Vidéo. Au Maroc, le dépistage néonatal est primordial pour une prise en charge efficace de maladies rares

Le professeur Ahmed Aziz Bousfiha, pédiatre, enseigne et exerce à Casablanca. 

Le professeur Ahmed Aziz Bousfiha, pédiatre, enseigne et exerce à Casablanca.  . Khadija Sabbar / Le360 (Photomontage)

Le 14/08/2021 à 10h18

VidéoLe dépistage néonatal est un test rapide, effectué au troisième jour de la naissance, permettant de détecter et prévenir certaines maladies rares, mais graves, qui, pour la plupart, sont d’origine génétique. Au Maroc, la nécessité d’imposer le dépistage néonatal est actuellement au cœur des débats. Le point sur cette problématique.

Le test néonatal, ou "test de Guthrie", comme son nom l’indique dans le jargon médical, est un test de dépistage rapide effectué au 3ème jour de la naissance, dont le rôle est la prévention de certaines maladies rares, et par conséquent, la possibilité de leur prise en charge. Le test néonatal consiste à prélever quelques gouttes de sang à partir d'un talon du nouveau-né, lesquelles sont ensuite placées sur du papier dit de "Guthrie", servant généralement à dépister les maladies rares, et dont les conséquences peuvent s'avérer lourdes sur le développement ultérieur de l’enfant.

Aujourd’hui, la question du dépistage néonatal est l’un des plus grands défis auxquels fait face la médecine pédiatrique au Maroc. Il requiert en effet un personnel de santé compétent et spécialisé, le matériel adéquat, un accès aux soins à moindre coût, ainsi que bien entendu les moyens financiers qu'il faut.

Le360 a contacté le professeur Ahmed Aziz Bousfiha, pédiatre, enseignant à la Faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca

Selon ce spécialiste, le test de Guthrie permet de détecter «la phénylcétonurie, l’hypothyroïdie congénitale soignable par un traitement peu onéreux, l’hyperplasie congénitale des [glandes] surrénales qui est un dérèglement hormonal provenant de glandes au-dessus des reins et causant des crises aigues et potentiellement mortelles de déshydratation, la drépanocytose, qui est une pathologie héréditaire du sang touchant surtout les populations originaires d’Afrique Noire, la mucoviscidose, qui touche surtout les voies respiratoires et le système digestif, et la glucose-6-phosphate déshydrogénase ou G6PD dont le déficit cause une destruction des globules rouges».

Les tarifs pour effectuer ce test sur un nouveau-né varient d’un pays à l’autre, en fonction du nombre de gouttes prélevées, et du nombre de maladies à dépister.

Selon ce professeur de médecine, «au Maroc, les prix ne sont pas unifiés. Pour faire le test à son bébé, la famille doit payer entre 500 et 700 DH, non remboursables, en fonction des laboratoires d’analyses médicales privés».

C'est là que le rôle des associations et des acteurs de la société civile peut intervenir, et réside dans la sensibilisation des futurs parents à procéder à ce dépistage néonatal, afin de s’assurer du bon état de santé de leur nourrisson.

«Le Maroc enregistre une moyenne annuelle de 650.000 naissances», précise le Pr. Bousfiha. Il est donc nécessaire de multiplier les efforts afin de parvenir à mettre en place une stratégie nationale consacrée à ce dépistage précoce, dès le troisième et jusqu'au cinquième jour après la naissance, des maladies rares.

Il faudra ensuite bien entendu instaurer une stratégie pour leur traitement, ainsi que pour les problématiques qui en découlent, à savoir une prise en charge, un accompagnement et un soutien apporté aux familles des malades, par une orientation et un suivi médical adéquats.

Par Yousra Adli et Khadija Sebbar
Le 14/08/2021 à 10h18