectives inédites pour la région de Fès-Meknès. En conjuguant histoire, authenticité et nature, Bhalil enrichit l’offre touristique marocaine et attire un public en quête d’expériences singulières. Ce dynamisme contribue non seulement à renforcer l’attractivité de la région, mais aussi à stimuler l’économie locale et à créer de nouveaux emplois. «Ce patrimoine, s’il est préservé et valorisé, peut devenir un moteur de développement durable», conclut Thami Anjam.








