Le transfert du marché de gros relance les tensions entre Rabat et Salé

Au sud du quartier industriel de Takaddoum, le nouveau marché de gros de légumes et fruits de Rabat est le plus moderne en son genre au Maroc. (Y.Mannan/Le360)

Revue de presseLe projet de délocalisation du marché de gros des fruits et légumes de Salé vers la zone de Youssoufia à Rabat refait débat après plusieurs années de blocage. Entre opposition farouche des commerçants, enjeux fiscaux pour Salé et volonté de modernisation portée par Rabat, le dossier demeure enlisé dans un jeu complexe d’intérêts politiques, économiques et sociaux. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar.

Le 11/12/2025 à 19h09

La controverse autour du projet de transfert du marché de gros des fruits et légumes de Salé refait surface, ravivant des tensions et des divergences qui perdurent depuis plusieurs années. Ce projet, censé déplacer le marché vers la zone de Youssoufia à Rabat, s’est heurté dès ses premières étapes à une forte opposition de la part des commerçants et des professionnels, particulièrement durant les années 2021 et 2022. Il est ainsi devenu l’un des dossiers les plus débattus au sein des conseils élus et parmi les acteurs économiques de la région, écrit le quotidien Al Akhbar de ce vendredi 12 décembre.

Le refus exprimé par les commerçants et plusieurs associations professionnelles a constitué l’un des principaux freins à l’avancement du projet. Les protestataires estiment que cette décision est injuste et qu’elle menace des milliers d’emplois dépendant directement ou indirectement des activités du marché actuel de Salé. Les organisations professionnelles évaluent à plus de 5.000 le nombre de postes potentiellement menacés, un chiffre qui a renforcé la contestation dans un contexte marqué par l’absence de garanties claires concernant l’indemnisation des personnes impactées ou leur intégration dans la future structure.

En face, certaines voix au sein du Conseil de Rabat défendent le projet, qu’elles considèrent comme une opportunité pour moderniser les infrastructures logistiques et mieux organiser la chaîne de distribution, tout en diversifiant l’offre et en améliorant les normes de sécurité sanitaire et la qualité des services destinés aux citoyens, souligne Al Akhbar. Mais cet argumentaire peine à convaincre à Salé, où nombre d’acteurs locaux craignent que le transfert n’entraîne une perte importante de ressources fiscales pour la ville, en plus d’un impact négatif sur la dynamique économique créée par les commerces et services annexes.

Les divergences entre les deux villes se sont accentuées au fil des mois, révélant un conflit de plus en plus manifeste. Les opposants au projet estiment qu’il bénéficie essentiellement à Rabat, tandis que Salé verrait disparaître un équipement économique qu’elle supporte depuis des décennies. Les partisans du transfert rappellent quant à eux la nécessité d’adapter les infrastructures commerciales aux mutations urbaines et économiques en cours.

Cette tension a pesé directement sur les travaux du Conseil de la ville de Salé, contraint à plusieurs reprises de reporter l’examen du dossier face à la pression populaire et professionnelle. Le projet s’est ainsi retrouvé paralysé, sans avancée notable, tandis que les défis logistiques compliquent davantage son application. Les professionnels s’inquiètent notamment de l’augmentation des coûts de transport, de la difficulté pour des centaines de camions d’accéder quotidiennement au nouveau site, ainsi que du manque de visibilité concernant l’accueil de l’ensemble des commerçants dans la nouvelle structure.

Malgré les tentatives de médiation engagées par certains acteurs, le dossier demeure enlisé dans des tiraillements politiques et d’intérêts qui freinent toute issue. Les professionnels, eux, continuent d’attendre une approche concertée qui prenne en compte leurs préoccupations et garantisse la stabilité des milliers de familles dont les moyens de subsistance dépendent de ce secteur. Le transfert du marché reste ainsi l’un des sujets les plus sensibles entre Rabat et Salé, dans l’attente d’un compromis capable de concilier développement économique et équité territoriale.

Par La Rédaction
Le 11/12/2025 à 19h09