Casablanca: le bras de fer entre plateformes de VTC et taximen, parti pour durer

Le bras de fer entre les applications de transport et les chauffeurs de taxi se durcit.

Le bras de fer entre les applications de transport et les chauffeurs de taxi se durcit. . khalil Essalak / Le360

Le 17/10/2022 à 09h34

VidéoLe bras de fer entre les applications de transport en commun et les chauffeurs de taxi se durcit. Celles-ci se vantent d’un service personnalisé, alors que les seconds crient au scandale et sollicitent l’intervention du ministère de l’Intérieur. Reportage.

C’est bien connu, les taxis, bus et tramways de Casablanca ne permettent pas de répondre aux besoins d’une population de plus en plus nombreuse et exigeante.

Ces dernières années, plusieurs plateformes de VTC (véhicule de tourisme avec chauffeur) ont vu le jour avec l’ambition de partager le marché du transport avec les professionnels du secteur. Pour justifier leur présence, ces nouveaux opérateurs ne manquent pas d’arguments. «La ville de Casablanca est vaste, et les moyens de transports en commun présents ne permettent pas de servir tous les clients», explique Youssef, un chauffeur pour le compte d’une plateforme de VTC, interrogé par Le360.

«Ces plateformes permettent à une part importante de jeunes Marocains d’avoir une source de revenus, comme elles permettent aux Casablancais d’avoir un moyen supplémentaire de transport», a-t-il expliqué.

De plus, ces plateformes offrent des services personnalisés qui permettent de répondre aux besoins de mobilité de tout un chacun. «Les voitures utilisées sont tout le temps propres, les chauffeurs sont très disciplinés et se déplacent au domicile des clients pour les emmener où ils veulent», indique ce chauffeur.

Fatima Zahra, qui propose ses services sur l'une de ces plateformes, est persuadée de l’importance de ces nouvelles applications. Elle insiste sur le fait qu'elles privilégient la sécurité: «les plateformes de VTC exigent de leurs collaborateurs plusieurs documents pour s’assurer de leur identité, notamment une copie du permis de conduire, la carte grise, l’assurance, ainsi qu’une photo du véhicule», a-t-elle déclaré, interrogée à ce propos par Le360. La présence de plusieurs femmes sur la plateforme est «une source supplémentaire de sécurité, surtout pour la gent féminine», poursuit-elle.

Les deux transporteurs privés insistent sur la nécessité de «réformer ce secteur» et «d’octroyer les autorisations nécessaires leur permettant d’opérer dans la légalité». Une réforme qui peine à être concrétisée, à cause du «lobbying des détenteurs d’agréments de taxi». Ceux-ci «seront les premiers perdants en cas de réglementation des plateformes de VTC, car les chauffeurs professionnels, qui opèrent pour le compte des propriétaires de taxi, chercheront à avoir leurs propres véhicules et à travailler à leur propre compte», explique Youssef. 

L’ire des taximenAutre avis pour les taximen, qui dénoncent l’émergence d’une nouvelle forme de «transport clandestin, interdit par la loi en vigueur». «Il s’agit d’un transport clandestin qui profite de l’évolution technologique. Nous ne sommes pas contre la technologie, mais plutôt contre son usage illégal dans le secteur du transport, régi par plusieurs lois», martèle Sadik Boujaara, secrétaire général du Syndicat national des chauffeurs de taxis.

Exprimant son mécontentement, le représentant des chauffeurs de taxis explique que «lorsque ces plateformes ont vu le jour, la Wilaya leur avait imposé un cahier des charges, fixant plusieurs conditions, dont l’obligation de ne collaborer qu’avec des chauffeurs de taxis», rappelle-t-il.

«Les sociétés opérant dans ce secteur se doivent de respecter ce cahier de charges. Elles doivent arrêter toute collaboration avec des propriétaires de véhicules personnels», poursuit-il.

Le secrétaire général du Syndicat national des chauffeurs de taxis appelle donc les autorités locales, le ministère de l’Intérieur ainsi que la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a intervenir «pour mettre fin à cette anarchie, qui pourrait avoir un impact négatif sur la paix sociale».

Par Fatima El Karzabi et Khalil Essalak
Le 17/10/2022 à 09h34