Suite à des soupçons de détournements de fonds publics, le parquet a chargé la Brigade nationale de la police judiciaire d’enquêter sur les subventions gouvernementales accordées aux importateurs de moutons et de bovins, destinées à contrer l’inflation des viandes rouges. Cette décision intervient dans un contexte de polémique suscitée par de récentes déclarations de Nizar Baraka, secrétaire général de l’Istiqlal et ministre.
Selon Al Akhbar dans son édition du vendredi 28 mars, une enquête a été ouverte sur l’utilisation de plus de 13 milliards de dirhams de subventions gouvernementales destinées aux importateurs de moutons et de bovins. Le journal indique que les autorités compétentes ont analysé en profondeur les procédures d’importation et les bénéficiaires de ces aides. La Brigade nationale prévoit d’interroger les principaux importateurs ayant reçu des subventions et des exonérations fiscales, alors que les prix de la viande n’ont pas baissé, suscitant des soupçons de manipulation des fonds publics par certains bénéficiaires, parmi lesquels figureraient des parlementaires et des responsables politiques.
Al Akhbar rappelle, par ailleurs, que Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce, s’est également prononcé ces derniers jours sur ce sujet, révélant à son tour des faits troublants concernant des irrégularités dans l’utilisation des subventions publiques. Selon lui, les 18 spéculateurs qui contrôlent le marché de la viande rouge ont artificiellement gonflé et de manière inédite leurs marges bénéficiaires. D’après lui, le gouvernement avait mis en place plusieurs mesures pour tenter de réduire le prix de la viande rouge, notamment en ouvrant l’importation et en supprimant les droits de douane. Son objectif était d’augmenter l’offre disponible et de faire baisser les prix.
Sauf qu’il n’en a rien été. Ryad Mezzour reconnait lui-même que malgré ces efforts, les enquêtes ont révélé que les marges bénéficiaires des importateurs ont continué à varier entre 20 et 25 dirhams par kilogramme, alors qu’elles n’auraient pas dû dépasser 10 dirhams. Quant aux bouchers traditionnels, leurs marges se sont situées entre 8 et 10 dirhams par kilogramme. Comme l’ajoute Al Akhbar, les marges bénéficiaires globales ont atteint 40 dirhams par kilogramme, contre 20 à 25 dirhams auparavant, ce qui montre la persistance d’un contrôle excessif du marché par une poignée de spéculateurs.
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement tente de stopper l’inflation des prix par des mesures. L’année dernière, il avait alloué une aide de 500 dirhams par tête de mouton importé, dans le but d’offrir un cheptel à prix abordable durant l’Aïd Al-Adha. Or, là encore, la réalité a démontré que certains spéculateurs avaient dissimulé des moutons pour les revendre à des prix élevés après la fête.
D’après Ahmed Bouri, ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime, 480.000 têtes de bétail ont été importées l’an dernier avec une subvention publique de 240 millions de dirhams. Toutefois, dès l’annonce du soutien à l’importation des ovins destinés au sacrifice, 500 dirhams supplémentaires ont été ajoutés à la source, c’est-à-dire chez les producteurs. Mais ces aides n’ont finalement eu aucun impact sur les prix qui ont continué à s’envoler.
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