Les trottinettes électriques partagent la route avec les automobiles et circulent de plus en plus dans les rues des plus grandes villes du Maroc. De nombreux Casablancais, par exemple, ont tronqué leurs voitures et autres moyens de transport classiques contre ces petits engins (12-14 kg) équipés d’un moteur électrique et d’une batterie en lithium-ion, pilotés par des boutons et gâchettes placés sur le guidon, et dotés d’une vitesse pouvant aller jusqu’à 25km/h.
Ecolos et ergonomiques, les trottinettes électriques permettent d’éviter les embouteillages fréquents aux heures de pointe et les problèmes de stationnement dans la métropole. Et les usagers du tramway peuvent tranquillement les plier le temps du trajet.
Reda fait partie des usagers de cet appareil de micro-mobilité. Depuis qu’il l’a testé, il ne s’en sépare plus. «J’utilise la trottinette depuis deux ans maintenant. Je ne touche plus à mon véhicule, je préfère l’utiliser dans mes déplacements quotidiens pour voir mes amis et la famille, mes courses à Casablanca, ou pour aller au boulot», nous confie-t-il, la mine joyeuse. Ce professionnel du secteur informatique recharge sa batterie tous les trois ou quatre jours, ce qui lui permet de piloter tranquillement son engin sur une distance de 30 km. «Je n’ai jamais eu de souci majeur avec la trottinette. Le seul problème était d’ordre mécanique après un passage sur une route impraticable», ajoute-t-il.
Engouement grandissant
L’engouement pour les trottinettes s’est particulièrement accru durant la crise de la Covid-19, période marquée par des restrictions au niveau des moyens de transport. «Nous avons constaté une augmentation de la demande pour les trottinettes ces dernières années, en particulier depuis le début de la crise de la Covid-19. En effet, avec le confinement généralisé dans le monde entier, de plus en plus de personnes se sont tournées vers la trottinette comme moyen de transport alternatif aux voitures et aux motos. La hausse du coût de la vie et des hydrocarbures a également contribué à l’essor de ce marché», confirment Yahya et Hicham, fondateurs de Weeslide, entreprise spécialisée dans la vente en ligne de trottinettes électriques.
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Leur société, lancée en 2021, n’est pas la seule sur le marché marocain. D’autres y développent aussi leurs activités. C’est le cas de Hoplamob. Son fondateur Aziz Benslimane, qui se présente comme un passionné du transport écologique, s’est lancé dans cette aventure depuis 2020. Dans sa boutique située dans un quartier de Casablanca, il propose des trottinettes à des prix variant entre 4.000 et 11.000 dirhams. «Nous proposons aussi des locations à 25 dirhams pour 10 minutes ou encore une location mensuelle pour des entreprises et des partenaires publics et privés», déclare-t-il.
D’après nos interlocuteurs, les prix des trottinettes importées depuis la Chine et de pays européens, comme la Suisse, varie de 4.000 à presque 14.000 dirhams. Leur clientèle est composée aussi bien de particuliers que de professionnels, notamment des hôtels, des sociétés d’événementiel, des revendeurs ou encore des entreprises de location. Leurs clients sont des hommes et des femmes dont la fourchette d’âge oscille entre 12 et 55 ans. «La majeure partie de notre clientèle est âgée de 40 ans, dont 40% de femmes», précise Aziz Benslimane, qui, comme ses deux homologues, proposent des pièces de rechange et un service de réparation.
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Faciles d’utilisation et économes, les trottinettes électriques n’échappent pas, cependant, aux dangers inhérents aux moyens de transport. Les usagers subissent parfois des accrochages avec les automobilistes, voire des accidents de la circulation. Certains d’entre eux, qui conduisent leurs appareils de manière inappropriée, mettent souvent en danger l’intégrité physique des piétons.
Conscient du développement rapidement de ce phénomène, le ministère du Transport et de la logistique a annoncé la mise en place d’une loi pour réglementer l’usage des trottinettes électriques dans le Royaume. Un texte qui permettra notamment d’homologuer les types d’engin autorisés à circuler, de déterminer la vitesse autorisée, l’obligation du port du casque et autres équipements de protection, mais aussi les conditions de souscription à l’assurance pour les usagers. «J’ai longtemps milité pour la mise en place d’une loi pour réglementer l’usage des trottinettes électriques, en tant qu’acteur de cette mobilité. Nous sommes prêts à participer à son application. Mais il ne faut pas qu’on prenne la loi européenne et qu’on l’importe. Il faut qu’on l’adapte au contexte marocain», souligne Aziz Benslimane.
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Chez les responsables de Weeslide, même sentiment. «Nous sommes en faveur de la réglementation du secteur de la mobilité électrique pour protéger les utilisateurs finaux, en garantissant leur sécurité à travers notamment la souscription à une assurance et en évitant les dysfonctionnements et les accidents causés par l’utilisation de produits non homologués», affirment-ils. Pour Reda, en particulier, «c’est une très bonne chose. Il est temps qu’on réglemente et qu’on soit protégé par les assurances. Ce n’est pas un jouet, on peut aller jusqu’à 25km/h. La régulation permettra aussi aux usagers de trottinettes d’être plus prudents sur la route.»
L’usage des trottinettes électriques, devenues une véritable alternative à la mobilité urbaine, est réglementée dans plusieurs pays à travers le monde. Au Brésil, les conducteurs doivent obligatoirement passer un test avant d’être autorisés à rouler avec ces engins. En France, un décret datant du 23 octobre 2019 leur impose d’être équipés de feux de position avant et arrière, de dispositifs rétro-réfléchissants, d’un système de freinage et d’un avertisseur sonore. Le conducteur doit aussi souscrire à une assurance de responsabilité civile et ne doit transporter qu’une personne âgée de 12 ans minimum. Dans des villes comme Madrid, Dubaï, et Londres, leur usage est conditionné par la détention d’un permis. Autant de dispositions qui pourraient inspirer le législateur marocain.