Les parents d’élèves des écoles publiques du Maroc ne sont pas au bout de leur peine. Alors qu’ils espéraient que l’accord du 10 décembre allait permettre à leurs enfants de reprendre le chemin de l’école, les cours n’ont toujours pas repris.
Et la situation devient de plus en plus inquiétante, aux dires de plusieurs parents que Le360 a rencontrés. «J’ai deux enfants, ils n’étudient pas. On se bat pour qu’ils lisent et révisent à la maison, histoire de ne pas oublier ce qu’ils ont appris», déclare Loubna Assal anxieuse, tout en soulignant que «la situation actuelle est catastrophique. Nos enfants doivent retourner en classe, leur place n’est pas dans la rue. Nous exigeons à ce qu’une solution urgente soit mise en place le plus rapidement possible».
Même son de cloche du côté de Khaled Knitri, un père complètement sous le choc. «Ce qui est en train de se dérouler sous nos yeux est une aberration. Nos enfants ne partent plus en classe et cela les impacte sur le plan psychique et mental. La place qu’ils méritent c’est d’être à l’intérieur dune salle de classe, et non pas dans la rue», confie-t-il.
La grève des enseignants entame son troisième mois et ne fait qu’accroître davantage le sentiment de désespoir chez les élèves et leurs parents qui ne savent plus quoi faire et demandent à ce que l’exécutif mette en place une solution urgente.
«Le ministère de l’Éducation nationale a beaucoup tardé à prendre cette décision et à signer cet accord. Nos enfants sont perdus», lance à son tour Rachida El Moussaoui. Cette mère dit ne pas comprendre, et ne pas accepter les heures creuses imposées par les enseignants. «Lorsqu’ils ne sont pas en grève, lundi et mardi, ils suspendent les cours durant la première et la dernière heure, et ce n’est pas normal, l’état psychique de nos enfants se dégrade», poursuit notre interlocutrice.
Lire aussi : Éducation nationale: les coordinations veulent être impliquées dans le dialogue avec le gouvernement
Mohamed Tamer, vice-président de la Fédération nationale des associations de parents d’élèves, déclare que cette crise dans l’enseignement public au Maroc est inédite et tient les meneurs des grèves, à savoir les enseignants des coordinations, responsables de cette situation qu’il qualifie de désastreuse. «Le gouvernement a proposé des solutions, il y a un accord qu’il aurait fallu accepter. Lorsqu’on évoque avec eux le sujet, ils nous répondent que 1500 dirhams, ce sont des miettes. 1500 dirhams des miettes?!», affirme-t-il.
Pour rappel, les dispositions de l’accord du 10 décembre prévoient une hausse des salaires de 1.500 dirhams nets par mois pour tous les enseignants, une indemnité complémentaire de 500 dirhams par mois pour les enseignants du secondaire, une subvention mensuelle de 500 dirhams pour une grande partie du corps des enseignants, une prime individuelle de 1000 dirhams pour la correction des épreuves des examens, au lieu des 100 dirhams habituels. Mais les coordinations ont rejeté en bloc cet accord et demandent l’élaboration d’un nouveau statut unifié des enseignants.