La ville de Casablanca ressemble à un mégachantier permanent: les clôtures sont partout et les bruits des scies à sol, compacteurs et bétonnières, gênants il y a quelque temps, rythment à présent le quotidien des Casablancais, habitués, mais surtout lassés, car les travaux ont pris beaucoup plus de temps que prévu.
«L’ancien conseil communal de Casablanca n’a réalisé que 38% de son plan d’action communal (PAC), dont 18% dans le cadre du plan général de développement de la région Casablanca-Settat, initié par le roi Mohammed VI en 2014. En plus, plusieurs chantiers connaissent un retard, plus particulièrement les infrastructures routières», explique Moulay Ahmed Afilal, vice-président du conseil communal de Casablanca, contacté par Le360.
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Pour remédier à ce retard et poursuivre le développement de la ville, l’actuel conseil communal de la capitale économique du Royaume se dirige vers l’élaboration d’un nouveau plan d’action communal (PAC) pour les six ans à venir.
Pour information, le PAC est le document de référence pour la programmation des projets et des activités prioritaires de la commune visant à produire des services de proximité au profit des citoyens. En tant que compétence propre de la commune, le PAC est élaboré durant la première année du mandat du conseil. Il prévoit, pour une période de six ans, les actions de développement que la commune envisage de réaliser sur son territoire.
D’après Moulay Ahmed Afilal, le nouveau PAC de la ville de Casablanca est en phase de finalisation. Une réunion se tiendra mercredi 4 janvier 2023 pour présenter ce plan d’action aux membres de la commission chargée de son étude, avant de le soumettre à l’approbation de l’ensemble des membres du conseil lors de la session de février 2023.
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L’objectif de ce document «hautement stratégique» est, selon ce responsable local, d’«intégrer des projets réalisables et surtout bénéfiques pour l’ensemble des Casablancais et visiteurs de la ville».
Et pour cela, le conseil a dressé ses priorités. Il s’agit, d’après Moulay Ahmed Afilal, de la construction et de la réhabilitation des maisons de jeunes. «Nous avons remarqué que les jeunes ont plus tendance à la déviation et l’absence des maisons de jeunes y a joué un rôle», fait remarquer cet élu local.
Dans le même sens, le conseil de la ville ambitionne de récupérer les terrains de proximité, créés sur sa décision, mais qui sont dirigés par des associations. «Le modèle actuel de gestion des terrains de proximité a montré ses limites et a renforcé l’économie de rente en faveur d’une poignée d’associations qui orientent ces terrains pour leurs propres intérêts», regrette Moulay Ahmed Afilal.
D’autres projets verront le jour, dans le cadre de ce PAC, notamment l’élargissement des espaces verts de la métropole dans le cadre du partenariat entre le conseil de la ville et la Banque mondiale (BM), poursuit cet interlocuteur.
Il convient de rappeler que le conseil des administrateurs de la BM avait approuvé, en juin 2022, un financement de 100 millions de dollars en faveur du programme d’appui à la commune de Casablanca, dont la moitié est dédiée à l’environnement.
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Parmi les priorités du nouveau PAC, on trouve également la mise en place, à l’extérieur du périmètre urbain, d’une zone consacrée aux marchés de gros. «L’ensemble des marchés de gros de la métropole seront délogés à l’extérieur de la ville, notamment le marché de gros des fruits et légumes, celui des volailles et des poissons», souligne Moulay Ahmed Afilal. «La présence de ces mégamarchés au cœur de Casablanca crée beaucoup de problèmes, notamment logistiques et de circulation», poursuit-il.
L’ouverture d’une usine de valorisation des déchets s’érige aussi en priorité pour la ville. Celle-ci sera financée à hauteur de 3,5 milliards de dirhams par la commune de Casablanca, le ministère de l’Intérieur représenté par la Direction générale des collectivités territoriales (DGCT), le ministère de la Transformation énergétique et du Développement durable, ainsi que la wilaya de Casablanca. Elle est prévue dans les trois années à venir, précise Moulay Ahmed Afilal. «Après sa mise en service, cette usine servira pendant 30 ans», précise-t-il.
Cette enveloppe servira également à la réhabilitation en espaces verts de l’ancienne décharge et de la décharge actuelle, ainsi qu’à la production d’énergie et de compost. «La DGCT a conclu un accord avec les cimentiers afin de chauffer leurs fours par le combustible issu de l’ancienne décharge», ajoute notre interlocuteur dans le même sens.
En ce qui concerne les infrastructures routières, le nouveau PAC s’assignera pour objectifs, selon les précisions du vice-président du conseil communal, d’abord d’«accélérer les chantiers en retard», puis de «revoir les infrastructures de la ville dans leur globalité».
Un hic cependant: le conseil de la ville doit avant tout «assainir le foncier» avant de se pencher sur la réalisation de l’ensemble des projets qui figureront dans le PAC. «Cela pose un véritable problème et risque de retarder la cadence de réalisation des projets», note-t-il.