De la laideur

Tahar Ben Jelloun.. Le360

ChroniqueJe regardais l’autre jour la photo de deux personnalités politiques algériennes: une laideur consternante se dégageait de leur visage, de leur regard, et même de leur poitrine endimanchée. Ici, ce n’est pas une malformation ou un rictus nerveux. Ici, c’est l’âme qui parle. Elle est bavarde. Ça se voit et ça s’entend. Il suffit de tendre l’oreille.

Le 09/09/2024 à 11h00

D’après mes valeurs et principes, je n’attaque jamais une personne sur son physique. L’important, ce n’est pas ce qui apparaît, mais ce qui est dit et fait. Certes, mais si je me fie à Jean Cocteau, qui a dit que, «passé quarante ans, on porte son âme sur son visage», je constate qu’en politique, cet adage n’épargne personne.

Albert Camus a lui aussi fait remarquer qu’«après un certain âge, tout homme est responsable de son visage». Quant à Sénèque, il a dit: «Le visage est le discours de l’âme». Sans être un mentaliste, il est des visages qui sont facilement lisibles.

La vraie laideur est celle qui émane de l’âme. Une âme maltraitée, mal considérée, mal vécue, mal «tout». Elle choisit le visage pour se faire entendre. C’est pour cela qu’on devrait faire attention au «discours de l’âme», qui nous renseigne sur les pensées profondes et souvent malveillantes de certaines personnes.

Je regardais l’autre jour la photo de deux personnalités politiques algériennes. Une laideur consternante se dégageait de leur visage, de leur regard, et même de leur poitrine endimanchée. Je n’ai aucun préjugé à leur égard. Je ne les connais pas personnellement, mais je sais, nous savons, combien ces gens nous veulent du mal et rêvent un jour d’attaquer notre pays. Ils le disent et le clament en toute impunité. C’est leur obsession.

Ici, ce n’est pas une malformation, un œil «qui dit merde à l’autre», ou un rictus nerveux. Ici, c’est l’âme qui parle. Elle est bavarde. Ça se voit et ça s’entend. Il suffit de tendre l’oreille.

L’abus des discours belliqueux et de la mauvaise bouffe y est pour quelque chose. Mais ce n’est pas cela qui est en question. Ce sont les reflets de la haine anti-marocaine qui ont déformé leur corps.

On a pris l’habitude, surtout dans les films américains, de lier le mal à la laideur physique. Je me souviens d’un western où un cow-boy borgne (campé par l’excellent Jack Elam, acteur qui a souvent tenu des rôles secondaires de méchant) s’est précipité pour sauver une petite fille qui avait failli être écrasée par un cheval fou. Le shérif, pensant qu’il allait kidnapper la fille, l’a tué. Ainsi, l’apparence physique est trompeuse.

Revenons à nos Algériens, obsédés par le Maroc, par ses réussites, par sa stabilité et par sa diplomatie efficace. Ils passent un temps fou à élaborer des plans pour faire obstacle à tout ce qui est marocain.

Ils sont laids parce qu’ils sont malhonnêtes.

Ils sont laids parce qu’ils sont remplis de haine et de volonté de nuire.

Ils sont laids parce qu’ils portent le malheur sur leur visage bouffi.

Ils sont laids parce qu’ils sont dans l’échec et le rejet par leur peuple.

Ils sont laids parce qu’ils sont menteurs et cruellement envieux.

Sous la plume d’un grand poète comme Charles Baudelaire, une laideur pourrait être transformée en quelque chose de bien. Ainsi, Baudelaire se considère comme un alchimiste qui transforme la laideur du réel en beauté: «J’ai pétri de la boue et j’en ai fait de l’or», écrit-il dans son poème «Orgueil».

Mais les dirigeants de l’Algérie, avec leur obsession anti-marocaine, ne savent qu’amasser de la boue pour la jeter sur ce voisin qui les gêne et les rend fous de jalousie. Tant que ce ne sont pas des bombes, on ne leur répondra pas.

Par Tahar Ben Jelloun
Le 09/09/2024 à 11h00