Attentat de Barcelone: plusieurs zones d'ombre persistent

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Le Marocain Driss Oukabir, dont le portrait a fait le tour du monde, ne serait pas finalement le principal suspect dans l'attentat de Barcelone. De plus, le nombre de personnes à bord de la voiture-bélier ayant servi pour le deuxième attentat, à Cambrils, étonne. Les zones d'ombre sont nombreuses.

Le 18/08/2017 à 11h06

Au lendemain des attentats de Barcelone qui ont fait au moins 14 morts selon un nouveau bilan et une centaine de blessés, plusieurs zones d’ombre demeurent quant à l’identité du Marocain considéré comme l'un des principaux suspects.

Très peu de temps après la première attaque sur Les Ramblas, les autorités catalanes ont divulgué l’identité de la première personne arrêtée dans le cadre de cette affaire. Il s’agit de Driss Oukabir, un Marocain résidant de manière légale en Espagne et qui aurait loué les deux véhicules utilisés dans cette opération. Sa photo ainsi que les liens de ses comptes sociaux ont rapidement fait le tour du web et des médias. L'implication de cet homme ne semblait faire aucun doute. Pourtant, bien des questions se posent et pourraient remettre en cause cette certitude.

D'abord, il y a l'annonce faite par le média catalan La Vanguardia jeudi soir. Selon ce quotidien, Driss Oukabir n’a pas réellement été appréhendé par la police, mais il s’était rendu lui-même au commissariat de la ville de Ripoll, à une centaine de kilomètres de Barcelone. Il a rapidement nié tout lien avec l’attentat, expliquant à la police que ses pièces d’identité lui avaient été dérobées. Pour les besoins de l’enquête, la police a décidé de le mettre en garde à vue. Donc, l'homme que tout le monde présente comme le principal suspect n'a pas été arrêté, mais s'est dirigé de son propre chef dans un commissariat de police.

Une deuxième zone d’ombre perdure à l’heure où nous mettons en ligne. La police espagnole a annoncé l’arrestation de trois suspects, dont Driss Oukabir et un Espagnol originaire du préside de Mélilia. Cependant, contrairement au suspect marocain, l’identité des deux autres n’a pas été dévoilée pour des raisons inconnues.

Ce matin du vendredi 18 août, de nouvelles informations révélées par des médias catalans viennent semer un peu plus le doute sur le degré d’implication de Driss Oukabir. Selon eux, ce serait en fait son frère de 18 ans, prénommé Moussa, qui serait le principal suspect dans l’attentat de Barcelone. Il est soupçonné d’avoir volé les pièces d’identité de son frère afin de louer les deux fourgonnettes, dont l’une a foncé sur la foule. Sur sa page Facebook, qui a depuis été supprimée comme celle de son frère, Moussa tenait des propos bien plus graves que ceux que l’on reproche à son frère, allant jusqu’à évoquer le meurtre des «infidèles».

Les mêmes médias évoquent une confusion chez les enquêteurs lors de la diffusion de la photo de Driss Oukabir après avoir retrouvé son passeport dans la fourgonnette en question. Son séjour dans une maison d'arrêt a été largement médiatisé. Sauf qu’au moment où son identité a été dévoilée, peu se sont intéressés aux raisons de son incarcération par le passé. Il avait été poursuivi dans une affaire d'abus sexuel.

C’est dire qu’on est encore loin de connaître tous les ressorts à l'origine de cet attentat et que la vigilance reste de mise quant aux accusations portées sur les suspects.

L’autre zone d’ombre a trait au deuxième attentat qui a frappé la station balnéaire de Cambrils, située à 120 km au sud de Barcelone. «Cinq terroristes» se sont servis d’une Audi A3 comme d’une voiture bélier et ont renversé des personnes avant d’être abattus par la police. Bilan de leur action: six civils et un policier ont été blessés lorsque la voiture a foncé sur des piétons sur la promenade en bord de mer de cette station touristique.

L’élément inhabituel dans ce deuxième attentat est le nombre de personnes qui se trouvaient à bord de la voiture-bélier: cinq! Le plus curieux, c’est qu’aucune des cinq personnes n’était armée. Pourquoi se mettre dans une voiture à cinq pour foncer sur la foule? Les précédentes attaques à la voiture-bélier, que ce soit à Nice, Berlin, Stockholm ou même à Barcelone, témoignent d'un mode opératoire où le conducteur agit seul.

Les deux attentats qui ont frappé la Catalogne sont donc loin d'avoir livré tous leurs secrets.

Par Khalil Ibrahimi
Le 18/08/2017 à 11h06