En 2021, trois enfants ont été victimes de violences chaque jour. 961 cas de violences ont été recensés à l’égard des enfants cette année. Sur ce nombre, on compte pas moins de 405 cas d’agressions sexuelles. Ce sont des chiffres alarmants publiés par l’hebdomadaire La Vie éco qui reprend, dans son édition du vendredi 18 février, des statistiques révélées par le professeur Ahmed Belhouss, fondateur de la Société marocaine de médecine légale, également enseignant de médecine légale à la faculté de médecine de Casablanca.
Selon la même source, poursuit l’hebdomadaire, les abus sexuels sont «un véritable fléau». Pour preuve, les dernières statistiques du ministère de la Justice font état de 7.263 affaires de violences contre les enfants qui ont été traitées par les tribunaux en 2018, dont 2.500 agressions sexuelles contre des mineurs. Ce qui, d’après le professeur Belhouss, prouve que «les abus sexuels figurent au premier rang dans le classement des violences à l’égard des enfants».
L’hebdomadaire relève, par ailleurs, que le Maroc ne fait pas exception. Le phénomène des abus sexuels contre les enfants mineurs est très répandu à travers le monde d’après les enquêtes réalisées par différents organismes indépendants, notamment occidentaux. L’hebdomadaire relève, en ce sens, qu’une fille sur huit et qu’un garçon sur dix dans le monde sont victimes d’abus sexuels avant l’âge de 18 ans.
Abordant le coté médico-légal de la constatation d’un viol sur mineur, l’hebdomadaire souligne que l’agression sexuelle est «une urgence médico-légale qui nécessite la constatation des lésions cliniques récentes avant leur cicatrisation». Elle nécessite aussi la réalisation des prélèvements médicaux (biologie, toxique...) et médico-légaux (empreintes génétiques, recherche de spermatozoïdes...).
Lorsqu’il s’agit d’une agression sur une fille, précise le journal, une procédure spécifique est mise en marche. Ainsi, explique-t-il, citant le Dr Belhouss, le constat de viol est suivi immédiatement par la mise en route d’une contraception d’urgence pour les filles adolescentes. Le processus de prise en charge des victimes comprend également l’enclenchement d’un traitement prophylactique des infections sexuellement transmissibles, bactériennes et virales.
Pour le professeur Belhouss, également praticien au CHU Ibn Rochd, la prise en charge des enfants victimes d’agressions sexuelles «doit être multidisciplinaire. Elle nécessite une bonne collaboration et coordination entre les services sociaux, les services de la gendarmerie royale et de la police, la justice, les instances d’enseignement et d’éducation et le corps médical, en particulier les médecins légistes, les pédopsychiatres, les gynécologues et les pédiatres».