Ils sont là, depuis plusieurs mois, au milieu des quatre voies routières de l’avenue Ouled Ziane, l’une des plus grandes artères de Casablanca. Par centaines, ces migrants subsahariens ont élu domicile dans des abris faits de bric et de broc, improvisant un campement de fortune sur le passage en fin de travaux d’une ligne de tramway. Ils s’y protègent tout en espérant faire face aux opérations des forces de l’ordre qui tentent de démanteler ce qui ressemble à un dortoir à ciel ouvert.
La plus récente de ces opérations date du 8 mars dernier. Répondant aux appels des riverains de la gare routière d’Ouled Ziane, les forces de l’ordre étaient intervenues pour évacuer divers espaces publics, et parfois privés, occupés par les migrants. Ces derniers, dont les rangs n’ont cessé de grossir, s’étaient installés le long de ruelles et sur des terrains non bâtis. Certaines zones ont été certes évacuées, mais les migrants sont restés sur place, non sans opposer une certaine résistance.
«Les forces de l’ordre n’ont pas fait usage de violence pour libérer ces espaces publics, alors qu’elles ont été maintes fois la cible de jets de pierres de la part de ces occupants. Leurs véhicules ont été caillassés et plusieurs éléments des forces de l’ordre ont été blessés», a déclaré pour Le360 une source de la préfecture d’Al Fida-Mers Sultan.
L’information est confirmée par plusieurs migrants avec lesquels Le360 a pu s’entretenir. «La police nous a demandé de quitter plusieurs zones de campement. Mais nous n’avons aucun lieu où dormir. Les esprits se sont échauffés et une poignée de nos camarades, sous le coup de la colère, se sont adonnés à des actes de provocation», affirme Diallo, migrant guinéen, qui récuse de telles attitudes. «Oui, nous sommes dans une situation très difficile. Mais ce n’est pas une raison pour en arriver à des actes de violence», résume-t-il.
Des riverains inquiets
Pour les riverains, la situation devient préoccupante. Insalubrité, sentiment d’insécurité, baisse de chiffre d’affaires... Les griefs sont nombreux: «Habitants comme professionnels du transport au niveau de la gare d’Ouled Ziane se plaignent. Ceux-ci ont même déposé officiellement des requêtes et des pétitions auprès des autorités locales», précise notre source à la préfecture d’Al Fida-Mers Sultan.
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Interrogé par Le360, Hicham Iourdane, président de l’Instance marocaine pour la justice sociale et les droits de l’homme (IMJSDH), explique que «les riverains de la gare routière d’Ouled Ziane ne cessent de se plaindre des migrants. Ils ne se sentent plus en sécurité et dénoncent des comportements irrespectueux.»
Plus précisément, les riverains se plaignent du fait que les migrants fassent leurs besoins dans les ruelles voisines, ou prennent leur douche près des habitations, sous le regard des femmes et des enfants. «On peut parfaitement comprendre l’attitude des gens. Mais ils doivent à leur tour comprendre que ces personnes n’ont pas le choix. Ils n’ont accès à aucun équipement sanitaire de base, ni toilettes ni douches.»
Les commerçants du quartier ont également leur lot de griefs contre la présence sur leurs lieux de travail de ces migrants subsahariens. «Au matin, lorsque nous arrivons pour ouvrir nos commerces, ils sont là, en train de dormir à proximité. Ils refusent de se lever et si on le leur demande, ils nous agressent verbalement et nous ordonnent de revenir dans une heure ou deux, le temps qu’ils se réveillent», tonne ce commerçant interrogé par Le360, qui a préféré garder l’anonymat.
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Ses récriminations font écho à ceux des professionnels du transport de la gare routière d’Ouled Ziane. «Les migrants squattent dans l’enceinte de la gare, utilisent ses toilettes, se regroupent à l’intérieur du bâtiment de jour comme de nuit. Certains tiennent des petits commerces ambulants devant les guichets et harcèlent les voyageurs», déplore Abdelali El Khafi, secrétaire national des Autocars de transport des passagers au Maroc, l’association professionnelle des transporteurs. Pour lui, cette situation nuit à l’image de la gare et perturbe son fonctionnement.
