Prisons. Cet intolérable taux de détentions préventives au Maroc

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Sur une population carcérale totale de 82.400 détenus, le taux des prisonniers en détention préventive au Maroc est de 42%. "inacceptable", juge le CNDH.

Le 31/10/2017 à 13h36

La sonnette d'alarme sur la détention préventive a été tirée par le président du CNDH (Conseil national des droits de l'Homme) Driss Yazami. C'était ce mardi 31 octobre à Rabat, devant Mohamed Salah Tamek, délégué général de l'Administration pénitentiaire, lors d'une journée d'étude consacrée à la mise en œuvre des 100 recommandations émises par le CNDH en 2012.

Driss Yazami a affirmé sans complaisance à Tamek, tout en visant également la Justice et le procureur général du roi, que la surpopulation en matière de détention préventive constituait un grave problème.

"Cette situation est inacceptable. Il est temps d'accélérer le mécanisme des peines alternatives. Il faut urgemment adopter un nouveau Code pénal et il faut accélérer la mise en oeuvre de la circulaire du procureur général qui a invité le 7 octobre 2017 à un allègement de la pression carcérale", a-t-il martelé.

Le chef du CNDH a estimé que "les 100 résolutions émises sont en général dans un état avancé d'exécution". Mohamed Salah Tamek s'est donné, lui, la note "passable". "45 résolutions (sur les 100) ont été exécutées jusqu'ici", a-t-il affirmé. Il a fourni à cette occasion de nouveaux chiffres sur les prisons et les conditions de détention:

- Ouverture de 16 nouvelles prisons et fermeture de 11 prisons (Boumahraz Marrakech, Inezgane, Ain Kaddouss Fès...) La prison Salé 1 fermera avant fin décembre 2017

- Population carcérale: 82.400 détenus à septembre 2017

- La superficie de détention a évolué de 1,68 mètre carré à 1,83 mètre carré pour chaque détenu

- L'amélioration des conditions de détention avec une nouvelle architecture respectant l'aération, l'électricité.

- 8 détenus en moyenne par cellule.

- Un médecin pour 820 détenus, un médecin dentiste pour 1.381 détenus et un infirmier pour 162 détenus.

- 6 visites médicales par an pour chaque prisonnier

- Soins accrus pour les cancéreux

- Mise en place dans les principaux hôpitaux de services de soins spécifiques aux détenus

- Guide sur les droits et obligations des détenus traduit en cinq langues

- Un programme d'enseignement supérieur à l'intérieur des prisons

- Programme de déradicalisation mis en place grâce à la formation de 47 imams qui ont encadré 220 détenus islamistes. Cet enseignement sera élargi à 22.000 détenus au cours de l'année prochaine

- Fin de la gouffa (le panier), un système qui facilitait l'introduction de produits illicites

- Les repas ont été cédés à un opérateur privé et des épiceries ont été installées au sein des centres de détention.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 31/10/2017 à 13h36