Empowerment féminin. We4She se penche sur les biais inconscients liés au genre

Maxime Ruszniewski, membre du Haut conseil français à l’égalité, et Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre française des Droits des femmes.

Le 01/05/2024 à 09h12

VidéoWe4She, un réseau œuvrant pour l’amélioration de la représentation des femmes dans les instances de décision, a organisé hier, lundi 29 avril à Casablanca, une conférence sous le thème: «Biais inconscients, ces stéréotypes qui font mauvais genre», avec la participation de Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre française des Droits des femmes, et de Maxime Ruszniewski, membre du Haut Conseil français à l’égalité.

«Biais inconscients, ces stéréotypes qui font mauvais genre»: tel est le thème de la conférence organisée le lundi 29 avril à Casablanca, par We4She, réseau associatif œuvrant pour l’amélioration de la représentation des femmes dans les instances de décision. Objectif: sensibiliser sur les biais de genre, ces dynamiques subtiles, mais puissantes qui perpétuent les inégalités entre les sexes, et d’explorer des pistes pour les surmonter.

La conférence, qui a réuni des professionnels, des universitaires, des étudiants et des militants pour l’égalité des genres, a vu la participation de Najat Vallaud-Belkacem, ex-ministre française des Droits des femmes et ancienne ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations.

S’appuyant sur son expérience gouvernementale, Najat Vallaud-Belkacem a, dans son intervention, décrit comment les biais inconscients se manifestent dans la vie professionnelle et personnelle, et a rappelé que, malgré des avancées significatives, les femmes affrontent toujours un «plafond de verre» constitué par des stéréotypes genrés qui les conditionnent à se montrer moins ambitieuses que leurs homologues masculins.

«On se dit parfois que c’est une discrimination brute contre les femmes qui les empêche d’accéder aux choses. En fait, cette discrimination brute est plus rare que les biais de genre inconscients, dans lesquels nous baignons tous, hommes et femmes, et qui rendent la tâche particulièrement difficile pour les femmes», a-t-elle souligné.

«Nous, hommes et femmes, n’avons pas été élevés de la même façon. Les femmes ont été imprégnées de l’idée qu’il fallait être bonnes élèves, se tenir à carreau, moins jouer des coudes que les hommes, ce qui est compliqué quand on arrive sur le marché du travail», poursuit-elle.

Et de détailler les conséquences d’une telle éducation: «Les femmes se dévalorisent souvent, ne négocient pas comme il le faudrait le niveau de leur salaire au moment de l’embauche. Puis elles sont confrontées à des hommes qui ne veulent pas particulièrement laisser leur place et qui, parfois, cèdent à la tentation du dénigrement et de l’invisibilisation des femmes». Et même après avoir grimpé dans la hiérarchie professionnelle, l’affaire n’est gagnée. «Même quand celles-ci sont à des postes de responsabilité, nombre d’entre elles sont en réalité en souffrance. En souffrance du fait du comportement, parfois de supérieurs hiérarchiques, parfois de collègues et parfois même d’inférieurs hiérarchiques», déplore-t-elle.

Revenant sur la loi française du 4 août 2014, relative à l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, Najat Vallaud-Belkacem a noté que ce texte visait non seulement à améliorer la parité professionnelle, mais aussi à redéfinir les rôles pour une distribution plus équitable des responsabilités domestiques.

«L’une des solutions proposées par la loi du 4 août 2014 était de favoriser un meilleur partage des responsabilités familiales et domestiques, notamment en équilibrant le congé parental entre hommes et femmes. Cela aurait pour effet de soulager quelque peu les femmes des charges maternelles et de leur permettre de s’investir davantage dans leur carrière professionnelle», explique l’ancienne ministre.

Sans ambitions, il sera impossible de progresser

De son côté, Maxime Ruszniewski, membre du Haut Conseil français à l’égalité, prône une approche progressive pour transformer les mentalités, appelant à des indicateurs précis pour suivre les progrès et ajuster les stratégies en conséquence.

«L’idée n’est pas de renverser la table d’un coup, car nous savons très bien que cela serait compliqué. C’est plutôt d’essayer progressivement de changer les mentalités, en douceur, pour parvenir à cette belle égalité que nous attendons tous et toutes. On atteint l’égalité professionnelle en dressant d’abord un constat, puis en proposant des solutions et des mesures, des indicateurs pour suivre les progrès, et cela est essentiel», explique Maxime Ruszniewski.

«Le but de cette conférence est de montrer que sans ambition, sans indicateurs chiffrés, sans suivre les progrès réalisés d’une année sur l’autre, il est impossible de progresser. Donc, il est essentiel de se donner les moyens de ses ambitions», conclut conférencier.

À noter que lors de cette conférence, le prix du «Gender Diversity Award» a été décerné à la société pharmaceutique marocaine Pharma5, représentée par sa secrétaire générale Yasmine Benamour. Une entreprise où 52% des collaborateurs, 50% des managers et 66% des membres du Comité de direction sont des femmes: voilà un bel exemple de parité.

Par Hajar Kharroubi et Khadija Sabbar
Le 01/05/2024 à 09h12