Des gosses de riches à Bouya Omar

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Revue de presseKiosque360. Contrairement à une certaine idée reçue, le mausolée Bouya Omar et les maisons qui l’entourent ne sont pas réservés qu’au petit peuple. Des universitaires, des responsables et même des médecins y confinent leurs proches devenus trop encombrants. Les détails.

Le 28/05/2015 à 23h22

Il n’y a pas que les familles démunies qui, n’ayant d’autre choix, confient leurs proches, toxicomanes ou atteints de troubles mentaux, aux soins des «gérants» de Bouya Omar. La preuve? Assabah, dans son édition de ce vendredi 29 mai, nous fait le récit de familles très aisées qui, par lassitude ou pour avoir la «paix», ont décidé de confier les leurs aux «serviteurs» du saint homme, près de Kelaât Sraghna. Des fils de hauts gradés de la police, de professeurs universitaires, de médecins et d’infirmiers figurent ainsi parmi les pensionnaires de Bouya Omar, explique le journal qui affirme que cela sonne comme un désaveu du système de santé marocain. Assabah, qui cite un membre de l’Association des familles des pensionnaires de Bouya Omar, affirme que même les professionnels du secteur de la santé envoient leurs proches dans cette région, quitte à débourser des mensualités variant entre 1000 et 2500 DH. Quitte, aussi, à voir leurs proches exploités sexuellement, réduits à la mendicité, voire même à l'esclavage.

Désolé, mais tu iras à Bouya Omar!Assabah relate plusieurs histoires de familles qui se sont en quelque sorte trouvées dans l’obligation de placer les leurs, atteints de troubles mentaux, mais surtout devenus source de dangers pour leur environnement. C’est le cas de ce jeune homme qui n’avait plus tous ses esprits et avait pris l’habitude de violenter sa mère qui souffrait en silence et cachait ses blessures physiques et morales. Une fois la pauvre femme morte, les frères et sœurs du jeune homme l’ont interné à Bouya Omar. Autre histoire plus triste encore: celle d'un jeune homme de Casablanca qui a été ligoté par les siens et embarqué à bord d’un grand taxi qui l'a conduit à Bouya Omar. Pendant le trajet, il a supplié sa mère de dénouer ses liens pour fumer une cigarette. Profitant d’un moment d’inattention du conducteur, il s’est alors emparé du volant et a causé ainsi le renversement du véhicule: son frère, instituteur, est mort sur le coup. Sa mère s’en est sortie avec plusieurs fractures du dos.

El Hossein El Ouardi, ministre de la Santé, a juré, récemment, de fermer le mausolée et ses dépendances et de prendre en charge les pensionnaires. Ira-t-il jusqu’au bout? Aura-t-il les moyens de cette courageuse démarche? La réponse bientôt. 

Par Fatima Moho
Le 28/05/2015 à 23h22