Solidarité post-séisme: ces associations marocaines toujours autant mobilisées qu’au premier jour

Trois mois plus tard, les actions du secteur associatif au Maroc en soutien aux sinistrés persistent sans relâche, comme ici Nawal Filali,de l'association Yallah nette3awnou, témoignant d'un engagement inébranlable envers l'aide humanitaire et d'une solidarité sans faille.

Un peu plus de trois mois après la catastrophe, les associations marocaines n’ont pas baissé les bras et sont encore au chevet des sinistrés du séisme pour leur apporter soutien matériel et moral en ces temps d’hiver. Parmi plusieurs saluées par les observateurs, trois de ces associations se distinguent par leurs actions. Le360 les a contactées.

Le 17/12/2023 à 09h41

Yallah nette3awnou (Venez, on s’entraide!) est une association fondée à Tanger en 2019 et qui s’est rapidement étendue à l’échelle nationale. En temps normal, l’association organise des convois médicaux, des campagnes de don de sang, et intervient en faveur des familles nécessiteuses dans les régions touchées par la sécheresse et la pénurie d’eau. Actuellement, sur place dans la province de Chichaoua, l’équipe de Yallah nette3awnou opère dans le cadre de l’initiative «Rahma» sous la direction de Nawal Filali, la fondatrice.

Dans une déclaration pour Le360, Nawal Filali explique: «La première phase d’aide au séisme a été réalisée par nos soins en coordination avec les Forces armées royales, la Gendarmerie, les autorités locales et sous la tutelle de monsieur le gouverneur de Chichaoua. Nous avons pu venir en aide à 22.000 familles des communes Mejjat, Adassil et Timezgadiouine. Nous sommes désormais passés à la deuxième phase». Elle précise que cette étape est très importante, car elle vise à loger en urgence les sinistrés ayant perdu leurs maisons. «Grâce aux dons, notre objectif de 163 maisons mobiles a été atteint. Ces maisons pourront rassembler les habitants de trois douars réunis dans une seule zone. En plus, certaines de ces maisons mobiles, des classes et la mosquée ont été alimentées par de l’électricité à travers l’installation de panneaux solaires», partage-t-elle avec joie.

De son côté, l’association Jood fondée en 2015 par Hind Laidi, et ayant débuté en tant qu’initiative de maraudes nocturnes fournissant des repas chauds faits maison aux personnes défavorisées dans les rues de Casablanca, s’engage également à travers trois programmes d’aide d’urgence. À part la sécurité alimentaire, l’association s’est fixée comme objectif d’assurer l’accès aux soins et à l’hygiène corporelle en plus du relogement des habitants d’Al Haouz.

Ahmed, responsable au sein de l’association nous dit: «Nous avons pu équiper trois douars d’Al Haouz de sanitaires et desservir plus de trente douars grâce au camion douche, avec un nombre de bénéficiaires estimé à 80 personnes par jour.» Ce camion douche comporte une citerne d’eau d’une capacité de 2000 litres , un chauffe-eau à gaz, une bouche d’incendie, quatre cabines de douches aménagées de manière à préserver l’intimité des bénéficiaires, avec des positions coiffeurs/barbiers, soins médicaux, hygiène de mains, pieds et buccale ainsi qu’un dressing avec un stock de vêtements neufs.

Concernant le relogement, Ahmed nous informe que 35 maisons préfabriquées ont été construites suite à la demande de l’association auprès des partenaires et ont été livrées sur place, «car le moral des petits compte aussi, des ateliers d’animation sont organisés pour les enfants de temps à l’autre», ajoute-t-il.

Étant la plus ancienne des trois sur le terrain, l’association El Baraka Angels fondée à Rabat par Salwa Zine, se mobilise chaque année depuis 2013 pour soutenir les populations des zones montagneuses isolées pendant la période hivernale. Occasionnellement, cette année les aides ont commencé le 10 septembre suite au séisme. L’association a couvert les besoins essentiels de plus de 10.000 répartis entre les provinces d’Al Haouz, Chichaoua, mais aussi Taroudant et Azilal.

Nous faisant part de son éternelle préoccupation pour l’éducation, Salwa Zine nous annonce : «Nous sommes en train d’installer des classes modulaires de 36 mètres carrés pour que les enfants puissent reprendre les cours au plus vite. Nous en sommes à 19 aujourd’hui», évoquant la mise en place également de 32 latrines , un logement instituteur double, et aussi 21 préscolaires équipés de tables, de jeux éducatifs, de fournitures, etc.

Toujours dans l’objectif de soutenir l’éducation, El Baraka Angels est en train de déployer un internat en modulaires qui devrait être livré mi-décembre au profit des 220 élèves de la commune d’Anougal, «commune où nous avons déjà installé 7 classes pour leur permettre de passer cette année près de leur école en attendant la reconstruction de leur internat dévasté par le séisme», précise madame Zine.

Elle ajoute : «Nous avons aussi, durant ces 3 mois, distribué plusieurs milliers de boîtes de médicaments dans les hôpitaux de proximité, les dispensaires ou au profit des médecins bénévoles qui se déplaçaient dans les zones enclavées pour ausculter les blessés.»

Dans un message final, la fondatrice d’El Baraka Angels insiste sur l’importance d’accompagner les sinistrés et invite toutes les associations et les individus à «se mobiliser encore et comme au premier jour, si ce n’est mieux».

Ensemble, ces trois associations marocaines, aux côtés de nombreuses autres qui déploient des efforts acharnés, démontrent la puissance de la solidarité et de l’action humanitaire face à l’adversité. Leur dévouement et leurs actions concrètes continuent de faire une différence significative dans la vie des communautés touchées par le séisme.

Par Ryme Bousfiha
Le 17/12/2023 à 09h41