En 63 ans, la quantité d’eau par habitant a été divisée par 4 au Maroc

En 1960, chaque habitant du Maroc disposait de 2.560 mètres cubes d’eau par an, mais ce chiffre a baissé pour atteindre seulement 606 mètres cubes par an aujourd’hui.

Selon le ministre de l’Équipement et de l’eau, Nizar Baraka, la sécheresse, la surexploitation des ressources souterraines et la diminution des apports des barrages posent de graves défis pour la gestion de l’eau. Le point.

Le 30/05/2023 à 12h36

Le Maroc est confronté à une situation de stress hydrique alarmante, avec des ressources en eau qui diminuent de manière préoccupante. Selon les chiffres présentés par le ministre de l’Équipement et de l’eau, Nizar Baraka, lors d’une réunion avec les parlementaires du Rassemblement national des indépendants (RNI), lundi 29 mai, la dotation en eau par habitant est en chute libre.

Selon le ministre, chaque habitant disposait en 1960 de 2.560 mètres cubes d’eau par an, mais ce chiffre a baissé pour atteindre 606 mètres cubes par an aujourd’hui. Et d’ici 2030, la prévision est encore plus alarmante, avec une estimation de seulement 500 mètres cubes par habitant par an.

La sécheresse a largement contribué à cette situation critique. La période allant de 2018 à 2022 a été caractérisée par une succession d’années de sécheresse avec des déficits successifs de 54%, 71%, 59% et 83% par rapport aux apports moyens annuels. Il s’agit, selon Nizar Baraka, des apports les plus faibles observés depuis 1945.

Baisse du niveau des nappes phréatiques

Ces précipitations insuffisantes ont également entraîné une baisse record des niveaux d’eau souterraine, avec des diminutions notables dans différentes nappes phréatiques à travers le pays. Toujours selon les données fournies par Nizar Baraka, les niveaux d’eau de la nappe phréatique de Zagora, Jebel El Hamra et Saïss ont enregistré des baisses respectives de 6,85 m, 6,04 m et 6 m. Ces chiffres sont le résultat de la surexploitation des ressources en eau souterraine, un défi majeur à relever.

Pour le responsable gouvernemental, il est alarmant de constater que plus de 80% des puits ne sont pas autorisés. D’où l’urgence de réguler et de contrôler l’exploitation de ces ressources vitales.

Il a, en outre, relevé que les apports en eau des barrages ont atteint leur niveau le plus bas en 2022, représentant la plus faible capacité de remplissage enregistrée au Maroc depuis 1945, avec un total de 1.989 millions de mètres cubes enregistrés entre 2021 et 2022, soit un déficit de 83% par rapport à l’apport moyen et de 62% par rapport à 2020-2021.

Par ailleurs, les précipitations enregistrées entre le 1er septembre 2022 et le 24 mai 2023 ont présenté une moyenne variant de 31,5 mm à 372 mm. Un pic cumulatif de 1.038 mm a été observé à Jbel Aouddouk, dans le bassin de Sebou. De plus, le volume total estimé des apports en eau provenant de tous les grands barrages du pays s’élève à environ 3,16 milliards de mètres cubes.

S’agissant des principaux défis auxquels le Maroc est confronté, Nizar Baraka a souligné l’impact du changement climatique et des phénomènes climatiques extrêmes, ainsi que la demande croissante en eau. Il a également mentionné la surexploitation des ressources en eau souterraine, la pollution de l’eau, l’érosion des sols et la diminution des réserves des barrages. Ces défis multiples nécessitent une attention particulière et des actions concertées pour assurer une gestion durable des ressources hydriques au Maroc.

Par Hajar Kharroubi
Le 30/05/2023 à 12h36