Une affaire au parfum de scandale secoue actuellement le secteur de la pêche maritime. Selon des sources concordantes, reprises par le quotidien Assabah dans son édition de ce lundi 18 août, des sociétés auraient exploité la nécessité d’entretenir leurs navires à l’étranger pour mettre en place un double circuit frauduleux.
D’un côté, le transfert illicite de devises, vers l’Europe, via des facturations gonflées, et de l’autre, l’importation clandestine de filets de pêche prohibés, revendus ensuite sur le marché local.
Tout est parti d’un conflit entre associés au sein d’une société de pêche, relate le quotidien. Après l’acquisition d’un navire pêche, ces derniers ont constaté ses fréquents déplacements vers l’Espagne, officiellement pour des opérations de maintenance. Or, les coûts affichés se révélaient exorbitants, atteignant plusieurs centaines de milliers d’euros, bien au-delà des revenus générés par les campagnes de pêche.
Les investigations menées par les associés ont mis à jour un système bien rodé, écrit-on. En complicité avec une société étrangère, de fausses factures étaient établies et transmises à l’Office des changes, permettant le transfert de fonds en devises. Une petite partie était effectivement versée à l’entreprise de maintenance, alors que la majorité des montants était redirigée vers des comptes bancaires en Espagne et dans d’autres pays européens.
Les mis en cause ont profité de l’absence d’infrastructures spécialisées dans le Royaume, pour l’entretien de certains types de navires, afin de justifier ces opérations à répétition et gonfler artificiellement les coûts. L’affaire ne s’arrête pas là. Une autre plainte déposée devant la justice révèle que les mêmes circuits ont été utilisés pour introduire illégalement du matériel de pêche interdit, notamment des filets prohibés par la réglementation marocaine, révèle Assabah.
Ces équipements ont ensuite été écoulés discrètement auprès de petits armateurs, de pêcheurs traditionnels et même de pratiquants de la pêche illégale. Leur prix attractif, compris entre 200 et 250 dirhams le kilo, a permis aux trafiquants de dégager d’importants bénéfices.
Les volumes écoulés sont estimés à plusieurs tonnes. Or, ces filets constituent une menace directe pour la biodiversité marine. Utilisés en dehors de tout contrôle, ils capturent indistinctement poissons arrivés à maturité ou non, accentuant le risque d’épuisement des ressources halieutiques.
Les autorités ont déjà procédé, par le passé, à la saisie et à la destruction de quantités importantes de ces filets. Mais les nouvelles révélations montrent que le phénomène reste actif, alimenté par des réseaux structurés qui combinent fraude financière et atteinte à l’écosystème marin, ajoute le journal.
L’enquête confiée à la Brigade nationale de la police judiciaire devra déterminer l’ampleur de ce trafic, identifier l’ensemble des complices et établir les responsabilités dans ce dossier sensible, où s’entremêlent enjeux à la fois économiques, environnementaux et judiciaires.








