Elaboré par l'Agence des Etats-Unis pour le développement international (Usaid), en étroite collaboration avec l'Institut Prometheus pour la démocratie et les droits humains au Maroc, le rapport «Indice de pérennisation des organisations de la société civile du Maroc» (Civil Society Organization Sustainability Index -CSOSI) pour l’année 2021 vient d’être publié.
Ce document, publié annuellement, permet d'évaluer par un indice principal, celui de la pérennisation des Organisations de la société civile (OSC) au Maroc, leur potentiel, leur viabilité ainsi que les contraintes liées à leur développement.
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Selon ce rapport, la pérennisation globale des organisations de la société civile au Maroc «n’a pratiquement pas changé» en 2021.
Si une «légère amélioration» est constatée au niveau des prestations de services, la société civile continue de faire face «à des problèmes multidimensionnels qui l’empêchent de jouer pleinement son rôle de levier de changement et de bonne gouvernance», indique le document.
Des services diversifiésLe Maroc compte environ 220.000 associations, dont la majorité opère dans le pays même. Par ailleurs, depuis juin 2020, 34.515 coopératives ont été enregistrées auprès du Bureau de la coopération au développement, indique ce rapport qui répertorie la durabilité des organisations de la société civile pour 2021, citant des données du gouvernement marocain.
Alors qu’environ 1,4 % de ces organisations opèrent dans le domaine des droits de l’Homme, selon ce rapport, la majorité d’entre elles s’activent dans les secteurs social, culturel et environnemental. Les services proposés ont poursuivi leur diversification au cours de ces années.
Le document précise qu'au cours de la décennie écoulée, cette gamme de services s’est étendue pour inclure divers domaines, dont la culture, l’art, la politique, le sport, la santé et l’éducation. En 2021, les actions phares des organisations de la société civile marocaines ont principalement porté sur trois domaines, à savoir la sensibilisation aux mesures de prévention au Covid-19, la généralisation de l’enseignement préscolaire et la protection de l’environnement.
Par ailleurs, la société civile marocaine commence à accorder davantage d’importance à l’évaluation de l’impact social de leurs actions. Le rapport émet d'ailleurs ce constat: les organisations de la société civile marocaines ont élaboré et distribué des questionnaires, et créé des rapports de suivi et des tableaux de bord, pour évaluer l’impact de leurs activités.
L’Etat, principal bailleur de fondsLe financement des organisations de la société civile reste peu diversifié au Maroc. Alors que l’Etat reste, pour la plupart, leur principal bailleur de fonds, la grande majorité d’entre elles déclarent ne pas avoir plus de deux sources de financement, indique ce document.
L’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), relevant du ministère de l’Intérieur, reste l’un des plus grands pourvoyeurs de fonds publics au Maroc, avec un budget de 18 milliards de dirhams directement alloué au soutien de la société civile, dans le contexte de sa troisième phase d’activité, entre 2019 et 2023, explique le rapport.
D’autres départements ministériels continuent à accorder d’«importantes subventions» aux fondations et associations d’œuvres sociales, ajoutent les auteurs de ce rapport, qui révèlent que le montant de ces aides s’est élevé à au moins 5,1 milliards de dirhams entre 2017 et 2020. Néanmoins, soulignent-ils, les données relatives au financement public des organisations de la société civile sont souvent «vagues et peu accessibles».
Le rapport explique aussi qu’en 2021, plus de 255 organisations de la société civile marocaines ont reçu un total de 310 millions de dirhams de financements externes, soit approximativement le même montant total qui a été distribué à 273 de ces organisations en 2020.
Un manque de bonne gouvernanceLa gouvernance et la gestion internes restent faibles dans la plupart des organisations de la société civile marocaines, dont beaucoup fonctionnent uniquement grâce à l’appui de leurs fondateurs et bénévoles, indique le rapport.
Cela s’explique en partie par un manque de vision stratégique claire, à laquelle pourraient adhérer ces associations. D’après ce rapport de l'Usaid répertoriant la durabilité des organisations de la société civile pour 2021, la majorité des organisations de la société civile marocaines ne sont pas spécialisées, ou n’ont pas suffisamment d’expertise dans leurs domaines de travail. Par ailleurs, plusieurs de ces organisations travaillent sur des questions locales et urgentes, qui ne sont pas planifiées à l’avance, ou donnent la priorité à des projets financés par les bailleurs de fonds, plutôt qu’à leurs propres plans stratégiques.
Sur un autre registre, le tissu associatif marocain reste majoritairement dominé par des structures de petite taille, qui manquent à la fois de compétences humaines et de moyens techniques et financiers.
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«Les organisations de la société civile marocaines ont souvent des bureaux inadéquats, un personnel moyennement qualifié et des capacités insuffisantes de communication», expliquent aussi les auteurs de ce rapport, qui révèlent que les organisations de la société civile au Maroc continuent à avoir du mal à acquérir et à maintenir des compétences techniques dans leurs domaines d’activité.
Selon le document, nombre d’entre elles ont fait état de difficultés à recruter et à fidéliser un personnel qualifié, ou ne disposent pas des ressources nécessaires à même de renforcer leurs capacités internes.