Trois jours après la mise en œuvre de la décision du gouvernement d’augmenter les prix du gaz butane, les réactions publiques commencent à tomber. Ce sont les professionnels, et plus précisément les distributeurs, qui ouvrent le bal. Ils se plaignent du fait que la décision d’augmenter de 10 dirhams le prix de bonbonne de gaz de 12 kg et de 2,5 dirhams celui de la bonbonne de 3 kg ne prévoit rien quant à leur marge de bénéfices.
Mohamed Benjelloun, président de l’Association professionnelle des dépositaires grossistes en gaz liquéfié au Maroc, cité par le quotidien Al Akhbar dans son édition du jeudi 23 mai, affirme que «les professionnels ont été surpris par cette décision prise par le gouvernement d’augmenter les prix du gaz».
Pourtant, l’annonce en a été faite plusieurs mois auparavant. C’est d’ailleurs ce qu’affirme le président de l’association, précisant que «cette décision d’augmentation des prix était attendue depuis un mois et 20 jours. Le gouvernement a exprimé clairement ses intentions en la matière. Mais nous ne nous attendions pas à ce que sa mise en œuvre se fasse de cette manière, prenant tout le monde au dépourvu».
Le président de l’association ne conteste pas seulement le timing de l’entrée en vigueur de la décision, mais également le fait qu’elle «ne prévoit pas d’augmentation de marge de bénéfices des dépositaires grossistes en gaz, et ce malgré la hausse des charges, aussi bien les coûts du transport que celui de la main-d’œuvre».
Il estime néanmoins que la manière dont le gouvernement s’y est pris, en annonçant la décision la veille de son entrée en vigueur, peut être expliquée par le souci d’éviter la spéculation et l’entreposage illégal du gaz. Ce qui pourrait conduire à une pénurie.
Pour éviter ce genre de situation, explique Mohamed Benjelloun, «le gouvernement n’a pas communiqué avec nous, et même certains fonctionnaires du ministère de tutelle n’étaient pas informés».
Pour ce qui est des commerçants au détail, le responsable de l’association affirme que ces derniers ont appliqué l’augmentation de manière normale lundi dernier, comme prévu. «Nous ne disposons d’ailleurs pas de stock de cette matière», a-t-il ajouté. Il insiste néanmoins sur le fait qu’un sentiment de colère règne chez les distributeurs. Ces derniers ont même envisagé l’éventualité d’une grève et donc un arrêt de distribution. Mais pour l’heure, «on ne peut pas prendre cette décision, nous attendons que le gouvernement nous reçoive pour engager un dialogue sur les mesures à venir».
D’après le quotidien, le gouvernement, représenté par le ministère de l’Intérieur et celui de l’Économie et des finances, avait déjà eu une réunion de coordination à laquelle il avait convié le ministère chargé de la Transition énergétique et les représentants de l’association professionnelle des dépositaires grossistes en gaz.
Cette réunion, souligne le quotidien qui cite ce département, entre dans le cadre de la mise en œuvre du programme d’aides sociales et de démarrage du processus de décompensation partielle du gaz butane.