Les habitants de Derb Rmad, à Casablanca, ont été tirés du sommeil par un fracas avant l’aube. En quelques secondes, une vieille bâtisse — inscrite depuis 2012 sur la liste des constructions menaçant ruine — s’est effondrée, blessant plusieurs occupants. Les secours et les autorités locales, alertés immédiatement, se sont rendus sur place pour lancer les opérations de recherche, de sauvetage et de sécurisation du périmètre.
Sur les lieux, la stupeur le dispute à la douleur. Au milieu des cris et d’un nuage de poussière, les riverains peinent à comprendre comment le pire a pu se produire malgré des avertissements répétés. «Je me suis levée à 5H30: la maison était déjà effondrée. Les voisins sont allés prévenir les autres. L’un a à peine eu le temps de sauver ses neveux que tout s’est totalement écroulé», confie une habitante encore sous le choc.
La voix tremblante, elle décrit des scènes de désespoir. «Pour Fatima, notre voisine, son mari a tenté de la protéger: il s’est allongé sur elle et est mort sur place, écrasé sous les décombres. Elle, est décédée un peu plus tard à l’hôpital», confie-t-elle, bouleversée.
Avant même l’arrivée des secours, la solidarité du quartier a pris le relais. «Les jeunes ont fait une grande partie du travail: ils ont sorti des victimes des ruines avant l’intervention des équipes officielles. Certains leur doivent la vie», souligne-t-elle.
Amas de gravats et de débris après l’effondrement d’une maison de quatre étages à Derb Rmad, dans l’ancienne médina de Casablanca. (S.Bouchrit/Le360)
Les deux blessés, grièvement atteints, ont été évacués en urgence vers le centre hospitalier régional Moulay-Youssef, où ils reçoivent les soins nécessaires. Parallèlement, le parquet compétent a ouvert une enquête judiciaire afin d’établir précisément les circonstances de ce drame.
D’après les autorités locales, l’immeuble appartenait à un ensemble de constructions fragilisées de l’ancienne médina, déjà recensées comme «menaçant ruine». Un ordre d’évacuation avait été émis il y a plus d’une décennie. Si la plupart des résidents avaient accepté de quitter les lieux, quelques familles — par attachement à leur foyer ou faute d’alternative — étaient restées malgré un risque connu.
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Aujourd’hui, les survivants se retrouvent sans toit. Le visage défait, ils attendent un signe d’aide. «Dès ce soir, nous serons à la rue. Nous n’avons nulle part où aller avec nos enfants, maintenant qu’on nous demande d’évacuer. Nous demandons qu’un logement nous soit trouvé au plus vite», déplore une habitante, un sac à la main contenant les rares effets sauvés des décombres.
Dans les ruelles étroites de l’ancienne médina, cet effondrement résonne comme un énième avertissement: l’urgence de traiter, enfin, la question des bâtiments menaçant ruine.