Un effectif de 1.400 migrants
Plus que la présence des migrants subsahariens dans le voisinage, c’est plutôt leur effectif, en augmentation de jour en jour, qui poserait problème aux riverains. D’après les statistiques officielles, communiquées à Le360 par la préfecture d’Al Fida-Mers Sultan, on compte près de 1.400 migrants installés, jour et nuit, dans les environs de la plateforme de tramway du boulevard Ouled Ziane, de la gare routière et du quartier Omar Ibnou Al Khattab.
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Un chiffre que le président de l’IMJSDH tient à nuancer. «Le nombre des migrants ne peut être arrêté avec exactitude. Certains se déplacent pour chercher du travail ou pour mendier, d’autres voyagent régulièrement entre les villes. Même quand ils sont autour de la gare, ils sont dispersés dans les différentes ruelles autour», explique Hicham Iourdane.
Les dernières statistiques dont dispose l’Instance, et qui datent de la période du confinement, faisaient état de la présence de plus de 1.000 migrants subsahariens dans le voisinage de la gare routière. «Dernièrement, le nombre de migrants est monté en flèche. À titre d’exemple, on dénombre plus de 500 migrants soudanais qui ont rejoint tout récemment le quartier», fait savoir notre interlocuteur.
L’Europe impénétrable
Qu’est-ce qui attire les migrants dans ce quartier, autour de la gare routière d’Ouled Ziane? Et plus généralement, pourquoi sont-ils de plus en plus nombreux à choisir le Maroc?
Parmi les centaines de migrants issus de pays d’Afrique subsaharienne, la majorité sont des Maliens, des Guinéens, des Soudanais et des Gabonais, précise le président de l’IMJSDH. Certains d’entre eux ont rejoint le Maroc légalement, par voie aérienne, et disposent de passeports ou de laissez-passer. D’autres sont arrivés de manière irrégulière, via les zones poreuses des frontières algéro-marocaines, seule porte d’entrée terrestre au Maroc.
S’ils sont de plus en plus nombreux à tenter le pari de la migration, c’est parce qu’ils ont eu écho de l’existence d’une voie «accessible» menant vers l’Europe, l’eldorado. «Le vaste mouvement migratoire en partance du Maroc vers l’Europe, notamment après les années 2000, a incité bon nombre de migrants à se rendre au Royaume pour tenter la traversée de la Méditerranée», explique pour Le360 le sociologue Mehdi Alioua, spécialiste en politiques migratoires.
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Or, poursuit-il, «personne ne peut entrer en Europe en passant la frontière clandestinement à partir du Maroc. On ne traverse pas les frontières comme on change de hall d’aéroport. C’est une entreprise beaucoup plus compliquée que cela, et qui prend du temps. Et c’est surtout très dangereux.»
Pour expliquer ce phénomène, le sociologue met en avant deux autres éléments. «Le Maroc a connu un boom économique dans les années 2000, ce qui a attiré cette population. Aussi, le Royaume ayant une stratégie africaine, avant même son retour dans l’Union africaine, il est devenu une terre d’accueil pour les ressortissants des pays avec lesquels le Maroc est lié par des accords», fait-il remarquer.
Point de passage: l’Algérie
«La traversée a été un long périple, très périlleux. Nous avons passé plus de deux semaines à emprunter des autocars et à marcher à pied pour parvenir aux frontières algéro-marocaines, où nous sommes restés près de quatre jours à chercher une petite brèche pour passer», se rappelle Mohamadou, un Malien de 18 ans qui a dû quitter son pays après l’assassinat de ses parents par la Katiba Macina, proche d’Al-Qaïda.
Même calvaire pour Dialou, un Guinéen licencié en droit, qui s’est aventuré sur la route pour le Maroc en nourrissant le rêve d’atteindre l’Europe, après avoir travaillé pendant 10 ans en tant que chauffeur de moto-taxi. Un métier peu lucratif, qui ne lui permettait pas de subvenir aux besoins de sa famille. «La route n’était pas facile, surtout en arrivant au Mali. En quittant Bamako pour l’Algérie, on a fait plus de 10 jours de route», raconte-t-il, amer.
