Tests PCR: grande colère contre les laboratoires privés

Test PCR pratiqué sur un homme pour détecter l'éventuelle présence du coronavirus Covid-19. 

Test PCR pratiqué sur un homme pour détecter l'éventuelle présence du coronavirus Covid-19.  . JUAN MABROMATA / AFP

Revue de presseKiosque360. Les laboratoires privés pratiquent des prix exorbitants. Leur politique tarifaire pourrait constituer un frein à la politique du ministère de la Santé. Ce dernier est appelé à réagir pour réguler les tarifs des tests.

Le 08/08/2021 à 21h05

Les tests de dépistage du Covid-19 font à nouveau débat. L’explosion des cas de contamination et l’obligation d’un test PCR dans certains cas, notamment pour voyager, poussent les gens à se faire dépister en grand nombre. Et les laboratoires privés, fortement impliqués dans cette opération de dépistage, sont dans le collimateur en raison des prix jugés «scandaleux» qu’ils pratiquent au moment où la situation que traverse le pays exige la mobilisation et l’engagement de tous, écrit le quotidien Al Akhbar dans son édition du lundi 9 août.

Or, souligne le quotidien, la politique tarifaire appliquée par les laboratoires d’analyses médicales pourrait, au contraire, réduire à néant tous les efforts déployés par l’Etat pour endiguer la pandémie. En effet, la propagation du virus étant devenu communautaire, puisqu’elle touche parfois tous les membres d’une même famille, se faire dépister revient très cher. Il faut débourser au moins 2.400 dirhams pour une famille de quatre adultes. Les tarifs appliqués varient entre 600 et 700 dirhams. Ce qui n’est pas donné.

En faisant un petit calcul, le quotidien constate que les laboratoires privés réalisent une marge conséquente qui ne saurait être tolérée. Sachant que le nombre de laboratoires agréés est passé de 18 à près d’une centaine actuellement et étant donné qu’ils connaissent une grande affluence, notamment dans les grandes villes, leurs gains sont énormes. Le pire est que, le plus souvent, les citoyens sont dans l’obligation de recourir à un laboratoire privé au lieu d’aller à l’hôpital. Et ce pour la simple raison que les hôpitaux publics ne délivrent pas une attestation sur laquelle figure le résultat du test, document qui, comme tout le monde le sait, est exigé notamment pour les voyages à l’étranger.

Poursuivant ses calculs, le quotidien affirme qu’actuellement on réalise, au Maroc, une moyenne de 40.000 tests par jour. Ce chiffre peut aller jusqu’à 100.000 en début de semaine. Partant de là, un laboratoire privé donné peut réaliser une moyenne de 400 tests par jour. En tenant compte du coût des consommables, somme toute marginal, chaque laboratoire réalise un chiffre d'affaires quotidien d’environ 280.000 dirhams. Or, poursuit le quotidien, l’investissement initial nécessaire pour se doter d’un dispositif pour réaliser ces tests est estimé à un million de dirhams, il en résulte qu’avec cette cadence, cet investissement est amorti au bout de quelques jours. Après, ce n’est que du bénéfice.

Ce qui encore plus choquant, poursuit le quotidien, c’est que la plupart des laboratoires refusent de se faire payer par carte ou par chèque. Ils n’acceptent que le cash. Ce qui soulève beaucoup d’interrogations quant à leur régularité vis-à-vis des services des impôts. Mais ceci est un autre sujet. Plus encore, souligne Al Akhbar, non seulement les laboratoires bénéficient de ce qu’on pourrait qualifier de rente, mais ils refusent catégoriquement de céder leur monopole. C’est ainsi que la vente libre des tests antigéniques, nasopharyngés ou salivaires en pharmacie a été accueillie par une levée de boucliers chez les laboratoires. Ce qui a suscité une vive réaction des citoyens qui ont contesté ce qu’ils ont qualifié de cupidité des laboratoires d’analyses médicales.

En effet, le ministère semble avoir cédé à la pression de ces derniers en décidant de retirer de la vente ces tests antigéniques rapides. Décision qui a d’ailleurs été à l’origine d’un cafouillage. On ne sait plus, à la fin, si toutes les marques de ces tests sont concernées par cette décision ou seulement une marque en particulier ou, encore, si c’est un seul lot de cette même marque qui est visé. Résultat, alors que la vente de ces tests, dont le prix ne dépasse pas 100 dirhams, est interdite dans les officines, il s’en vend en nombre au marché noir, sur les sites de commerce électronique et dans certaines cliniques et parapharmacies.

Par Amyne Asmlal
Le 08/08/2021 à 21h05