Une panne d’électricité à l’ère de l’intelligence artificielle! En Espagne, au Portugal et en France, des millions de personnes ont pris conscience de l’invisible cordon qui relie les vies. Et de ce qu’il advient lorsqu’il se rompt. La confiance aveugle en la technologie si avancée s’estompe. Rien n’est acquis durablement! La COVID nous avait déjà prévenus!
Une matinée, je me suis réveillée chez moi dans l’obscurité. Plus d’électricité. Impossible de lever les rideaux électriques. J’ai dû faire appel à quelques bougies, prévues pour créer une ambiance romantique et non aux situations de crise. Le petit-déjeuner? Pas de grille-pain, pas de machine à café. Une mèche rebelle me narguait. Sans séchoir, elle a triomphé. Et surtout, l’impossible: la voiture prisonnière derrière un rideau de garage au mécanisme électrifié. Une réunion m’attendait à Rabat. J’y suis arrivée… mentalement.
Ce matin-là, j’ai compris que sans courant, ce n’est pas seulement notre confort qui s’éclipse, mais aussi tout notre quotidien, nos automatismes, notre sentiment de contrôle. Le monde moderne s’effondre dans le claquement d’un disjoncteur.
Le blackout est une catastrophe, synonyme de graves perturbations dans les infrastructures essentielles. Transports paralysés, arrêt des métros et des trains, annulation des vols, feux de circulation hors service et donc embouteillages massifs…
Les hôpitaux ont dû faire fonctionner des générateurs pour maintenir les soins critiques. Imaginez: le courant s’interrompt soudainement en pleine intervention chirurgicale.
Des réseaux de télécommunications ont été désactivés, d’autres ont subi une forte réduction de l’accès à Internet et aux services mobiles.
Les distributeurs automatiques de billets et tous les systèmes de paiement électronique étaient hors service. Impossible de retirer de l’argent, surtout à un moment de panique où l’on court se ravitailler en cash.
Le carburant? Impossible de se ravitailler, puisque les stations-service fonctionnent à l’électricité. Des pannes sèches ont ainsi perturbé le trafic, surtout sur les autoroutes.
Des milliers de foyers ont été privés d’eau dans les immeubles équipés de pompes électriques pour acheminer l’eau jusqu’aux étages supérieurs.
L’angoisse pousse aussi à constituer des réserves de nourriture. Là aussi, impossible: dans les grandes surfaces, les caisses fonctionnent à l’électricité et les paiements par carte bancaire passe par le réseau de télécommunication.
«Ce blackout nous rappelle, à l’ère du tout-connecté, que la technologie, aussi avancée soit-elle, n’est jamais à l’abri d’un effondrement soudain.»
Le blackout a duré plus de 12 heures. Partout, y compris dans les foyers, les denrées alimentaires stockées dans les réfrigérateurs et les congélateurs pourrissaient.
On imagine la frayeur de ceux qui sont restés coincés dans des tunnels ou des ascenseurs des heures durant, sans pouvoir appeler les secours. Partout, des personnes essayaient vainement de contacter des proches pour se rassurer. Les liaisons téléphoniques n’étaient pas toujours assurées.
Quant aux répercussions internationales, elles sont intenses. Des défaillances importantes dans les systèmes de télécommunications dans plusieurs pays, dont le Maroc, la France, la Mauritanie… et même le Groenland!
Des événements majeurs culturels, sportifs ou artistiques, ainsi que toute l’activité économique, ont été gelés. L’impact sur l’économie est énorme.
L’origine de ce désastre? Elle reste encore mystérieuse! Des raisons météorologiques rares, dues à des variations de température en Espagne, auraient perturbé les lignes haute tension? Une surconsommation électrique? Ou, plus inquiétant, un sabotage informatique?
Au Maroc, les perturbations ont été minimes, malgré l’interconnexion électrique avec l’Espagne. Le Maroc aurait été protégé par l’installation de deux lignes de courant électrique qui relient l’Espagne par le détroit de Gibraltar, et qui empêchent la propagation des incidents. Mieux, le Maroc a été un soutien crucial pour l’Espagne, à qui il a fourni de l‘électricité à un moment critique.
Mais il y eut quand même des perturbations dans les services Internet, surtout chez l’opérateur Orange Maroc, dont les clients ont été privés de connexion, car des serveurs sont hébergés en Espagne.
Que nous dit ce blackout? Il nous rappelle avec fracas, à l’ère du tout-connecté, que la technologie, aussi avancée soit-elle, n’est jamais à l’abri d’un effondrement soudain. Rien n’est définitivement acquis, rien n’est éternel. Les systèmes les plus complexes reposent sur un fil.
Plus qu’une panne de courant, c’est une métaphore éclairante, ou plutôt, pour être cynique, assombrissante: tous les pays sont interconnectés, vulnérables et dépendants les uns des autres. Quand un réseau tombe, ce n’est pas un État qui faillit, c’est toute une chaîne qui s’effondre. L’Espagne vacille, le Portugal souffre, la France encaisse et le Maroc s’adapte et aide. Cette solidarité énergétique forcée devrait nous inspirer une solidarité plus large, plus humaine.
Et pourtant, pendant que les réseaux nous unissent, les guerres continuent de nous diviser. On investit dans l’armement, on alimente des conflits, on dresse des murs, on décime toute une population… alors qu’un seul bug électrique peut nous ramener à l’âge des bougies.
Quelle folie! S’entretuer pour une parcelle de terrain, dans un monde où personne ne peut survivre seul; investir des fortunes pour s’armer, tout en négligeant les défis communs qui menacent notre sécurité à tous: la résilience énergétique, le climat, la cybersécurité, les crises sanitaires…
Et si cette obscurité temporaire nous ouvrait enfin les yeux? Permettez-moi, je vous prie, d’être naïve ou utopiste par moments!





