Le littoral de Salé, et plus particulièrement le quartier de Sidi Moussa, s’est transformé en un vaste dépotoir à ciel ouvert.
Entre déchets ménagers et gravats issus d’importants chantiers, le spectacle est loin de l’image d’une promenade en bord de mer que méritait cette ville, historique.
Ce qui devait être un espace de respiration urbaine, et une vitrine touristique s’apparente désormais à une zone sinistrée, au grand dam des habitants et des acteurs associatifs, indique le quotidien Al Akhbar dans son édition de ce mardi 23 septembre.
Au lieu de s’imposer comme un atout pour la valorisation de Salé, le front de mer est devenu un symbole d’abandon et de mauvaise gouvernance, marqué par l’accumulation des déchets et des débris de construction qui s’étendent sur plusieurs centaines de mètres.
Selon des sources locales citées par Al Akhbar, la situation s’aggrave à chaque épisode de marée haute.
Les vagues, parfois puissantes, transportent ordures et gravats jusque dans le cœur des quartiers de Sidi Moussa, envahissant ruelles et habitations.
Les riverains qualifient ce phénomène de «mini-tsunami», tant les dégâts sont visibles: équipements sportifs endommagés, façades des immeubles rongées par les infiltrations, sans oublier les rues, recouvertes de détritus.
Face à ce spectacle, les critiques se multiplient contre le Conseil communal de Salé, présidé par Omar Sentissi (Parti de l’Istiqlal), ainsi que contre le Conseil préfectoral, dirigé par Noureddine Lazrak (RNI).
Les habitants leur reprochent l’inaction et la lenteur dans la mise en œuvre du projet de réaménagement du littoral, annoncé depuis des années mais resté lettre morte.
«Contrairement à Rabat, qui a réussi à réhabiliter sa corniche et à en faire un véritable pôle d’attractivité, Salé reste à la traîne», déplorent plusieurs associations locales.
Au-delà de l’impact visuel, l’enjeu est sanitaire et économique.
Les commerçants, propriétaires de cafés et restaurants situés sur la corniche, tirent la sonnette d’alarme.
La présence quasi permanente de déchets décourage la clientèle et menace leur activité, déjà fragilisée par la concurrence des stations balnéaires voisines plus attractives.
Des médecins et militants associatifs soulignent par ailleurs la prolifération d’insectes et de rongeurs dans ces amas d’ordures, ce qui représente un risque sanitaire direct pour la population, a-t-on pu lire.
Le ministère de l’Équipement et de l’Eau avait pourtant annoncé, il y a trois ans, le lancement d’une étude technique visant la construction d’une digue protectrice pour mettre fin aux dégâts du ressac sur le littoral de Sidi Moussa.
Le coût de cette étude a été estimé à 15,5 millions de dirhams, avec un calendrier prévoyant son achèvement avant fin 2022.
Mais, là encore, silence radio. Le projet reste bloqué au stade des rapports et des études géotechniques, sans traduction concrète sur le terrain, a écrit Al Akhbar.
Pour les habitants, la coupe est pleine: «chaque marée haute aggrave les dégâts et met à nu l’absence de protection», a affirmé un acteur associatif local, également cité par le quotidien.
«Nous n’avons plus le luxe d’attendre. Il faut une intervention immédiate, avant qu’un incident majeur ne survienne», s’est-il plaint.
De nombreux riverains appellent à un “plan d’urgence”, écrit le quotidien, «mêlant nettoyage, protection côtière et réhabilitation, afin d’éviter que la corniche de Sidi Moussa ne devienne définitivement un point noir environnemental et social, au lieu du poumon urbain qu’elle aurait pu représenter».










