On en sait un peu plus sur les activités militaires des éléments armés du Polisario dans la zone tampon, à l’origine de la crise suscitée dernièrement par le front séparatiste galvanisé par Alger. Une équipe de journalistes du site «Vice Média», filiale de la compagnie américaine, «Vice Media LCC» (basée à New-York), a rediffusé, en contrepoint des derniers mouvements du Polisario au-delà du dispositif de défense marocain, un reportage sur les activités militaires du front séparatiste.
Ce reportage inédit montre une journaliste américaine accéder, via un trou camouflé en plein désert, à un tunnel, où elle a interviewé, dans un espace de cette galerie, aménagé en «salle de repos», des éléments de la troupe des séparatistes armés de fusils d’assaut.
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Des secrets sur le modus operandi suivi à l’intérieur des tunnels sont divulgués par ces éléments armés à la journaliste US, lui révélant que leur présence dans ces galeries obéit à un système de rotation leur permettant de se relayer chaque deux mois. Ils ont soutenu qu’ils peuvent passer jusqu’à deux ans dans cette galerie et «n’attendent plus que les ordres de leur commandement pour se lancer dans la libération de leur territoire».
«La paix ne mènera nulle part et seul le fusil permettra de recouvrer la liberté», ont-ils affirmé à la journaliste américaine.
Tunnels: modus operandi similaire à celui du HezbollahOn comprend ainsi mieux pourquoi le Maroc a rompu le 1er mai dernier ses relations diplomatiques avec la république islamique d’Iran, accusée de soutenir, entraîner et armer aussi le front Polisario, via son allié le mouvement Hezbollah libanais, avec la bénédiction d’Alger. Bien sûr, le Maroc connaissait depuis longtemps cette connexion Iran-Hezbollah-Polisario. Le rétablissement de l’axe Rabat-Téhéran en 2016 était en effet conditionné à l’arrêt de tout soutien au front séparatiste du Polisario. Un engagement encore une fois non tenu par Téhéran, qui a continué, via son ambassade à Alger, d’apporter son soutien au front polisario.
Pour s’en apercevoir, il n’est qu’à constater que la nouvelle stratégie de guerre du Polisario reposant sur les tunnels est calquée sur l’expérience du Hezbollah au Liban. Le général algérien à la retraite, El Haj Bouderas (ex-commandant du secteur opérationnel de Tindouf, abritant le QG du Polisario), avait d'ailleurs été très explicite sur ce point. Il a relevé dans un ouvrage publié en 2015, sous l’intitulé «L’expérience militaire du Polisario», la construction par les séparatistes d’un réseau de tunnels sous terrains en perspective de toute reprise des hostilités armées avec le Maroc.
Dans le même livre, le haut galonné algérien souligne que ce mode opératoire «a donné ses fruits lors de la guerre de 2006 contre Israël, dès lors qu’il a permis une sécurisation des hommes et du matériel de guerre, qui demeurent à l’abri des frappes ennemies».
Le même haut gradé algérien indique que des manoeuvres militaires de mise à l’épreuve de ce nouveau dispositif militaire ont été menées à travers la simulation de franchissement de la ligne de défense des Forces armées royales via des tunnels souterrains. La preuve, à qui veut bien voir, que le Polisario et son mentor algérien n'étaient pas sérieux quand ils appellaient à la reprise des négociations. Que des manoeuvres dilatoires destinées à endormir la vigilance quant à leurs réels desseins belliqueux.