Suicide d’un enseignant à Casablanca: la direction régionale et le syndicat livrent des versions contrastées

Une morgue. (Photo d'illustration)

Le suicide tragique du jeune enseignant (M.B.) à son domicile à Casablanca, survenu dans la soirée du samedi 5 juillet 2025, a provoqué une onde de choc dans les milieux de l’éducation. Ce drame a ouvert la voie à une vive polémique, opposant deux versions diamétralement opposées des faits.

Le 08/07/2025 à 19h04

Alors que la Direction provinciale de l’éducation de Moulay Rachid à Casablanca, appuyée par les associations de parents d’élèves, a détaillé une série de plaintes et de «comportements violents», ayant conduit à la suspension préventive de l’enseignant, la Coordination nationale des enseignants contractuels (CNEC) a, de son côté, qualifié cette décision de «juridiquement viciée», tenant la direction pour responsable du drame.

La version de la direction

Dans une tentative de «clarifier les faits» et de replacer les événements dans leur contexte, la Direction provinciale de l’éducation et la Confédération nationale des associations de parents d’élèves (CNAPE) ont publié des communiqués explicatifs. Une source officielle au sein de la direction a affirmé que la décision de suspension n’était «pas arbitraire, mais le résultat d’un long processus administratif entamé après des plaintes répétées de parents d’élèves».

Ces plaintes accusent le défunt enseignant de «violence verbale et physique envers les élèves, usage de propos inappropriés», mais aussi de «retards et absences injustifiées, et d’insubordination à sa hiérarchie». Des accusations confirmées par la CNAPE dans un communiqué dont Le360 a obtenu copie, évoquant «de nombreuses réclamations» depuis l’entrée de l’enseignant dans le métier, dont la dernière concernait des faits de «violence verbale et physique» à l’école Tarik Ibn Ziad.

La direction a précisé qu’elle avait «d’abord épuisé toutes les tentatives de résolution à l’amiable, transférant l’enseignant dans un autre établissement dans l’espoir d’un changement de comportement, sans succès, ce qui a conduit les parents à organiser des sit-in». Faute de résultat, l’administration a suivi une procédure disciplinaire progressive, débutée par un avertissement en octobre 2024, suivi d’une mission d’enquête en janvier 2025, puis d’un blâme officiel en février 2025, avant de prononcer une suspension préventive notifiée officiellement à l’enseignant, avec témoins, le 1er juillet 2025.

Après avoir exposé ces faits, la direction et la confédération ont exprimé leur «profonde tristesse face à cette tragédie», soulignant que «personne ne souhaitait une telle fin pour ce jeune enseignant».

La version de la confédération

De l’autre côté, la CNEC propose une toute autre lecture. Elle établit un lien direct entre le suicide de l’enseignant, diplômé en 2024 et ce qu’elle qualifie de «dysfonctionnements administratifs et procéduraux à son encontre».

Dans son communiqué, la coordination dénonce une «violation flagrante» d’une circulaire ministérielle garantissant les droits du fonctionnaire durant une procédure disciplinaire, estimant que «la décision de suspension préventive est juridiquement et procéduralement infondée».

Elle va plus loin en accusant «plusieurs parties impliquées» d’avoir eu «l’intention manifeste de nuire» à l’enseignant. Elle condamne fermement le communiqué de la Direction de l’éducation, qu’elle considère comme «une tentative de tromper l’opinion publique et d’éluder le vrai problème: la légalité même de la procédure de suspension». La coordination exige «l’ouverture d’une enquête et la sanction de toutes les personnes impliquées dans ce drame, afin d’éviter qu’il ne se reproduise».

Par Mohammed Chellay
Le 08/07/2025 à 19h04