Dans un rapport consacré aux conséquences physiques, mentales et sociales de l’utilisation excessive du numérique par les enfants, et publié ce jeudi 30 janvier, le Conseil économique social et environnemental (CESE) estime que les outils digitaux favorisent l’émancipation des plus jeunes, mais met en garde contre les risques que pose leur utilisation excessive pour l’enfant, la famille et la société en général.
Dans son avis, le Conseil préconise de réviser le cadre juridique relatif à cette question, et notamment de «fixer l’âge légal d’accès aux réseaux sociaux avec des mesures restrictives pour les plateformes, telles que l’obligation d’enregistrement des utilisateurs avec le consentement des parents».
Le CESE rappelle que cette suggestion a été avancée dans le cadre d’un projet de loi proposé par le Parti du progrès et du socialisme (PPS, opposition) pour fixer à 16 ans l’âge légal d’accès au numérique. Et de souligner la nécessité «d’harmoniser le cadre juridique national avec les normes internationales relatives aux droits de l’enfant, notamment en ce qui concerne la définition des crimes commis sur Internet». «Il faudra également clarifier les responsabilités des entreprises technologiques et des opérateurs des télécoms», poursuit le Conseil, et «établir des protocoles clairs et rapides pour signaler les contenus inappropriés ou nuisibles, comme le harcèlement en ligne et les contenus violents».
Faiblesse des mécanismes juridiques
Dans le même registre, l’institution présidée par Ahmed Réda Chami recommande «l’utilisation des outils de l’intelligence artificielle pour détecter de manière proactive les contenus inappropriés et analyser les comportements à risque des utilisateurs». Le CESE suggère également «l’intégration de l’éducation numérique dans les programmes scolaires dès le plus jeune âge, en mettant l’accent sur le développement des compétences et de la pensée critique de l’information», et appelle à «l’organisation de campagnes d’information au profit des familles et des utilisateurs sur les risques associés aux réseaux sociaux».
Se penchant sur la popularité au Maroc des réseaux sociaux, tels que Facebook, Instagram ou TikTok, le Conseil a révélé qu’en ce début 2025, «environ 9 personnes sur 10 utilisent ces plateformes, et 97% des enfants de moins de 18 ans y ont accès».
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De nombreuses études ont confirmé, selon le CESE, que «l’utilisation excessive et inappropriée de ces technologies et plateformes numériques a des effets négatifs sur la santé mentale et physique des enfants, entraînant des comportements addictifs entraînant violence, anxiété, isolement, automutilations, troubles du sommeil, dépression, et parfois des tentatives de suicide». Ces risques «sont exacerbés par l’absence ou la faiblesse des mécanismes juridiques adaptés à la protection des enfants dans un environnement numérique», ajoute le Conseil.
Précisant que ce défi «affecte de nombreux pays, y compris le Maroc», le CESE relève que les législations internationales et nationales actuelles ne suffisent pas pour faire face aux risques des utilisations numériques excessives par les enfants, y compris leur «exposition à l’exploitation sexuelle, au harcèlement en ligne et à la violence».
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Le Conseil note aussi que dans le cadre de l’élaboration de son avis, un sondage a indiqué qu’environ «58% des participants estiment que les réseaux sociaux ne sont pas bénéfiques aux enfants», et 69% expriment leur «inquiétude» concernant l’utilisation de ces plateformes par les enfants.
La plupart des sondés signalent que les réseaux sociaux représentent un grand danger pour les enfants de moins de 12 ans, alors que 60% des participants disent avoir observé ou entendu parler d’au moins un cas de violence psychologique ou physique envers un enfant lié à l’environnement numérique. Enfin, 88% des participants soulignent l’importance d’intégrer l’éducation numérique dans les programmes scolaires, afin de prévenir les risques liés aux réseaux sociaux à long terme.
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