Les plages marocaines perdent actuellement quelque 45 millions de tonnes de sable chaque année. Et la cadence de ce véritable pillage ne cesse d'augmenter, à raison de 4% par an. D’ici 2020, le volume d’extraction du sable de plage atteindra 60 millions de tonnes, contre 16 millions de tonnes en 2009, rapporte le quotidien Al Massae qui consacre une enquête à ce phénomène dans son édition du 30 avril.
Le quotidien indique que l'effet de la réforme entreprise dans ce domaine reste encore très limité. En effet, les carrières clandestines se comptent encore par centaines, précise le journal qui ajoute que, selon les chiffres officiels, il existerait 345 carrières d’extraction de sable marin officiellement agréées et plus de 300 carrières clandestines. Le secteur reste donc mal organisé. Un exploitant légal sur trois est une personne physique. Il s’agit principalement, affirme le journal, de personnalités publiques qui utilisent ses carrières comme une rente.
Depuis quelque temps, des experts internationaux ne cessent de tirer la sonnette d’alarme, souligne Al Massae. Selon eux, les plages proches des grandes agglomérations urbaines seraient les plus affectées. L'équilibre écologique et la biodiversité de ces régions sont d'ailleurs sérieusement menacés. Dans certaines zones, la situation est irrécupérable, les plages de sable ayant complètement disparu pour laisser la place à des étendues rocheuses. Et le secteur du tourisme ne manquera pas d'en souffrir.
Pourtant, le ministère de l’Equipement semblait bien décidé à mettre fin à cette situation. En 2010, s’appuyant sur des images satellite, il avait, en effet, défini les zones à risque et classifié les plages selon leur niveau de dégradation, pour mieux tenter d'endiguer ce phénomène. Larache est d'ailleurs arrivée en tête des zones les plus affectées, suivie de Tanger-Asilah, Kénitra, Safi, Settat et El Jadida… Mais, ajoute le quotidien, les autorités de tutelle restent incapables d'inverser la tendance.
Concrètement, le ministère de l’équipement avait décidé d’encourager, durant ces dix dernières années, l’exploitation du sable de dragage. Le ministère avait d’ailleurs identifié 4 sites d’exploitation au niveau de la Méditerranée et 11 sites sur le littoral atlantique. Mais, là encore, les résultats se sont avérés catastrophiques. Le cas de Mehdia est un un exemple éloquent.