«Je pense que nous avons eu beaucoup de chance, parce que nous avons réussi à franchir les frontières algériennes. Plusieurs personnes ont péri durant le trajet. Nous avons senti l’odeur de la mort qui se dégageait des corps de nos frères à peine enterrés», poursuit ce migrant qui en est à 5 années passées dans les alentours de la gare d’Ouled Ziane.
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En plus d’un périple à haut risque, les Soudanais ont eu également à passer par la case prison avant de gagner le sol marocain. «J’ai quitté le Soudan à cause de la guerre civile. Sur la route, tout s’était bien passé, jusqu’à mon arrivée en Libye. Là-bas, j’ai vécu un véritable cauchemar», déclare pour Le360 Abdennour, 20 ans.
«En Libye, les milices traquaient les migrants et prenaient leur argent avant de les jeter en prison. Ils demandent par la suite une rançon à leur famille. Après avoir passé 3 mois de prison, ma famille a envoyé l’équivalent de 10.000 dirhams marocains qui m’ont permis d’acheter ma liberté», poursuit-il tout en ironisant: «Ces 10.000 dirhams m’auraient permis dès le départ de prendre un billet d’avion pour le Maroc.»
Les passeurs, ces rapaces
Tous les migrants approchés par Le360 ont peu ou prou partagé une même mésaventure: croiser le chemin des passeurs. «On ne peut pas ne pas les croiser. Les passeurs guettent les subsahariens au niveau de tous les carrefours migratoires», lance Diallo. «Les passeurs nous ont conduits de Bamako jusqu’aux frontières algériennes. Ils nous ont ensuite dépouillés de tout notre argent», retrace-t-il.
Le trajet vers le Maroc étant long, les migrants seront encore amenés à recourir aux services de passeurs. «Arrivés sans le sou en Algérie, nous avons été contraints de travailler sur place pour payer d’autres passeurs, afin de nous conduire vers le nord du pays. Ce n’était pas une mince affaire, car la police nous traquait et nous avons eu du mal à mettre un peu d’argent de côté», se remémore-t-il.
«Nous avons vécu un enfer dans la ville de Bordj Bou Arréridj, où plusieurs Subsahariens préfèrent rentrer chez eux au lieu de continuer le trajet, en vain», poursuit Diallo. Argent enfin en poche, il est temps de reprendre la route. «Il fallait payer 150 euros aux passeurs pour nous ramener à Draâ El Mizan (au nord de l’Algérie, NDLR). Les passeurs entassaient plus de 30 personnes dans une fourgonnette fermée. C’est la pire chose que j’ai jamais vécue. Une souffrance», se rappelle-t-il.
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«Payer ou mourir»
Après plus de 11 heures à bord de ce véhicule, «les voyageurs étaient en pleurs, mais les passeurs refusaient de s’arrêter. Il arrivait même qu’ils nous menacent de mort. On résistait tant bien que mal, en sachant qu’ils prendront la fuite en nous laissant derrière si jamais on se faisait arrêter», narre Diallo.
««Un soldat algérien m’avait clairement dit que les Marocains ne pourraient jamais tirer sur la foule, et qu’il suffit d’avoir le courage de passer»»
A quelques kilomètres d’Oujda, du côté algérien des frontières, les migrants subsahariens doivent encore une fois s’acquitter de «frais de la traversée». «J’ai dû payer 150 euros aux passeurs pour franchir les frontières marocaines. D’autres, qui préfèrent ne rien payer, passent parfois plus d’une semaine à chercher une brèche, souvent en vain», témoigne Amadou.
Payer ces rapaces n’est pas un gage de réussite de la traversée, précise Diallo. «En cas d’échec de la traversée, les passeurs refusent de nous rembourser. Nous n’avions pas le droit de réclamer notre argent au risque de nous faire tuer», raconte-t-il. Et de poursuivre: «Je conseille à tous mes frères de ne pas emprunter cette route hautement périlleuse».
Une autre manière de franchir les frontières sans passeur: oser. «Un soldat algérien m’avait clairement dit que les Marocains ne pourraient jamais tirer sur la foule, et qu’il suffit d’avoir le courage de passer au risque de trépasser sur la partie algérienne des frontières», relate de son côté Mouhamadou.
