À chaque orage, chaque averse, les Tangérois retiennent leur souffle. Fragilisée par des infrastructures vétustes et un système d’assainissement liquide défaillant, la capitale du Nord se prépare (ou pas) à affronter le pire à la veille des prochaines pluies. Les signes avant-coureurs d’une possible catastrophe ont beau être plus que visibles, les responsables locaux persistent dans leur inaction.
Dans les ruelles des quartiers populaires, comme Boukhalef, Mesnana ou Mghogha, le décor est inquiétant: des bouches d’égouts ensevelies sous les ordures, des canalisations qui débordent à la moindre ondée et une population désarmée face à un danger latent. Alors que partout ailleurs, la pluie est perçue comme une bénédiction, elle est presque vécue comme une malédiction à Tanger, ville dont les infrastructures semblent condamnées à l’abandon.
Si les rues et artères du centre-ville ont encore droit à quelques interventions d’entretien sporadiques, les quartiers périphériques sombrent dans la négligence. À Boukhalef, par exemple, les amas de boue et de déchets transforment les bouches d’égout en pièges sans utilité. À Aouama, les riverains savent déjà que quelques gouttes suffiront à faire des ruelles des torrents déchaînés.
Les habitants de Sidi Hssain ou de Mers Achennad ne cessent de tirer la sonnette d’alarme, mais leurs doléances sont toujours restées sans réponse. Le scénario est écrit d’avance: des pluies abondantes, des rues inondées, des habitations submergées par les flots et, parfois, des pertes en vies humaines. En l’absence d’opérations de nettoyage, d’une maintenance régulière et de travaux préventifs, les infrastructures de drainage inefficaces constituent de véritables bombes à retardement.
Regard d'égout situé en bordure de rue, obstrué par des feuilles mortes et des débris. (S.Kadry/Le360). Le360