Vidéo. Réforme de la médecine: l’ordre des médecins dit oui à la proposition de Lekjaa, mais pose des conditions

Le Dr Mohammadin Boubekri, président de l'ordre des médecins.

Le Dr Mohammadin Boubekri, président de l'ordre des médecins. . Adil Gadrouz / Le360

Le 13/12/2021 à 14h36

VidéoL’idée de Fouzi Lekjaa, ministre délégué au Budget, selon laquelle les médecins du secteur public seraient rémunérés à l’avenir à l’acte, continue d’alimenter la polémique chez les praticiens du public et du privé. Le conseil national de l’ordre des médecins vient de se prononcer en faveur de cette proposition, en posant des conditions préalables.

«L’idée de Lekjaa est intéressante, mais avant tout il faut d’abord réviser les tarifications et les montants des prestations pour qu’ils soient adaptés entre les secteur public et privé», a affirmé le président du conseil national de l’ordre des médecins, e Dr Mohammadin Boubekri, dans un entretien avec Le360.

«Cette vision, pour être réalisable, doit passer par le changement de la tarification dans les hôpitaux publics et les cliniques et si on ne change pas la tarification, on ne peut pas parler de rémunération selon l‘acte», a martelé Mohammadin Boubekri estimant qu’il n’y aura «pas de primes à l’acte sans une profonde réforme du statut de base des médecins du public notamment «en ce qui concerne l’indice des salaires».

Le président du Conseil trace une ligne rouge avec la proposition de Fouzi Lekjaa en affirmant: «si on veut réussir jusqu’au bout le débat lancé par le ministre, il faut absolument adopter chez nous le système canadien où il y a une assurance maladie au profit du secteur libéral (privé), un partenariat entre les secteurs public/privé et une aide (financière) en faveur du secteur libéral dans les zones enclavées».

Pour Mohammadin Boubekri, l’idée de Fouzi Lekjaa reste jusqu’à présent au stade seulement d’une idée dans l’air. «Il n’a pas de projet concret soumis soit au gouvernement soit à une commission officielle», a-t-il assuré. A la question de savoir pourquoi on assiste à un abandon de postes dans les hôpitaux par les médecins, le président du Conseil a dit préférer parler «d’hémorragie au lieu de déserte».

«Il faut changer la tarification des prestations, car les médecins du public et du privé ne sont pas à l’aise». Selon lui, le Maroc compte actuellement «plus de 7.000 médecins marocains établis en France et plus de 14.000 autres au niveau de la diaspora à l’étranger. Ils émigrent parce qu’il y a une vraie stabilité matérielle et une vraie opportunité de formation continue». Au Maroc, a-t-il ajouté, «la santé est un service public, qu’elle soit privée ou publique, il faut la motiver par des aides et des financements».

Suite à une question sur le projet de loi autorisant les médecins étrangers à exercer au Maroc, Mohammadin Boubekri a affirmé que seuls 50 médecins étrangers ont pu bénéficier de ce texte dont la mise en œuvre est gérée par une commission regroupant plusieurs secteurs. Pour rappel, lors de la discussion du projet de loi des finances 2022, Fouzi Lekjaa, avait donné un avant-goût de la réforme du système de Santé, dont l’un des piliers est la valorisation des ressources humaines. 

Répondant aux parlementaires qui réclament une hausse des salaires des médecins du publics, Lekjaa a d’abord reconnu que le salaire de 7.000 dirhams par mois pour un médecin au Maroc est «insuffisant», «bien que dans beaucoup de pays, ces salaires sont inférieurs à 800 dollars».

Toutefois, même en procédant à une revalorisation amenant les salaires à plus de 8.000 dirhams, cela reste un niveau de revenu insuffisant pour les médecins, a-t-il soutenu. Selon lui, cette problématique appelle une réponse beaucoup plus globale, qui doit s’inscrire dans le cadre d’une révision profonde de la fonction publique médicale, dont l’un des piliers sera le paiement des médecins à l’acte pratiqué.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Adil Gadrouz
Le 13/12/2021 à 14h36