Les chiffres fournis par la direction régionale de la santé parlent d’eux-mêmes: plus de 40% des cas de contamination au Covid-19 au sein du Royaume sont enregistrés dans la capitale économique. La Métropole regroupe plus de 10.000 cas actifs, dont plus de 400 en réanimation ou en soins intensifs.
La préfecture la plus touchée est celle de Casa-Anfa avec une incidence cumulée hebdomadaire de 294 pour 100.000 habitants contre une moyenne de 206,6/100.000 habitants pour la ville dans son ensemble. Le seuil critique fixé par le ministère de la Santé est de 50/100.000 habitants.
«Il y a une très forte concentration de cas positifs à Casablanca. Les professionnels de la santé sont mobilisés depuis le mois de mars et sont à bout de force. Ajouter à cela, le nombre de cas positifs qui viennent dans les structures de santé, je peux vous dire que la situation est assez critique. Actuellement, nous avons une capacité totale de 2.742 lits, 215 lits en réanimation et 476 en unité de soins intensifs. Quasiment tous les lits sont malheureusement occupés et les hôpitaux sont saturés. La situation est alarmante», explique la docteure Zaynab Alaoui, chef du département de la Santé publique de la région Casablanca-Settat.
Actuellement, près de 22% des cas actifs sont pris en charge dans les structures de santé et 78% sont traités à domicile. Les cas les plus touchés ou n’ayant pas la possibilité de s’isoler chez eux sont accueillis au sein des hôpitaux tandis que les cas moins sévères et les cas asymptomatiques sont suivis à domicile.
Un simple tour dans les rues de la ville permet de comprendre cette évolution. Dans la majorité des quartiers, le port du masque et les mesures de distanciation sociale semblent faire partie du passé. Pire encore, au marché au gros de Sidi Othman, qui alimente toute la métropole en fruits et légumes, les vendeurs, les chauffeurs, les clients et les portefaix ne respectent aucune mesure de sécurité sanitaire. Les denrées alimentaires sont manipulées par des personnes sans masque et les clients, non masqués, se bousculent dans les allées du marché.
«Qui dit Casablanca dit Métropole et donc population active et transport en commun, mais plus personne ne respecte les mesures de sécurité sanitaire. J’ai été surpris de voir les cafés à Derb Ghallef bondés où aucune mesure de distanciation sociale n’est respectée. A Casablanca, c’est l’anarchie et on risque d’atteindre les 5.000 ou les 10.000 cas, c’est une grande ville», déplore un habitant et militant associatif de la ville.
La reprise des cours en présentiel provoque des attroupements à l’entrée des écoles, à bord des transports en commun, la règle des 50% de capacité d’accueil imposée par les autorités n’est pas respectée et les usagers ne portent pas de masque ou le portent mal. Bus, taxis et tramway deviennent alors de véritables alliés du virus.
«Ces images sont terribles, ce que nous avons vu dans les rues de Casablanca, c’est l’anarchie. Pas de port de masque ou alors il est porté au niveau du cou, pas de distanciation. Autour des écoles, il y a des attroupements, des jeunes qui jouent sur des terrains sans protection… C’est vraiment attristant pour nous, en tant que professionnels de santé, de voir encore ce genre de comportements. Il faut vraiment serrer la vis. Je ne sais pas comment, mais la population doit comprendre que sans ces mesures, nous sommes tous sujets à contamination», déclare la docteure Zaynab Alaoui, après avoir vu les images filmées dans les rues de Casablanca et que nous lui avons montrées.
Face à cette situation, la préfecture de police de Casablanca a décidé, dans la matinée du vendredi 23 octobre, de renforcer les contrôles au niveau des accès de la Métropole, annonçant le début du durcissement des mesures restrictives. Dans la soirée, le gouvernement a annoncé une batterie de mesures, qui prendront effet dimanche 25 octobre à 21h, au niveau du Grand Casablanca (préfectures de Casablanca et de Mohammedia et provinces de Nouaceur et Mediouna) et des provinces de Berrechid et Benslimane, et qui resteront en vigueur pendant quatre semaines.