Au Maroc, la prise en charge des nouveau-nés et des enfants prématurés dans les unités de réanimation néonatale est un véritable challenge technique et humain, du fait de la réduction drastique des lits de réanimation et de l’expérience, surtout pendant cette période pandémique.
En effet, les unités de réanimation néonatale prennent en charge tous les nouveau-nés et les prématurés dont l’état est critique et nécessite une prise en charge adaptée à la gravité de leur maladie. Selon les derniers chiffres issus des statistiques mondiales, sur les 700.000 naissances enregistrées annuellement au Maroc, 10% nécessitent une assistance, tandis que 8% doivent obligatoirement être hospitalisés.
«A l’échelle nationale, nous estimons à 350 le nombre de places en réanimation pour prendre en charge 50.000 à 70.000 nouveau-nés chaque année», précise Hassan Afilal, président de la Société marocaine d’urgence et de réanimation néonatale et pédiatrique, et également pédiatre-réanimateur au Centre de réanimation néonatale et pédiatrique à Rabat, dans une déclaration pour Le360.
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De ce fait, sur la totalité des nouveau-nés présentant un besoin de prise en charge urgent et immédiat, ils ne seront que 0.5% à pouvoir bénéficier des soins en réanimation néonatale.
Un constat alarmant, avec déjà des tensions dans plusieurs services de néonatologie, car «cette insuffisance en lits de réanimations engendre un nombre de décès et de handicaps que nous pouvons éviter», déplore ce médecin.
Et d’ajouter: «la réanimation nécessite des appareils sophistiqués, de haute technologie, avec une équipe médicale et paramédicale nombreuse, expérimentée et bien entraînée. Les patients que nous prenons en charge imposent une réaction immédiate, avec une attention permanente et une haute technicité médicale, pour optimiser et donc accroître leurs chances de survie».
Un autre constat inquiétant est le montant de couverture proposé par les organismes sociaux. Au Maroc, le taux de remboursement pour les patients couverts est de 1.500 dirhams, quelque soit la caisse dont ils dépendent, alors qu’une journée en réanimation néonatale est estimée entre 4.000 et 6.000 DH. «Une somme dérisoire qui met immédiatement fin à toute ambition de pouvoir procurer à nos patients une réanimation digne de ce nom», avait signalé le Dr Afilal dans un courrier resté sans réponse, adressé en octobre 2020 à l’ancien chef de gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani.
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Le travail en néonatologie nécessite de grandes compétences techniques, mais aussi une rigueur infaillible. Il est donc vital de développer davantage d'unités de réanimation néonatale dédiées spécifiquement aux nouveau-nés et enfants prématurés pour qu’ils puissent être transférés dans des conditions correctes.
Enfin, la mise en place de recommandations de bonnes pratiques en néonatologie et de formation et consolidation des compétences dédiée à la réanimation néonatale s’avère plus qu’utile.
«La prise en charge du handicap coûte aux caisses de prévoyance sociale 8 fois plus cher que la prise en charge d’un nouveau-né à la naissance, sans compter le volet social et émotionnel que cela engendre», conclut l’expert.
Dès lors, il est impératif de sensibiliser autour de l’importance de cette discipline et des moyens mis à la disposition des établissements qui doivent être conséquents au vu du coût réel que cela engendre.