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Arrivés au Maroc, le rêve se poursuit
Le sol marocain foulé, c’est généralement le soulagement. «Arrivés à Oujda, les choses ont changé. La population locale était réellement gentille avec nous, alors que nous avions toujours en tête l’image de ces gens qui nous font du mal pour nous soutirer de l’argent», énonce Diallo, sourire au bord des lèvres.
Brahima, un autre migrant rencontré par Le360, abonde dans le même sens, se rappelant ses premiers jours dans l’Oriental: «Beaucoup de gens nous donnaient de l’argent, des vêtements ainsi que des couvertures. Nous sentions qu’ils se souciaient de nous et cherchaient vraiment à nous aider.»
Bien qu’apaisés après leur arrivée à Oujda, ces migrants restent toujours attachés au rêve de mettre les pieds sur l’autre rive de la Méditerranée. Un dessein dont la concrétisation nécessitera encore plus d’argent. «Arrivé au Maroc, je me suis rendu à Tanger pour tenter de traverser les frontières vers l’Europe. Cela étant quasiment impossible sans le soutien d’un passeur professionnel, j’ai décidé de rentrer à Casablanca pour travailler et épargner de quoi payer mon passage», confie Mouhamadou.
««Après notre arrivée à Casablanca, nous n’avions pas un endroit où loger, sauf à la Gare routière»»
Dans la ville du détroit, si proche de leur eldorado, le calvaire de ces rêveurs se poursuit. «En arrivant à Tanger, des passeurs nous ont dépouillés de notre argent en nous vendant le rêve de la traversée. Nous sommes alors retournés à Casablanca pour travailler», raconte Abdoulaye, arrivé à bord d’un avion au Maroc.
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Ouled Ziane, le repère, le repaire
Avant de reprendre leur aventure vers le Vieux Continent, ces migrants sont contraints de faire d’abord une escale plus ou moins longue à la Gare d’Ouled Ziane, au cœur de la Métropole. «Après notre arrivée à Casablanca, nous n’avions pas un endroit où loger, sauf à la Gare routière», se rappelle Abdoulaye.
Une fois sur place, les nouveaux arrivés rejoignent leurs compatriotes dans le campement d’Oued Ziane. Ces derniers ont déjà instauré leur mode d’organisation. «Les migrants sont bien organisés en groupes. D’abord par pays, puis par villes et enfin par ethnie. Chaque groupe est chapeauté par un leader qui se charge de l’organisation de l’ensemble des membres», explique Hicham Iourdane, président de l’IMJSDH.
Mais comment la Gare d’Ouled Ziane est devenue un repère, voire un repaire, pour ces voyageurs? «Des opérations sont régulièrement organisées au nord du Royaume pour empêcher ces gens de rentrer illégalement dans les enclaves de Sebta et Melilia. Les autorités les transfèrent dans des autocars à destination de plusieurs villes, mais principalement à Casablanca», répond Mehdi Alioua. Pour lui, les autorités, en renvoyant les migrants vers les grandes villes, espèrent leur permettre de «s’intégrer dans ces métropoles».
Une lecture confirmée par notre source à la Préfecture d’Al Fida-Mers Sultan. «Des opérations de démantèlement de campements sont régulièrement organisées dans les villes du Nord. Les individus transportés par des autocars escortés par les forces de l’ordre sont acheminés vers plusieurs régions du Royaume, notamment à Casablanca», étaye-t-elle. Arrivés à la capitale économique, ils n’ont plus qu’un seul point de chute: la gare routière d’Ouled Ziane.
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Un chaos organisé
Les migrants s’installent sous des tentes de fortune en plastique. Ils préparent de quoi manger à même le sol, qui leur sert aussi de table. Les ordures prennent de l’espace et l’odeur pestilentielle se fait sentir à plusieurs mètres.
Pour subvenir à leurs besoins, ils exercent plusieurs «petits boulots». «Ici, tous les subsahariens sont ce qu’on appelle des ‘multiservices’. Nous sommes obligés de faire n’importe quel travail, même si nous ne le maîtrisions pas auparavant. Nous n’avons pas le choix», explique Abdoulaye.
