Elections FRMF : Qui est Fouzi Lekjaa?

Fouzi Lekjaa est le nouveau président de la FRMF.

Fouzi Lekjaa est le nouveau président de la FRMF. . DR

Très peu de personnes connaissaient, il y a à peine un an, le nom de Fouzi Lekjaa. Qui est cet homme propulsé pour prendre les rênes du sport le plus populaire au Maroc ?

Le 11/11/2013 à 16h23

L’image est parlante. Lors de l’Assemblée générale extraordinaire de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), organisée à Skhirat le 31 août dernier, le président sortant, Ali Fassi Fihri, a eu droit à une standing ovation. Toute l’assistance applaudit à l’exception de trois hommes qui ne font même pas semblant de claquer mollement des mains : Mohamed Boudrika, président du Raja, Fouzi Lekjaa, président de la Renaissance sportive de Berkane et Ilyas Omari, président d’honneur de Chebab Al Hoceima. Qu’est-ce qui peut bien rassembler les trois hommes qui refusent de claquer des mains pour Fassi Fihri ? Les mauvaises langues chercheront le point commun entre les trois hommes du côté du joueur Amine Erbate. Ce dernier a lâché une bombe en avouant avoir joué les intermédiaires dans la tentative d’achat de matchs pour le Raja. Et justement, il cite parmi les joueurs des clubs qu’il a essayé de "soudoyer", ceux de la RS de Berkane et du Chebab Al Hoceima. Ce jour-là, les trois hommes étaient rassemblés par un objectif commun : prendre le pouvoir à la FRMF, en succédant au président sortant qu’ils s’abstiennent d’applaudir. Le candidat pour ce poste est un inconnu dans le milieu sportif. Très peu de personnes connaissaient, il y a à peine un an, le nom de Fouzi Lekjaa. Qui est cet homme propulsé pour prendre les rênes du sport le plus populaire au Maroc ?

Faouzi Lekjaa est né à Berkane en 1970. Lauréat de l’école nationale d’administration de Rabat, il occupe depuis 2010 le poste de directeur du budget au ministère de l’Economie et des Finances. Son fait d’arme sportif ? Avoir réalisé l’exploit de hisser la RS de Berkane de la deuxième à la première division. Ses défenseurs mettent en avant ses compétences dans le monde des finances et ses capacités de gestionnaire. L’intéressé parle dans un entretien avec le quotidien Assabah de sa détermination à trouver des fonds pour investir au moins 600 millions de dirhams dans le domaine footballistique, en vue d’atteindre « le vrai professionnalisme ». Il dit compter sur le ministère de l’Economie et des Finances, le ministère de la Jeunesse et des Sports et les collectivités territoriales pour trouver cette manne financière.

Une lourde ardoise

L’image d’Épinal du gestionnaire Lekjaa est quelque peu noircie par le poids de la dette de la RS de Berkane et les doléances de joueurs qui affirment attendre toujours le règlement de leur dû. Parmi les joueurs qui n’ont pas perçu leurs indemnités, figurent Ibrahim Largo et Ahmed Atlassi qui ont rejoint l’Olympique de Khouribga, ainsi que Mohamed Amine Nejmi qui a rejoint l’équipe des FAR. D’autres, comme Hamada Louali Alami et Youssef Benmouih, ont reçu des chèques sans provision et il leur a été demandé de ne pas les déposer avant d’approvisionner les caisses du club. Le quotidien Annass précise de surcroît, dans son édition du mardi 22 octobre, que l’entraîneur adjoint de la RS de Berkane ainsi que les joueurs Ayoub Lkiraoui et Hamza Laflihi se sont saisis de la commission des litiges dépendant de la FRMF pour récupérer les sommes dont la RS de Berkane leur est redevable. Le nombre de joueurs impayés porte légitimement à se poser des questions sur les compétences de gestionnaire de Lekjaa et ses capacités à lever des fonds.

Mais Lekjaa vit sur un nuage. Et il sait qu’en politique les promesses mènent à tout, sauf à l’obligation de les réaliser. Les soutiens dont il dispose lui donnent des ailes. En particulier, celui d’Ilyas Omari et de Mohamed Ouzzine, ministre de la Jeunesse et des Sports, qui jure ses grands dieux que le dîner en tête-à-tête avec Lekjaa à Agadir avait eu lieu avant qu’il ne sache qu’il allait se présenter à la présidence de la FRMF. Lekjaa croit en sa bonne étoile. Lui que peu de personnes connaissaient dans le monde sportif, il y a un an, donne aujourd’hui des entretiens fleuves dans les principaux quotidiens.

Son concurrent, Abdelilah Akram, ne permettra pas non plus de relever le niveau du football national. Les « dégage » inscrits sur les murs des quartiers de Casablanca sont autant de casseroles qu’il traîne après lui. « Trancher entre Lekjaa et Akram, c’est comme choisir entre deux mauvaises solutions », commente un fin connaisseur du football national. Akram a toutefois une seule circonstance atténuante : il n’est pas politique. Alors que la candidature de Lekjaa est une tentative de hold-up du champ politique sur le football. Et c’est la pire des choses qu’on peut lui souhaiter.

Par Abir Al Maghribi
Le 11/11/2013 à 16h23