Mon ami Karim Boukhari a eu raison, samedi dernier, d’attirer notre attention sur le scandale que certains députés ont créé ces derniers mois, jetant l’opprobre sur l’ensemble des représentants du peuple marocain. En même temps, Sa Majesté a demandé la mise en place d’un «code de déontologie juridiquement contraignant pour les deux chambres de l’institution législative».
Comment y remédier? Je propose d’avoir recours à un peu de pédagogie, avant et après les élections.
Avant cela, des personnalités du monde du droit et de la science politique pourraient expliquer aux candidats à la députation ce que cela veut dire, ce que cela implique et leur expliquer clairement quels sont les droits et surtout les devoirs d’un élu du peuple.
Il faudrait aussi exiger un niveau d’études qui s’avère nécessaire pour siéger et défendre les intérêts de ceux qui l’ont élu. Désolé de tenir à l’écart certaines personnes ne sachant ni lire ni écrire. À moins de leur donner des cours de façon accélérée. L’analphabétisme est encore une tache noire dans le pays.
Une fois devenu député, autrement dit représentant de sa ville, de son village ou de son quartier, une autre pédagogie devrait être instaurée. Un rituel pour apprendre ce qu’un parlementaire doit faire et surtout ne jamais faire. Pour porter sur les épaules un tel honneur, une telle responsabilité, il faudra se montrer digne de cette immense confiance. Digne veut dire être au niveau d’exigence et de respect des lois, des principes et des valeurs censés être à la base de cette fonction.
Un député doit être exemplaire, avoir un comportement irréprochable.
Un député n’est plus un individu isolé, seul. Il est le représentant de milliers d’autres individus qui l’ont chargé de porter leurs paroles dans cette enceinte, de les exposer et de les défendre.
Un député ne pense pas à lui, mais à ceux, non visibles, qui se tiennent derrière lui et attendent qu’il intervienne pour eux.
Un député se débarrasse de son égoïsme, délaisse ses intérêts personnels et ne pense qu’à l’intérêt supérieur de l’État.
Sa modestie est naturelle. Il ne pense pas à lui, il ne se rend pas service à lui-même, mais il est au service de l’État, du peuple, de la nation.
De là, il devrait mettre entre parenthèses les affaires qu’il avait en cours avant son élection. En aucun cas, il ne devrait profiter de son statut pour faire fructifier ses affaires. Tant qu’il est député, il oublie les affaires. C’est un point fondamental. La fonction de représentant de la population lui interdit de mélanger le privé et le travail parlementaire.
Un député fait normalement partie d’un groupe, d’un parti. Il doit suivre les recommandations de son parti jusqu’à la limite où les intérêts du parti et ceux du pays se rejoignent. Aucun favoritisme n’est permis. Pas de mélange des genres.
L’immunité est un droit. Encore faut-il la respecter strictement et ne pas en faire un voile pour faire autre chose que ni la loi ni le droit n’autorisent.
Les qualités d’un député sont essentielles pour bien faire son travail. C’est pour cela qu’avant de s’engager en politique, il faudrait avoir en tête toutes les qualités nécessaires pour prétendre représenter des électeurs qui, par leur geste, lui expriment leur confiance.
La confiance a de la noblesse et de la valeur. Besoin est de la respecter et d’être à sa hauteur.
Nous savons tous, malheureusement, qu’il suffit d’un poisson pourri dans le couffin pour contaminer tous les autres. La dernière affaire de drogue a jeté un discrédit nauséabond sur le Parlement. Certes, la justice est au travail. Mais ce que nous aimerions, nous autres, citoyens sincères, nous aimerions que cela n’arrive jamais. Des voyous, il y en a partout dans le monde. Aucune société ne peut prétendre en être dépourvue. Ce n’est pas une raison pour ne pas repenser la notion de représentativité et moraliser au maximum la fonction de député (comme celle de n’importe quel homme politique).
Un dernier point: si on a été élu, c’est pour être présent, pas absent. Or l’absentéisme -sauf en cas de force majeure- doit être condamné en payant une amende qui sera prise sur le salaire du député.
Le sérieux doit être la base de tout travail. Déjà, nombre de citoyens se demandent à quoi sert le Parlement. Un travail devrait être entrepris par les députés pour corriger leur image et leur réputation. Pour cela, il y a le sérieux, toujours le sérieux et, toujours présente à l’esprit, la déontologie.