Le prédicateur Abou Ammar interdit de quitter le territoire, de nouvelles plaintes l’accablent

Le prédicateur Abou Ammar.

Le parquet de la ville d’Inezgane a décidé, lundi soir 4 mars, d’interdire de quitter le territoire au prédicateur salafiste connu sur les réseaux sociaux sous le sobriquet d’Abou Ammar, et ce sur la base de plusieurs plaintes l’accusant d’injures et de diffamation par diffusion de vidéos sur les réseaux sociaux.

Le 05/03/2024 à 12h01

Cette décision intervient après le dépôt de deux plaintes par la journaliste Farah El Baz, travaillant dans une radio privée (Med Radio), et un célèbre artiste amazigh, Raïs Ahmed Outaleb Lamzoudi, dans lesquelles ces derniers accusent Abou Ammar, qui s’autoproclame «prédicateur amazigh» sur le web, pour injures et diffamation au moyen de séquences vidéo diffusées à grande échelle sur les réseaux sociaux.

Selon une source judiciaire, le mis en cause devrait être déféré, en état de liberté, mercredi 6 mars 2024, devant le procureur du Roi près le tribunal de première instance d’Inezgane, dans le but de compléter l’enquête avant de décider s’il va être poursuivi en état de liberté provisoire ou d’arrestation sur la base des accusations portées à son encontre.

Par ailleurs, Le360 a appris de source sûre que deux autres artistes, l’humoriste amazigh Rachid Aslal et son épouse ont, à leur tour, porté plainte contre ledit prédicateur pour les mêmes motifs précités.

Récemment, Abou Ammar a suscité une vague de dénonciations parmi de nombreux médias, d’artistes et de défenseurs des droits de l’Homme, en raison de ses attaques contenant des expressions insultantes contre la journaliste de radio privée, après son interview avec l’artiste amazigh Raïs Ahmed Outaleb Lamzoudi. Le prédicateur s’en est pris à la journaliste en usant d’un langage dégradant et portant atteinte à sa dignité sous prétexte qu’elle a reçu sans voile ledit artiste, qu’il a en outre qualifié de «débauché».

Atteinte aux libertés

Les actes commis par ce prédicateur n’ont pas manqué de susciter de vives réactions. En effet, bon nombre de forces syndicales et des droits de l’Homme ont exprimé leur solidarité avec les victimes, qualifiant son comportement d’atteinte à la liberté de la presse et au droit des femmes de s’habiller comme elles l’entendent et de pratiquer leur métier avec liberté.

Abou Ammar n’en est pas à sa première polémique. Depuis des années, il s’est habitué à susciter la controverse en s’attaquant tantôt aux artistes, tantôt aux militants des droits de l’Homme. Certains de ses collègues prédicateurs amazighs ont également pâti de ses fameuses attaques.

Il attaque également les mariages et les festivités pour diffuser des séquences vidéo enregistrées ou en direct, via lesquelles il s’en prend à ses «adversaires», provoquant ainsi une kyrielle de critiques de la part de ses détracteurs.

Pendant que les partisans d’Abou Ammar estiment qu’il pratique le «prêche» et la «prédication» islamiques à sa manière, ses détracteurs lui reprochent d’ «exploiter la religion à des fins personnelles» et de «surfer sur toutes les vagues afin de gagner de l’argent via ses chaines sur les réseaux sociaux».

Par Miloud Shelh et M'hand Oubarka
Le 05/03/2024 à 12h01