Vague de froid et neige dans la région de Drâa-Tafilalet: quel impact sur les palmiers-dattiers?

La production de dattes soumise aux contraintes climatiques, dans la région de Drâa-Tafilalet.. MAP

Les chutes de neige et les fortes pluies qui se sont abattues depuis quelques jours dans la région de Drâa-Tafilalet étancheront la soif des oasis et auront un impact positif sur le rendement des palmiers-dattiers de la région, affirment des professionnels de la filière et des experts. Détails.

Le 26/02/2023 à 10h16

«C’est une bouffée d’oxygène», commente Mohamed Rachid Hamidi, vice-président de la Fédération interprofessionnelle marocaine des dattes, que Le360 a interrogé. Les dernières précipitations et chutes de neiges enregistrées dans la région de Drâa-Tafilalet viennent revigorer le moral des cultivateurs de palmiers-dattiers et redonner vie aux oasis de la région qui ont été fortement impactées par la sécheresse, affirme-t-il.

«Les cultivateurs de palmiers-dattiers sont optimistes et s’attendent à un bon rendement à la suite des fortes précipitations et chutes de neige enregistrées dans la région. Ces chutes rempliront les nappes phréatiques et les puits pour ensuite alimenter les oasis des palmiers-dattiers», indique ce professionnel de la filière.

En ce qui est de l’impact des chutes de neige sur les palmiers-dattiers, cet interlocuteur se veut rassurant: «Les chutes de neige ont couvert uniquement les oasis de Drâa. Les agriculteurs n’ont donc enregistré aucune perte causée par ces chutes de neige». Il tient à préciser que les palmiers-dattiers s’étendent sur les oasis de Drâa dans la province de Ouarzazate et de Tinghir, les oasis de Tafilalet sur les rives de l’Oued Ziz, les oasis de Zagora, ainsi que les extensions agricoles situées sur l’axe Meski-Boudnib, où 8.000 hectares de palmiers-dattiers sont déjà plantés.

Mais que disent les experts de l’impact des chutes de neige sur les palmiers-dattiers? Selon Brahim Elanbi, ingénieur agronome que Le360 a interrogé: «Actuellement, on ne peut pas parler d’un impact négatif sur les palmiers-dattiers du fait que la floraison de ces plantes ne commence qu’à partir d’avril».

L’expert poursuit: «À la suite de la vague de chaleur qui s’est abattue jusqu’à décembre dernier, les palmiers-dattiers ont été fortement impactés d’une part par la sécheresse, et d’autre part par la chaleur qui avait boosté le débourrement de ces plantes (le moment de l’année où la plante se développe et laisse apparaitre ses feuilles et ses bourgeons, NDLR). Ce débourrement avancé pourrait impacter négativement le rendement des palmiers-dattiers».

L’agronome voit dans ces chutes de neige une aubaine pour soigner les palmiers-dattiers. «Ces chutes de neige se sont abattues au bon moment puisqu’elles ont freiné ce débourrement. En temps ordinaire, le débourrement des palmiers-dattiers se produit au printemps et marque le début de la végétation. Ces chutes de pluie et de neige auront un impact positif sur le rendement de ces plantes», détaille-t-il.

Impact positif sur l’élevage et le remplissage des barrages

Ce point de vue semble partagé par Mohamed Taher Sraïri, enseignant-chercheur et professeur à l’Institut agronomique et vétérinaire (IAV) Hassan II de Rabat. Selon lui, «les chutes de pluie et de neige impactent positivement les palmiers-dattiers puisqu’elles rechargeront les nappes phréatiques qui irriguent les oasis. C’est un gain d’énergie pour les cultivateurs. Ainsi, l’amélioration du couvert végétal sera profitable surtout à l’élevage».

Par ailleurs, l’impact des récentes pluies s’est aussi ressenti sur le niveau des barrages de la région. Selon des données du ministère de l’Equipement et de l’eau, au 24 février 2023, le barrage de Mansour Eddahbi a atteint 121,1 millions de mètres cubes, soit un taux de remplissage de 27,2% contre 102,5 millions de mètres cubes, soit un taux de remplissage de 23% à la même période de l’année précédente.

Quant au barrage Hassan Addakhil, il a enregistré 77,7 millions de mètres cubes au 24 février 2023, soit un taux de remplissage de 24,8%, contre 48,2 millions de mètres cubes, soit un taux de remplissage de 15,4% à la même période de l’année précédente.

Par Ihssane El Zaar
Le 26/02/2023 à 10h16