L’ONG Amane, basée à Rabat, vient de recenser 6.172 cas d’agressions sexuelles contre des enfants, un chiffre enregistré par les instances judiciaires. «Ce chiffre alarmant concerne l’année 2019 et nous avons des inquiétudes sur son aggravation durant ces deux dernières années et ce, pour différentes raisons», a affirmé Aude Sedej, directrice exécutif de Amane, dans une déclaration pour Le360.
Le problème est beaucoup plus grave qu’il ne devrait l’être parce qu’il est considéré comme «tabou» et parce que la plupart des agressions sexuelles ne sont pas déclarées, a-t-elle regretté.
Sur les 6.172 cas d’agressions, de viols et de pédophilie déclarés en 2019 au parquet, 700 ont été enregistrés dans la seule région de Meknès et de Fès, un inquiétant indice de prévalence dans cette région.
Selon l’Association Amane -qui veut dire sécurité- les violences sexuelles contre les enfants représentent environ 25% du total des autres types d’agressions contre les enfants (physiques, morales, maltraitances…).
Selon Aude Sedej, l’association a établi et mis en œuvre (2020-2022) un programme dit REDIP, une opération destinée à contribuer à l’éradication de la violence sexiste à l’égard des filles et des adolescentes dans les villes de Fès et de Meknès. Un programme qui a permis de prendre en charge 62 enfants psychologiquement, 27 enfants juridiquement, 15 médicalement et 34 socialement.
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Le volet de la sensibilisation constitue l’un des principaux objectifs de l’ONG, a déclaré de son côté son président, Aghnaj Benali. Amane est une association de droit marocain qui a vu le jour, a-t-il affirmé, à l’initiative de divers acteurs du développement et de militants conscients de la gravité du phénomène des violences sexuelles dont sont victimes les enfants. La lutte se fait à travers le renforcement des capacités des acteurs de la protection de l’enfance pour améliorer la prévention, la prise en charge des enfants vulnérables et/ou survivants de la violence, notamment sexuelle, la sensibilisation et la conscientisation du grand public sur le phénomène.
A cet égard, Kenza Zeriouhi, chargée de communication et d’appui au programme de l’association, a cité l’organisation de diverses campagnes de prévention sur le net et les réseaux sociaux ainsi que les contributions d’artistes à travers des spots vidéos.