Le360: On parle de plus en plus, ces derniers temps, de la Cochenille du cactus ravageant plusieurs plantations de figue de barbarie. De quoi s’agit-il exactement?
Abderrahmane Ait Hamou: La cochenille de cactus est un insecte hémiptère, ayant de longues antennes, deux paires d’ailes et des pièces buccales piqueuses, qui appartient à la famille des Dactylopiidae qui comportent plusieurs espèces dont les plus connues sont: le Dactylopius coccus et le Dactylopius opuntiae. Ces deux espèces vivent sur les raquettes de cactus et produisent, en quantité et qualité différentes, le colorant naturel appelé le rouge de carmin. La première espèce peut être qualifiée de domestique car elle est élevée pour produire ledit colorant. Le Pérou est le premier exportateur (80% de la production mondiale).
Par contre, la deuxième est souvent qualifiée de sauvage. Elle produit aussi le colorant mais avec une qualité médiocre. C’est cette dernière qui a envahi notre pays et a causé les énormes dégâts que nous observons. Notons que les femelles de cet insecte n’ont pas d’ailes et se fixent sur les raquettes pour y pondre les œufs tandis que les mâles volent. Attirés par la lumière, ces derniers envahissent les maisons pendant le soir et gênent les habitants.
Précisons aussi que les figues issues de vergers infestés ne présentent aucun danger pour les consommateurs. Le rouge de carmin, nous l’avons dit, est un colorant naturel utilisé en industrie agroalimentaire. Les rumeurs partagées sur les réseaux sociaux n’ont aucun fondement. Au contraire, ces rumeurs ne font qu’amplifier les difficultés des producteurs qui cherchent à commercialiser leur production.
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Est-ce que c’est cyclique? La chaleur et les conditions climatiques en sont-elles la cause?
La chaleur et les conditions climatiques affectent la propagation de la cochenille, mais elles ne sont pas la cause de son apparition. Quand il fait très froid, comme nous avons observé durant le dernier hiver, l’insecte semble inactif, mais une fois la température augmente on assiste à une reprise de la ponte des œufs.
Peut-on parler de virus?
Non, il ne s’agit pas d’un virus. C’est un insecte visible à l’œil nu.
De nombreuses personnes vendent de la figue de barbarie dans des charrettes. On les voit un peu partout dans les villes. Leur marchandise est-elle soumise à un contrôle?
La loi interdit le transport des figues et les raquettes en dehors des régions infestées. Mais est-ce qu’il y a un contrôle systématique du respect de cette loi? je n’en suis pas sûr. La population rurale doit être sensibilisée pour aider au respect de la réglementation en vigueur.
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Quels sont les conseils que vous préconisez?
Les efforts doivent être multipliés surtout au niveau de la sensibilisation et la prévention.- Nous sommes en pleine saison de la cueillette des fruits. Les camions transporteurs de figues doivent être contrôlés et doivent disposer d’un «passeport sanitaire» attestant que toutes les mesures de prévention ont été prises. Il faut également minimiser la circulation de ces véhicules dans les arrières pays des chefs-lieux des provinces: les producteurs sont appelés à cueillir leur production eux-mêmes et l’acheminer à des «aires de rassemblement» des aires équipées en matériel de désinfection.
- Notre pays dispose de figues d’excellente qualité. Certaines ont bénéficié de label IGP (figues des Ait-Baamrane et Dellahia d’Al Hoceima). Il faut installer un programme particulier pour sauvegarder ces variétés et bien d’autres.
- Les consommateurs aiment la figues de barbarie pour ses vertus neutracetiques mais aussi pour son caractère biologique. Par conséquent, entre les produits phytosanitaires autorisés, il faut privilégier ceux admis en agriculture biologique. Les militant du bio, malgré leur nombre limité dans notre pays, doivent se mobiliser pour plaider contre la chimie.
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- Les médias doivent s’assurer des informations avant leur publication et doivent aider les agriculteurs à comprendre la problématique de ce fléau et rassurer les consommateurs que les figues infectées ne présentent aucun danger pour leur santé.
- Enfin, si j’ai droit à fournir des propositions, je crois qu’il est temps de penser à créer une structure nationale (Observatoire ou Agence) de Biosécurité pour protéger notre pays des multiples aléas biologiques.