Lui, licencié en Économie et gestion des entreprises, a travaillé plusieurs mois dans un cyberclub, sis dans l’enceinte même de la gare routière. «Je bossais 12 heures par jour pour toucher 1.200 dirhams par mois. Mon collègue marocain qui prenait le relais percevait 2.500 dirhams», poursuit-il, soulignant que son salaire lui permettait à peine de survivre.
La majorité des migrants s’adonnent à la mendicité. «Je passe la journée à tendre la main, et la nuit allongé sous le pont près de la gare routière, confie Mouhamadou. Le peu d’argent que j’amasse ici et là me permet de manger à ma faim. Je dois également épargner le plus possible pour pouvoir payer mon départ en Europe».
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Que faire?
Face à une telle situation, l’intervention des autorités et de la société civile sont plus que jamais nécessaires trouver des solutions pérennes à un problème qui dure et pour accompagner ces ressortissants étrangers du moins sur le plan social.
Pour l’heure, les autorités locales, qui doivent gérer ce dossier sur les plans humanitaire, social et sécuritaire, ne disposent pas d’un budget dédié, regrette notre source à la préfecture d’Al Fida-Mers Sultan.
Leurs actions se limitent donc à des initiatives d’ordre humanitaire, tel l’organisation d’un «Iftar collectif» durant le mois de ramadan et à la distribution de vêtements, de fournitures d’hygiène ainsi que des kits alimentaires. La préfecture a également mis en place des programmes de formation dispensés au profit des migrants dans les filières coiffure et esthétique, coupe et couture, restauration ou informatique, avec une remise des diplômes à la clé, énumère la même source.
Les autorités locales organisent également des caravanes médicales pour faire bénéficier les migrants de prestations sanitaires, ainsi que des opérations de dépistage d’éventuelles maladies, comme la tuberculose, poursuit notre source. Sur le plan de la salubrité publique, des opérations de désinfection et de nettoyage sont effectuées quotidiennement en collaboration avec ARMA, l’une des deux sociétés en charge de la gestion des déchets à Casablanca.
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Contactée par Le360, la Commune de Casablanca a, pour sa part, indique de manière lapidaire «qu’aucune action en faveur des migrants n’est prévue à son niveau, que ce soit à court ou à moyen terme».
Pour la société civile, cela reste insuffisant pour résoudre un problème à multiples ramifications. «On comprend que ce dossier soit très sensible et qu’il a une dimension politique et humanitaire, mais il convient de trouver des solutions réalistes et acceptables pour tous», souligne Hicham Iourdane, président de l’IMJSDH.
De son côté, le sociologue Mehdi Alioua, explique que «l’État se trouve dans l’impasse à cause de l’absence d’un cadre juridique et d’une politique sociale en faveur des migrants». Il propose dans ce cadre de «mettre en place un Observatoire de la migration pour suivre l’évolution du phénomène migratoire, et de créer un ministère des Migrations qui s’occuperait, en plus des MRE, «de la gestion de cette question au niveau du rapport entre l’Exécutif, le Parlement et la société».
En attendant, une partie des missions que devront assurer les autorités locales a été, involontairement, cédée à la société civile. Ainsi, plusieurs initiatives ont vu le jour pour accompagner ces étrangers en terre marocaine, entre autres le Collectif Casa lumière.
«Nous offrons tous les lundis et les vendredis des petits déjeuners pour environ 250 à 300 migrants, essentiellement ceux de la gare routière d’Ouled Ziane. Des petits soins de première urgence sont aussi prodigués par les volontaires du collectif et les femmes bénéficient d’un suivi personnalisé sur rendez-vous», explique Marie France Anouar Duperron, membre dudit Collectif, qui organise des brocantes pour collecter les fonds et qui multiplie les partenariats notamment avec la Banque alimentaire et l’organisation Caritas Maroc pour mener à bien ses missions.
En quittant leurs pays, les migrants subsahariens nourrissaient le rêve d’atteindre l’Europe, ce lointain eldorado. Mais l’aventure se termine, pour la plupart, à la Gare d’Ouled Ziane où ils prennent enfin conscience que le Maroc n’est plus un pays de transit. S’ils s’acharnent à vouloir y rester en attendant le «grand jour», tout est de savoir jusqu’à quand?