«Nous avons dû abandonner nos cultures. Toutes les terres ont été endommagées par le lixiviat. Nous disposons de grandes surfaces qu’on peut investir pour développer la région de Médiouna, mais les terres ont perdu toute leur valeur financière, on n’arrive même pas à les vendre», se plaint la propriétaire d’un domaine agricole sis à quelques kilomètres de la décharge de Médiouna.
Les éleveurs de la région ne sont pas épargnés non plus: «Nous ne trouvons plus d’eau potable pour notre cheptel. Nous sommes obligés d’aller chercher l’eau très loin. À cause de cela, nous avons dû abandonner l’activité d’élevage et nous n’avons plus de moyens de subsistance», déplore un éleveur approché par Le360. «Cette décharge nous rend la vie impossible. Nous voulons qu’elle disparaisse, pour qu’on puisse enfin vivre de manière décente comme tout le monde.»
À cause du lixiviat, l’activité agricole a également été abandonnée et les terres avoisinant la décharge désertée, une situation qui participe à la détérioration de la qualité de vie des citoyens et empêche le développement économique de la région. Interrogé sur ce point, Moulay Ahmed Afilal, vice-président du conseil communal de Casablanca se défend: «Lorsque nous avons pris les manettes de la commune, cette décharge existait déjà, tout comme l’ensemble des problématiques qu’elle pose.»
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Le responsable communal dit être conscient de la gravité du problème et de ses répercussions sur les riverains. «Les riverains nous ont rapporté avoir arrêté toute activité sur leurs terrains agricoles. Aussi, ceux qui désirent vendre leurs terrains ou biens immobiliers ne peuvent le faire qu’à des prix dérisoires», affirme-t-il.
Face à ce problème, la commune «tente de trouver une solution équitable pour ces gens». Afilal explique: «Après l’ouverture de la nouvelle usine de valorisation et de tri de déchets ménagers et de traitement du lixiviat, nous comptons construire des unités industrielles tout autour pour augmenter la valeur foncière de ces terrains».
Le conseil communal se dirige aussi vers la mise en place d’une zone industrielle dans cette région. «L’étude portant sur la création de cette zone industrielle est en cours», fait savoir notre interlocuteur, précisant que le wali de la région Casablanca-Settat a tenu plusieurs réunions avec la présidente du conseil communal pour accélérer le processus de mise en place de la nouvelle usine et de résolution des problèmes des riverains de la décharge.
On l’aura compris, la commune de Casablanca mise beaucoup sur cette nouvelle usine pour fermer cette boîte de Pandore. Permettre aux riverains de la décharge de Médiouna de revoir à la hausse les prix «dérisoires» de leurs fonciers en est l’un des objectifs, tandis qu’un autre est de mettre fin à l’odeur pestilentielle qui les gêne depuis plusieurs années.
«L’ensemble des problèmes causés par cette décharge seront définitivement réglés après la construction et le démarrage des activités de l’usine de valorisation et de tri de déchets ménagers et de traitement du lixiviat», assure Afilal.
L’ouverture de la nouvelle usine, qui sera financée à hauteur de 3,5 milliards de dirhams par la commune de Casablanca, le ministère de l’Intérieur, représenté par la Direction générale des collectivités territoriales (DGCT), le ministère de la Transformation énergétique et du développement durable et la wilaya de Casablanca, est prévue dans les trois années à venir, précise l’élu local. Selon nos sources, la commune est sur le point de préparer l’appel d’offres, ainsi que le cahier des charges de cette nouvelle usine, en vue de le lancer début 2024.
Cette enveloppe servira aussi à la réhabilitation en espaces verts de l’ancienne décharge et de la décharge actuelle ainsi qu’à la production d’énergie (biogaz) et de compost. «La DGCT a conclu un accord avec les cimentiers afin de chauffer leurs fours par le combustible issu de l’ancienne décharge», conclut Afilal.