Le poste-frontière de Bab Sebta continue de poser de sérieux problèmes aux autorités des deux rives. La mise en service du nouveau passage Tarajal II, réservé exclusivement aux milliers de porteurs de marchandises de contrebande qui y transitent chaque jour, n’a pas arrangé la situation. Les réseaux de contrebande qui s’activent dans la zone y sont pour beaucoup. C'est donc le chaos qui prévaut au niveau de ce passage, lors même qu'il était supposé rendre plus fluide la circulation des piétons et des automobilistes, constate le quotidien Akhbar Al Yaoum dans son édition du jeudi 30 mars.
Le nouveau passage récemment mis en service a été aménagé, souligne le journal, pour permettre le transit de 4.000 personnes. Or, le nombre de porteurs qui l’empruntent chaque jour dépasse très largement ce chiffre. Ainsi, au fur et à mesure que les autorités marocaines ferment, le long des frontières, les passages clandestins comme celui de Belyounech, le flux des porteurs se concentre sur le passage principal de Bab Sebta. Depuis 2008, les réseaux des contrebandiers ont, en effet, réussi à imposer un modus operandi dans cette zone. Les porteurs, qui empruntaient un passage nommé «le Tunnel», arrivaient à écouler leurs marchandises avec une marge confortable. Cependant, ce passage permettait aussi à la Douane de réguler le flux des marchandises, tout en procédant de temps en temps à d’importantes saisies. Avec le temps, la pression sur ce passage est devenue trop importante, ce qui a poussé les autorités marocaines et espagnoles à en ouvrir un nouveau, 100 mètres plus loin. Un nouveau passage vite devenu problématique à son tour, en raison à la fois de l’augmentation du nombre de porteurs et du durcissement des procédures de transit. Pour inciter les autorités à alléger le contrôle, les réseaux de contrebande ont accentué la pression, allant jusqu'à provoquer des bousculades pour détourner l'attention des douaniers.
Dépassées par cette tactique, les autorités ont rouvert «le Tunnel», après y avoir procédé à des aménagements. Mais il aura suffi de quelques semaines pour que les problèmes ressurgissent. Les porteurs sont devenus plus nombreux et le risque de bousculades plus fréquent. De plus, au lieu d’acheter et revendre des marchandises pour leur propre compte, comme ils le faisaient par le passé, ils se sont mis à travailler pour des réseaux de contrebandes leur assurant une rémunération bien plus importante. Ils empochent désormais entre 300 et 800 DH par ballot transporté.
Pour remédier à la situation, les autorités espagnoles ont décidé de distribuer aux porteurs des «cartes de passage» destinées à leur permettre de traverser les frontières plus facilement. Sur les 4.000 prévues, elles n'ont cependant pu en distribuer que 750, les réseaux de contrebandiers ayant décidé de boycotter l’opération. De son côté, la Douane marocaine a renforcé le contrôle sur ce passage.