Info Le360. L’Allemagne a notifié aux autorités marocaines, ce 18 juillet, l’arrestation de Mohamed Boudrika et voici ce qui lui est reproché

Mohamed Boudrika. (Crédit: M.Bifisse/Le360).

Les autorités judiciaires allemandes ont informé leurs homologues marocaines, ce jeudi 18 juillet, de l’arrestation de Mohamed Boudrika, mardi dernier, sur la base d’un mandat d’arrêt international émis par le Royaume. Voici, par ailleurs, pourquoi le président du Raja a été arrêté à Hambourg et ce à quoi il faut s’attendre par la suite.

Le 18/07/2024 à 18h47

De sources fiables, Le360 apprend que les autorités judiciaires allemandes ont informé, ce jeudi, leurs homologues marocaines de l’arrestation à l’aéroport de Hambourg de Mohamed Boudrika.

Contrairement à certaines rumeurs relayées sur les réseaux sociaux, le président du Raja se trouve bien derrière les barreaux en Allemagne en attendant son extradition vers le Royaume.

La notification des autorités allemandes a été reçue en début d’après-midi de ce jeudi.

Selon les sources consultées par Le360, il sera du ressort du Procureur général près le tribunal correctionnel de Casablanca (Aïn Sebaâ) de formuler la demande d’extradition qui devra être transmise aux autorités allemandes dans un délai ne devant pas excéder 40 jours, à compter de la date d’aujourd’hui. Cette demande devra être accompagnée de toutes les pièces nécessaires justifiant les accusations retenues contre Mohamed Boudrika. Les langues admises dans la communication entre les deux parties sont, en plus de l’allemand, le français et l’anglais d’après la législation allemande.

Mais pourquoi le parquet près le tribunal correctionnel de Casablanca? Nos sources répondent que c’est cette juridiction qui a initié des poursuites contre celui qui fut également président de l’arrondissement de Mers Sultan, et du coup on en sait plus sur le principal chef d’accusation retenu dans ce cas de figure contre Boudrika.

Il est poursuivi principalement pour faux, usage de faux et accès frauduleux à un système automatisé d’information.

Pour pouvoir mener à bien l’un de ses (foireux) projets immobiliers à Casablanca, Mohamed Boudrika aurait falsifié le certificat et la signature d’un architecte casablancais avant de tout introduire sur une plateforme étatique officielle pour avoir l’autorisation de lotir.

L’architecte en question a retiré sa plainte, mais la justice a estimé qu’il fallait approfondir l’enquête en convoquant Boudrika qui ne serait pas à son premier coup en la matière, puisqu’il faisait, en même temps et pour des faits similaires, l’objet d’au moins deux enquêtes menées par la police de Settat et par la brigade de la Gendarmerie royale de 2 mars à Casablanca.

Ce dernier a tout fait pour ne pas répondre aux convocations du juge d’instruction, d’où le mandat d’arrêt lancé à son encontre.

Quand Boudrika s’inspire de Moubdiî

Pour ne pas répondre aux convocations du juge d’instruction à Casablanca (Cour d’appel), l’ancien ministre haraki Mohamed Moubdiî fournissait des certificats médicaux délivrés par une médecin gynécologiste. Il semble avoir inspiré l’ex-président du Raja. Explications: prétendant avoir subi une opération du cœur à Londres début février, il faisait parvenir au juge d’instruction des électrocardiogrammes établis par un cardiologue situé en Turquie. Les mêmes électrocardiogrammes, qui n’ont aucune valeur juridiquement parlant, étaient envoyés aux autorités de tutelle (le gouverneur) pour justifier sa longue absence à l’arrondissement de Mers Sultan.

Et à quoi faut-il s’attendre pour la suite? Les textes sont clairs: les autorités allemandes vont étudier le dossier qui leur sera transmis par leurs homologues marocaines et la haute Cour régionale compétente (l’Allemagne étant un système fédéral) devra trancher.

En toute logique, l’extradition de Boudrika devrait se faire sans problèmes puisqu’il ne risque rien de ce qui pourrait empêcher une telle issue, comme nous l’explique un juriste allemand: risques de torture ou de subir des traitements inhumains dans l’État requérant, menace de persécution politique ou contraire à l’État de droit, être soumis à une juridiction militaire, menace de peine de mort ou en cas de prescription de l’infraction.

Une fois livré au Maroc, Mohamed Boudrika devra être réceptionné par le Bureau national d’Interpol que dirige Mohamed Dkhissi qui est en même temps patron de la Direction de la police judiciaire, l’une des directions centrales relevant de la DGSN. Par la suite, il sera déféré devant le parquet compétent, soit, dans ce cas de figure, le Procureur général près le tribunal correctionnel de Casablanca.

Par Mohammed Boudarham
Le 18/07/2024 à 18h47