En France, l’inflation galopante n’épargne pas les étudiants. Ils devront faire face à une forte hausse de leurs dépenses à la prochaine rentrée universitaire. C’est l’alerte donnée par l’Union des étudiants de France (UNEF) dans une étude publiée la semaine dernière. Le syndicat annonce notamment une hausse de 6,47% du coût de la vie estudiantine à partir de septembre 2023, soit près de 50 euros supplémentaires par mois et près de 600 euros par an.
Dans le détail, le prix moyen du logement mensuel, qui représente plus de la moitié des dépenses des étudiants, augmentera de 3 à 4%. Idem pour ceux relatifs au transport, avec une hausse annuelle de près de 6% pour les non-boursiers et de près de 4% pour les boursiers, aux denrées alimentaires (plus de 14%) et aux consultations médicales (18%), les dépenses pharmaceutiques (17%) et les dépenses optiques (10%). «Jamais, en 19 ans d’enquête de l’Unef, l’évolution du coût de la vie estudiantine n’avait atteint de tels sommets», précise l’UNEF, qui s’inquiète d’une «précarité étudiante majeure qui s’installe dans le temps».
D’après certains étudiants marocains contactés par Le360, cette cherté de la vie se fait déjà sentir. «J’ai remarqué une forte hausse des prix des produits alimentaires. Idem pour le logement social, où je paie entre 200 et 300 euros grâce à l’aide de la Caisse d’allocations familiales (CAF)», confirme Mohamed Ali Srir, 21 ans, étudiant en 2ème année d’imagerie et intelligence artificielle (IA) à Télécom Paris.
«Les logements représentent 60-70% de nos dépenses mensuelles. J’habite en banlieue à côté de l’école, mais pour ceux qui vivent à Paris, les coûts sont plus élevés. Certes, la bourse nous aide beaucoup, mais elle ne couvre pas tout», renchérit celui qui est par ailleurs président de l’Association des Marocains aux grandes écoles (AMGE).
Si Mohamed Ali Srir bénéficie d’une bourse de mérite de l’Etat marocain d’un montant de 5.000 euros par an et de la Bourse de couverture sociale (BCS) de la France, tel n’est pas le cas pour beaucoup de ses compatriotes. Comme Ilham Ayyad, 22 ans, qui entame son Master 1 à l’ESC Clermont à la rentrée prochaine.
«Je reçois un virement de 650 euros par mois de mes parents. 50% de cette somme est destinée au loyer. Cette augmentation aura un impact sur les étudiants étrangers, qui seront contraints de se priver de certains loisirs pour mieux gérer leurs budgets», confie-t-elle.
La cherté du loyer, Ismail, étudiant en 3ème année à l’ENSTA Paris, spécialité finance quantitative, la ressent aussi. «J’ai constaté une hausse de 3% des prix du loyer en début d’année. Le prix de mon loyer est passé de 438 euros par mois à 449 euros. L’aide au logement versé aux étudiants par la CAF n’a augmenté que de 2 euros, ce qui est insuffisant pour pallier cette hausse», indique ce boursier du Maroc âgé de 21 ans.
Pour Ikram Hamid, étudiante en dernière année dans une école d’ingénieurs à Paris, l’inflation des prix des aliments est perceptible depuis l’année dernière. «Auparavant, je faisais mes courses dans certains supermarchés qui proposaient des prix abordables. Maintenant, tous proposent quasiment les mêmes prix», constate-t-elle.
Les dépenses alimentaires montent en flèche
Celle qui consacrait 150 euros par mois à ses achats est maintenant obligée de débourser le double pour assurer son ravitaillement. Un constat partagé par Ismail, qui nous explique que la facture de ses achats hebdomadaires est passée d’une quarantaine d’euros à 70 euros.
Quittons Paris pour la Canebière, à Marseille. Là aussi, l’inflation se vit. «C’est la hausse des factures d’électricité qui m’a le plus surpris, surtout durant l’été, période où le coût avoisine les 30 ou 40 euros, en dépit d’une faible consommation», témoigne Amine, 22 ans, étudiant en 2ème année à Centrale Méditerranée (ex-Centrale Marseille).
Selon Mohamed Ali Srir, la BCS, suspendue depuis deux ans, facilitait la vie à de nombreux étudiants marocains. Il s’agissait de 300 bourses d’une durée de 3 ans, que l’ambassade de France au Maroc offrait chaque année aux étudiants marocains des écoles d’ingénieurs et des écoles de commerce.
Ses avantages: exonération des droits de scolarité pour les établissements publics relevant du ministère de l’Enseignement supérieur, exonération des frais de couverture sociale, facilitation de la recherche de logement en résidence universitaire CROUS en fonction des disponibilités, et remboursement des frais de la procédure Campus France-Maroc.
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Cette suspension, Amine, comme tant d’autres, en fait les frais: «Faute de BCS, j’étais obligé de payer mes frais de scolarité qui s’élevaient à 3.700 euros, alors que c’est 2.500 euros pour les étudiants français non boursiers.» Dans son étude, l’UNEF révèle d’ailleurs une hausse des tarifs d’inscription pour les étudiants étrangers, dont 2.770 euros pour la licence, au lieu des frais habituels de 170 euros, soit «16 fois plus cher que les étudiants européens».
Les étudiants non boursiers durement affectés
Cette conjoncture difficile affecte particulièrement les étudiants non boursiers issus de familles modestes. «En tant qu’association, nous avons reçu des demandes d’aide de la part d’étudiants qui ont été affectés par cette hausse du coût de la vie. Nous les orientons vers d’autres structures qui pourraient les soutenir via des paniers alimentaires», confirme Mohamed Ali Asrir. «Certains étudiants sont même contraints de faire de petites économies et se priver de certaines sorties ou voyages pour faire face à cette difficile situation».
D’autres, en revanche, donnent des cours particuliers à leurs cadets ou aux lycéens, ou exercent un job d’étudiant pour compléter leur budget. «Pour faire face à cette hausse du coût de la vie, j’ai décidé de donner ces cours de soutien. J’avais également pu décrocher un contrat de travail d’un an à la bibliothèque de mon école pour une rémunération mensuelle de plus de 200 euros. Et je souhaite poursuivre ce travail dès la rentrée prochaine», soutient Ismail.
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Bien évidemment, les nouveaux étudiants marocains, qui débarqueront en France dans les prochains jours, devraient se préparer à faire face à cette hausse du coût de la vie. Mohamed Ali Srir leur prodigue quelques conseils: «Il faut prendre le temps de bien préparer ses documents administratifs pour bénéficier des aides sociales qui pourront réduire de 30 ou 40% son loyer, et effectuer toutes les démarches relatives à la couverture sociale pour être bien pris en charge en cas de maladie».
Il faut aussi «essayer de trouver son logement le plutôt possible et ne pas hésiter à effectuer les procédures nécessaires pour changer de logement une fois en France si celui-ci ne vous convient pas», suggère le président de l’AMGE.
Quant à Ilham, elle leur suggère de ne dépenser que le strict minimum, en se focalisant sur le logement et la nourriture, et ne pas hésiter à solliciter les assistants sociaux, en cas de besoin.